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Parenthèses de Michèle Roullet - Page 5

  • Pourquoi le PLR ville de Genève, n’a-t-il pas voté le budget 2021 ?  

    Samedi 12 décembre 2020, à minuit, le conseil municipal en Ville de Genève, à l’exception de l’UDC et du PLR, a voté le budget 2021. D’une enveloppe de 1,22 milliard de francs, ce budget présente un déficit de 49,3 millions, déficit maximum (à 13'205 francs près !) autorisé par la loi sur l’administration des communes (LAC) et relatif à la mise en œuvre de la réforme RFFA.

    Ce qui heurte le PLR, c’est qu’à l’exception de quelques nouvelles lignes de subvention, ce budget n’est qu’un coupé/collé de l’exercice de l’an passé. Or, avec la crise sanitaire, il aurait été indispensable que le conseil administratif fasse des arbitrages, envisage des réformes structurelles, fixe des priorités au lieu d’arroser de subventions les mêmes associations. Appliquer une politique transversale entre départements au lieu de travailler chacun en silo aurait aussi permis d’économiser quelques nouveaux postes (27 nouveaux postes ouverts…, c’est trop !).

    Pour le groupe PLR, si ce budget est inacceptable, ce n’est pas à cause de son déficit. Dans une situation exceptionnelle, il peut admettre qu’il y ait un déficit exceptionnel. Néanmoins, le groupe PLR déplore que le conseil administratif n’ait pas eu le courage de maintenir la décision annoncée lors de la présentation du budget en septembre, qui était de geler les mécanismes salariaux des fonctionnaires et du secteur de la petite enfance. Supprimer les annuités peut certes être injuste envers certains employés qui mériteraient au contraire une prime, car mis à rude épreuve avec le Covid. Mais voilà, le système fonctionnarisé, rigide, ne permet pas de donner des primes seulement à une catégorie de fonctionnaires ! Or, dans cette crise où des commerçants, des indépendants ont perdu jusqu’à 40 % de leurs revenus (voire plus !) et craignent des faillites, supprimer l’augmentation automatique du traitement des fonctionnaires pour 2021 aurait permis de réinjecter plus de 8 millions pour faire face aux difficultés et incertitudes liées à cette crise sanitaire, sociale et économique !

    Mais, se montrer prévoyant n’est pas dans l’ADN de la gauche genevoise, qui juge la qualité d’un gouvernement à l’aune de sa capacité à dépenser l’argent public ! Dès que les prévisions fiscales ont été plus optimistes, le conseil administratif s’est empressé d’annoncer qu’il ne gèlera pas les mécanismes salariaux du personnel de la Ville. Toutefois, il ne faut pas se leurrer, ces estimations fiscales, faites avant la 2ème vague du Covid, sont exagérées. Et, il ne faudra pas attendre longtemps pour que des demandes de crédits supplémentaires soient faites au Municipal, pour faire face aux imprévus et urgences, qui ne manqueront pas d’arriver en 2021.

    Le PLR se montre aussi très critique sur quelques nouvelles lignes budgétaires créées, qui n’améliorent pas vraiment la vie des genevois, mais reflètent l’enfermement idéologique d’une gauche qui “surfe” sur les sujets devenus obsessionnels : les problèmes de genre, de harcèlement, de sexisme, de racisme et de migration.

    Sur les quelques nouvelles lignes créées, 4 concernent des lignes budgétaires pour des associations LGBTQ+. Parmi les nouveaux postes créés, on trouve aussi des postes de médiateurs de nuit dont on ne sait pas encore quels vont être leurs rôles. La conseillère administrative en charge du social, Mme Kitsos, annonce que « c’est un projet pilote ». Toutefois, à quoi serviront ces médiateurs de nuit ? Seront-ils des relais pour la police municipale, des aides pour les assistant(e)s sociaux, des collaborateurs aux « travailleuses et travailleurs sociaux hors murs » ? Difficile d’en dire plus, puisque « le département est en train de travailler sur le profil exact de ces médiateurs ». Néanmoins, la somme de 320'000 francs est inscrite au budget 2021 pour engager ces médiateurs de nuit !

    Même légèreté avec la nouvelle ligne budgétaire de 50'000 francs pour « la lutte contre le racisme anti-noir-es ». Sur le site de la Ville de Genève, jusqu’à fin septembre/octobre, on trouvait un appel à projet pour cette mission. On a fixé donc une ligne budgétaire, sans savoir encore comment l’utiliser. Par ailleurs, n’est-il pas paradoxal de prétendre combattre le racisme anti-noir-es en séparant les noir(e)s des autres groupes.  La Ligue internationale contre la racisme et l’antisémitisme (LICRA) est habilitée à combattre toutes les formes de racisme. Son président, Manuel Tornare, l’avait rappelé dans un courrier adressé au Municipal. Faudra-t-il par la suite, dans cette même logique, créer une association pour les femmes noires puis une autre pour les noirs d’Orient, puis pour ceux d’Afrique ou d’Amérique, en invoquant que ce sont des racismes particuliers ?

