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Parenthèses de Michèle Roullet - Page 4

  • Principe de collégialité, faut-il se résigner aux manquements d’Alfonso Gomez ?

    De plus en plus fréquemment, le principe de collégialité est violé par ceux-là même qui devraient se montrer exemplaires dans le respect de notre système démocratique. Ce principe, à la base de l’exécutif suisse, est pourtant inscrit dans notre constitution (Art. 177). Or, ce qui vaut pour la Confédération vaut aussi pour les cantons et les communes. Pourtant, ce principe de collégialité, qui permet d’empêcher la concentration du pouvoir entre quelques personnes (ou groupes d’influences ou institutions), de prévenir les abus et de garantir la séparation des pouvoirs, est souvent violé. Élu au conseil administratif en mars 2020, Alfonso Gomez, ne se permet-il pas, par exemple, de s’asseoir sur ce principe de collégialité et ce, à plusieurs reprises (Cf. ses positions pour le projet « Clé-de-Rive ») ?

    Annonçant dans la presse (Le Courrier du 3 mai 21) et sur son mur Facebook qu’« il s’exprime à titre personnel », M. Gomez s’autorise, une fois encore, à émettre des opinions qui vont à l’encontre de la prise de position du conseil administratif en Ville de Genève. Rappelons que le conseil administratif a voté, in corpore, son soutien au projet de la Cité de la musique.

    Non seulement cette trahison menace l’autorité collégiale du conseil administratif, mais crée des difficultés supplémentaires pour ses membres à parvenir dans l’avenir à travailler ensemble pour trouver une entente, défendre et assumer leurs décisions. Que des échanges aient lieu au sein du conseil, c’est indispensable. Mais, une fois une décision prise, la collégialité impose que l'ensemble des membres du collège assume pleinement la décision. Or, M. Gomez semble oublier qu’être dans un pouvoir exécutif implique des devoirs.

    Ceci est d’autant plus cocasse qu’on se souvient quUeli Leuenberger du parti écologique s’était indigné (en 2006) de la violation de Monsieur Blocher de ce principe de collégialité sur la révision de la norme anti-racisme (Art 261 bis CP), et qu’il avait rappelé « qu'il appartient au Conseil fédéral de réaffirmer clairement et rapidement son attachement aux principes qui régissent notre État de droit et nos institutions. »

    Tout aussi graves sont les arguments mensongers que M. Gomez avance sur la Cité de la musique qui s’opposerait à la biodiversité ! D’une part, il faut rappeler combien les questions environnementales ont guidé la Fondation de la Cité de la musique pour ses choix : pompe à chaleur, panneaux photovoltaïques, récupération des eaux pluviales… Pro Natura a été consultée pour préserver au mieux les arbres les plus majestueux (au point de diminuer le projet architectural initial), la flore et faune préexistantes. La Fondation de la Cité de la musique s’est aussi engagée à planter deux arbres pour chaque arbre abattu. D’autre part, on peine à comprendre pourquoi un parc public, autour de la Cité de la musique, ne pourrait pas contribuer à favoriser la biodiversité. La Plage des Eaux-Vives devrait nous permettre d’admettre que des constructions humaines peuvent favoriser la faune et la biodiversité. La zone nature avec la roselière aux abords de la plage des Eaux-Vives, refuge pour de nombreuses plantes et animaux, en est un magnifique exemple !

    Ensuite, il faut dire et redire que si la Cité de la musique est refusée dans les urnes le 13 juin, le terrain, comme l’a rappelé le Conseil d’État dans son communiqué de presse du 5 mai, resterait propriété du l’ONU qui pourrait construire un immeuble. Il n’y aurait alors ni salles de concert, ni campus pour les étudiants de la Haute École de Musique, ni résidence pour l’OSR, ni restaurants, ni parc pour les genevois !

    Enfin, concluons en avançant que les positions prises par M. Gomez ne doivent pas seulement irriter ses collègues du conseil administratif, mais horrifier ses anciens collègues du Conservatoire populaire dont il fut directeur adjoint de 2010 à 2020 (avant d’être élu au conseil administratif en Ville de Genève), puisque cette institution soutient, évidemment, la Cité de la musique, qui fera rayonner Genève.

    Il est urgent qu’Alfonso Gomez comprenne qu’en tant que conseiller administratif, il est au service de la Ville, qu’il représente tous les genevois, et qu’il ne peut plus se comporter en militant écolo du parti des Vert-e-s…

     

     

     

     

  • Voix des ♀︎ et moi et moi et moi…

    Nous célébrons aujourd’hui les 50 ans du droit de vote pour les femmes qui m’amènent à une introspection. J’avoue que je ne me souviens pas vraiment de cette date du 7 février 1971, car je n’avais pas encore l’âge de voter. Je n’ai donc jamais vécu cette frustration de voir les portes du local de vote fermées, parce que je n’aurais pas eu le bon sexe.