    Ce saucissonnage, cette juxtaposition d’associations qui vise des buts identiques, cette légèreté envers la gestion de l’argent public, où on verse de l’argent avant de savoir ce qu’on va en faire, n’est pas raisonnable. Dans la période de crise sanitaire que nous vivons, et qui a déjà et aura encore davantage de graves répercussions économiques, le conseil administratif devrait être plus responsable et prévoyant au lieu de dépenser à tort et à travers et souvent à tort l’argent des contribuables !

    Par ailleurs, avec cette “bien-pensance” qui sévit dans ce plénum depuis que la gauche est devenue majoritaire, le conseil municipal n’a-t-il pas voté, lors du vote du budget, une diminution de la subvention à l’Orchestre de Suisse Romande (OSR) pour augmenter celle de l'Orchestre de chambre de Genève (OCG) sous prétexte que ce dernier respecte la parité homme-femme, et que, de toute façon, c’est indolore, vu que les deux sont dans le registre de la musique classique ! S’il fallait augmenter la subvention de l’OCG, la manière de le faire n’est pas recevable pour le PLR qui a aussi été scandalisé de constater que toute la gauche (EàG, Ve, S.) a voté une rallonge budgétaire pour « les travailleuses et travailleurs du sexe », compensée par une diminution de la subvention pour le Grand Théâtre!

    Autres petites manipulations fort peu appréciées par le PLR, c’est l’utilisation d’un fonds de 960’000 francs, destiné aux personnes âgées (fonds Zell), et qui a été redirigé vers l’urgence sociale sans respecter les conditions du legs d’Emma Louise Zell. Autre gestion problématique : l’allocation rentrée scolaire (allocation déjà problématique au niveau des répartitions des tâches entre le canton et les commune). Décider d’élargir cette allocation aux enfants qui n’ont pas de papiers en règle, donc aux familles sans statut légal, frise l’acte illicite… Or, comme les migrants ou sans-abris ne sont pas des domiciliés et résidents en Ville de Genève, Mme Kitsos, par un tour de passe-passe, décide de verser sous forme de subvention 190’00 francs au Centre de contact Suisse Immigrés (CCSI).

    Pour le PLR, s’il est facile de se montrer généreux avec l’argent public, la gestion des avoirs publics doit se faire dans le plus grand respect de nos lois. Or, décidemment, la scène qui se joue sur le théâtre politique genevois de la Ville est de piètre qualité ! C’est pourquoi le PLR a refusé ce budget 2021.

     

    Ce billet rédigé peu après le vote a été laissé, par mégarde, dans mon ordinateur au lieu d'être mis en ligne. Il n'est cependant jamais trop tard pour donner quelques échos des affaires publiques en Ville de Genève...  ET BONNE ANNEE A TOUS !

     

     

     

     

  • Ton martial pour les infectés du Covid

    Quelle ne fut pas la sidération de mon ami de recevoir hier un courriel, à en-tête officielle en bonne et due forme avec écusson de la République et canton de Genève, venant de la Direction générale de la santé du Département de la sécurité, de l’emploi et de la santé. signé par « la Médecin cantonale » (sic !). Ayant été détecté positif au test du Covid, mon ami pouvait s’attendre à une lettre courtoise et empathique avec le rappel de quelques principes sanitaires à respecter. Et bien non ! Cette missive au ton martial use d’une rhétorique juridique en quatre volets : « En fait », « En droit », « Décision prise par la Médecin cantonale » et les sanctions prévues par la loi en cas de non-respect de la décision prise par les autorités cantonales (« la présente décision est passible de sanction conformément à l’article 83 al. 1 let. h LEp »).

    Dans la première partie « En Fait » sont énoncées quelques considérations : « vu qu’il est établi que ce virus se propage d’humain à humain ; vu que cette transmission s’effectue principalement lors de contact étroit et prolongé […] ».

    Dans la partie « En droit » est déroulée une série d’articles de lois dont voici un extrait : « Considérant qu’en vertu de l’article 35 LEp, si la surveillance médicale (art. 34 LEp) pour éviter la propagation se révèle insuffisante, les personnes présumées malades ou présumées infectées peuvent être mises en quarantaine et les personnes malades, infectées ou qui excrètent des agents pathogènes peuvent être mises en isolement ».

    Ces considérants débouchent alors sans ambages sur une décision de placement en isolement dudit destinataire du courriel. L’isolement est décliné sous diverses formes. Il peut être à domicile si la situation ne s’y oppose pas ou effectué en milieu institutionnel. Et, pour bien montrer qu’on ne badine pas avec les autorités sanitaires de la République et canton de Genève, on précise que « si la mesure prononcée n’est pas suivie, elle peut être exécutée par voie de contrainte, notamment par un transfert dans un autre lieu approprié, si nécessaire avec l’appui de la police cantonale » et passible même de sanctions (conformément à l’article 83 al. 1 let. h LEp). Comme tout acte juridique, celui-ci est évidemment susceptible d’un recours « dans un délai de 30 jours suivant sa notification » comme le précise la circulaire.

    Outre ce ton juridique et autoritaire, il est pour le moins inadmissible que ce courriel soit envoyé presqu’un mois après la guérison de mon ami. Dès les premières fièvres, celui-ci s’était immédiatement mis en quarantaine et à l’apparition de symptômes propres au Covid, il s’était fait tester. Par prudence et responsabilité personnelle, il a même poursuivi son isolement pendant quinze jours, après la fin des symptômes et sa guérison.

    Comment donc envoyer un tel courriel si tardivement ? Certes, on peut supposer que le médecin cantonal n’ait fait qu’apposer sa signature sur une lettre type envoyée à toutes les personnes infectées par le Covid. Néanmoins sa signature implique sa responsabilité directe. Y a-t-il trop de personnes à l’administration au point que le système devienne défectueux et inefficace ? Même si cette pandémie met tous les services à rude épreuve, est-il acceptable qu’une décision, dans une telle situation sanitaire, vienne avec presqu’un mois de retard ? Ce dysfonctionnement de l’État, permettrait-il à ce virus de se propager encore plus rapidement à Genève ? Car, en un mois, reconnaissons qu’une personne contaminée aurait le temps de contaminer massivement d’autres.

    Enfin, ce style juridique qui prend l’habit du gendarme autoritaire et menaçant, qui brandit un gros bâton contrevient à l’ADN de notre culture helvétique, qui privilégie la responsabilité individuelle. La responsabilité citoyenne aurait-elle tant diminué à Genève que les autorités se croient autorisées à s’adresser à la population avec ce ton brutal, humiliant et cassant ? S’il est certes difficile de trouver un juste équilibre entre respect et restriction de la liberté de chacun, surtout dans cette grave crise sanitaire, il faudrait aussi que nos dirigeants ne s’autorisent pas des libertés extravagantes (envers la langue française !). Si le médecin cantonal veut féminiser le nom du métier qu’elle exerce, pourquoi n’emploie-t-elle pas le terme « doctoresse » qui existe ? On peut certes penser que mes agacements envers le langage inclusif qui pollue notre communication est anecdotique. Mais, je vois un lien entre cette circulaire irrespectueuse (aux effets contre-productifs) et le manque de respect pour la langue française. Dans les deux cas, il y a une attitude omnipotente qui s’exerce sans retenue !
     

     
     
     
     
     

  • Le T-shirt des idées toutes faites

    Depuis une quinzaine de jours, les médias se font l’écho de la polémique (ou l’alimentent ?) de ce que certains ont nommé les « T-shirts de la honte ». Pour rappel : dans un Cycle d’orientation genevois, les élèves qui arrivent à l’école avec des vêtements jugés indécents doivent enfiler un T-shirt XXL sur lequel il y a le nom du Cycle, un logo emprunté au « like » de Facebook et l’inscription: « J’ai une tenue adéquate ».

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    Cette sanction, décidée en 2014, émane des élèves, des parents et des enseignants.
    Le concept de décence (ou de tenue adéquate) est, il est vrai, difficile à saisir, surtout pour ceux qui considèrent que c’est un concept éculé, qui n’a plus lieu d’exister au XXIe siècle, et qu’apprendre à nos jeunes un peu de retenue est synonyme d’une ringardise qui frise l’obscurantisme.
    Toutefois, est-il acceptable que chacun à l’école s’habille comme il l’entend ? A suivre la sociologue (professeur à l’Université de Lausanne en études genre avec laquelle je débattais à Forum le 26 septembre), ces T-shirts seraient une sanction d’une violence inouïe, infligée le plus souvent aux jeunes filles pour la taille d’un débardeur ou la largeur d’une bretelle ! De la part d’une universitaire, on pourrait s’attendre à des propos plus prudents. Ces jeunes filles, ont-elles subi une sévérité excessive de la part de la direction de l’école ? N’ont-elles qu’arboré des tops avec de fines bretelles ou délibérément transgressé les règles scolaires avec provocation, comme aiment tant le faire les adolescents ?
    En tout cas, pour la sociologue, aucune hésitation ! La sanction du T-shirt (qui évite le renvoi à la maison pour se changer !) est sexiste et aurait pour but d’exercer un contrôle sur les filles, de leur inculquer l’obsession de la respectabilité afin qu’elles aient honte de leur corps. Et, ce n’est pas tout ! Ce contrôle permettrait de susciter la peur chez les filles, de les mettre en garde contre tout message sexualisant qui pourrait déconcentrer (voire exciter) les garçons. Bref, l’école serait coupable de véhiculer un discours qui est celui de la culture du viol où les filles et femmes seraient toujours responsables de ce qui leur arrive, même lorsqu’elles se font agressées.
    Seulement voilà, cette grille de lecture sociologique, n’est-elle pas déplacée dans ce cadre scolaire ? Ces normes vestimentaires, ne s’appliquent-elles pas aussi aux garçons ? En effet, il n’est nullement autorisé pour les garçons de venir à l’école torse nu, vêtu d’un marcel, d’un training, en pyjama, avec des logos qui véhiculent des messages haineux ou encore avec une casquette vissée sur la tête… Prétendre donc que ces règles sont sexistes est un manque de discernement. Ce n’est pas parce que des normes sont davantage transgressées, ici, par des jeunes filles, qu’elles seraient sexistes. En suivant ce raisonnement, devrait-on considérer que notre code pénal est sexiste, puisqu’il y a davantage de délits commis par les hommes ? Faudrait-il instaurer des quotas dans les prisons entre hommes et femmes ?
    Suite au débat de Forum, j’ai reçu un témoignage qui montre bien que ces règles vestimentaires n’ont pas pour but d’humilier les filles :
    « Dans le Cycle d’orientation que j’ai dirigé pendant 19 ans, nous avions aussi des T-shirts du même genre que nous avons utilisés en premier lieu pour neutraliser des garçons qui portaient des logos à caractère militaire (dont celui des combattants de l’UCK), ce qui générait des conflits interethniques. Certains maillots de foot posaient également parfois problème, notamment pendant les coupes du monde, lorsqu’ils exacerbaient les sentiments nationalistes ».
    D’ailleurs, comment suivre la logique argumentative de cette sociologue qui admet qu’il y a des habits indécents à l’école, puisqu’elle me répond :
    « Si on interdit les pyjamas, c’est qu’effectivement, on veut envoyer le message que quand on va à l’école, on n’y va pas en pyjama. Donc, il y a des normes logiques ».
    C’est bien la première fois que j’apprends que des normes peuvent être “logiques”, alors que, par définition, elles sont définies par la société (dans le meilleur des cas) ou imposées par des groupes dominants. Mais, poursuivons avec notre pyjama et permettons-nous une interprétation aussi hasardeuse que celle de cette sociologue avec ces T-shirts. Ne pourrait-on pas affirmer que l’école interdit le pyjama, parce qu’elle ne veut pas faire l’éloge de la paresse, mais bien plutôt orienter les élèves sur le chemin de la production en vantant les mérites de l’effort au travail… Bref, je délire, mais je parodie un certain féminisme en folie, qui avec la « culture de l’annulation » (cancel culture) ou « culture de la dénonciation » nous déverse ses discours vindicatifs, extrémistes et agressifs.
    Pour conclure, dans une démarche éducative où les jeunes sont en formation et en recherche de repères, il est essentiel que ceux-ci apprennent qu’on ne s’habille ni ne s’exprime n’importe comment. On ne parle, en effet pas de la même manière à ses potes, son professeur, sa mère ou son patron. De même, on ne s’habille pas de la même manière pour aller à la plage, au travail, en voyage ou chez soi. C’est la base de l’éducation et de la convivialité. En revanche, ces problèmes d’indiscipline scolaires, doivent-ils vraiment faire la une de l’actualité ? Ne peuvent-ils pas être traités dans l’institution scolaire en concertation avec les partenaires concernés ? En tout cas, ce battage médiatique en dit long sur notre société nombriliste !
    Enfin, cessons de faire croire aux jeunes filles qu’elles sont des sempiternelles victimes. Comment, avec de tels discours, peuvent-elles avoir l’envie et des ambitions pour se projeter dans l’avenir ? Car, n’oublions pas : il n’y a pas plus sexiste que cette victimisation constante des filles !