    Pour mettre cartes sur table, je précise que j’ai participé à la grève des femmes du 14 juin 2019, jugeant que la lutte pour les droits des femmes doit être poursuivie. Il est en effet inadmissible, alors que l’égalité des sexes est inscrite dans la Constitution fédérale depuis 1981, qu’en 2019, les femmes ont gagné 19,6% de moins que les hommes pour le même travail. Quant aux parcours professionnels des femmes, alors même qu’elles sont aujourd’hui aussi diplômées que les hommes, ils restent le parcours de la combattante ! Dans les conseils d’administration, les femmes occupent seulement 20 % des postes. Dans le milieu académique, rares sont les femmes professeures ordinaires. Et la loi à l’Université de Genève de 1990, qui inscrit le principe de la promotion des droits et des chances entre femmes et hommes par des mesures positives en faveur du sexe sous-représenté, n’y a pas changé grand-chose ! Cette loi sert même de loi alibi ! En tout cas, pour 2017, 73,3% des professeurs sont des hommes, alors que 57.1% du personnel administratif et technique est composé de femmes ! Toutefois, il faudrait encore affiner ces données, car derrière l’appellation « professeur » peut se cacher le professeur-associé, le professeur assistant, qui peut laisser présager que le pourcentage de femmes occupant une chaire de « professeure ordinaire » est encore plus faible. Quant aux emplois les moins rémunérés, ils sont toujours occupés majoritairement par les femmes.

    Voilà les raisons pour lesquelles il faut continuer à se battre pour plus d’égalité entre hommes et femmes. Ceci dit, est-ce une affaire générationnelle, je ne me reconnais pas dans un féminisme qui se répand aujourd’hui. A cet égard, ce n’est pas la forme de violence qui me gêne. Après tout, il n’y a pas de libération sans révolte, résistance et colère. Les mouvements féministes, issus des mouvements estudiantins de 1968, avec leur logo MLF ♀︎, ont également mené des contestations et actions violentes. Non, ce qui m’est étranger, c’est cette manière obsédante de réduire la femme en éternelle victime et d’accuser l’homme d’être maléfique, violeur ou encore « toxique » comme je l’ai entendu sur les ondes radiophoniques aujourd’hui ! Cet état victimaire ne tient pas compte de la complexité de l’âme humaine et, qui plus est, enferme les femmes dans un statut de victime.

    Pour ma part, je ne me suis jamais sentie victime. Peut-être parce que je suis tellement aliénée que j’ai été (et suis) incapable de reconnaître les mauvais traitements et agressions psychologiques subis qui m’auraient formatée en une victime qui s’ignore !

    Enfant, j’ai été élevée avec deux frères sans discrimination. Notre tour de corvée pour essuyer la vaisselle était mathématiquement égalitaire. Bien que cadette, mes frères savaient que, s’ils s’avisaient de m’embêter, je me défendrais avec pieds et poings si nécessaires. Or, dotée d’une belle énergie, ils n’auraient pas osé me molester ! Mon enfance avait un goût de liberté que beaucoup de jeunes ne peuvent plus soupçonner aujourd’hui. En dehors des repas et de l’école, j’étais souvent dehors à jouer avec les enfants du quartier, à courir, à grimper aux arbres, à jouer au ballon prisonnier, à cache-cache, à aller à la piscine ou en expédition dans la Vieille Ville à la recherche de trésors… J’étais si habituée à cette liberté qu’il m’était difficile d’obéir… Ce caractère m’a valu évidemment de nombreux renvois (écoles, catéchisme, cours au Cycle d’orientation pour un trimestre). A l’adolescence, mes parents se sont inquiétés de cette indépendance. Pour “protéger” la jeune fille que je devenais, ils ont voulu m’imposer un cadre plus coercitif. Changement de régime que j’ai si mal supporté que j’ai quitté la maison alors que j’étais encore collégienne et me suis assumée. Il est vrai que la période était facile, que les petits boulots ne manquaient pas, et  que le studio que j’avais trouvé (avec toilettes sur l’étage !) coûtait 190 francs/mois.

    Dois-je penser que cette confiance que j’avais en moi était une qualité exceptionnelle ? Pas vraiment ! J’ai l’impression que les rapports durant mon adolescence entre garçons et filles étaient moins machos ou agressifs ! Enfin, cela reste subjectif… Toutefois, il est vrai que j’avais autour de moi des figures féminines fortes. Ma grand-mère paternelle, née en 1895, veuve assez jeune, était avocate (une des premières de Suisse) et tenait son Étude avec sa fille (ma tante, née en 1920) également avocate et inscrite pendant 50 ans au Barreau genevois. C’était deux personnalités ! Et certains qui ont encore connu ma tante pourraient confirmer !

    Si je fais ce témoignage, ce n’est pas pour m’épancher dans des confidences, mais pour dire que toutes les femmes ne sont pas des victimes. Bon, je peux admettre que les femmes de la génération des Trente Glorieuses l’ont peut-être moins été que les jeunes femmes d’aujourd’hui qui ont des conditions sociétales et économiques plus difficiles.

    Néanmoins, le nouveau féminisme qui se répand aujourd’hui, qui veut déconstruire, car le féminisme traditionnel est raciste, et qu’il faut distinguer le « féminisme blanc » du « féminisme racisé », brade nos libertés, ruine la raison et enferme chacun (et chacune) dans les spécificités qui lui seraient imposées par la Nature (sa couleur de peau, son sexe fut-il fluctuant, son âge…).

    Nulle surprise que cette vision essentialiste idolâtre les menstruations, le clitoris, la vulve (au point que des jeunes filles font de plus de plus de chirurgie intime pour rendre leur vulve “normale” ou plus esthétique !). C’est cette même vision qui veut imposer un langage “propre” (épicène) alors que le langage et le genre des articles en français n’ont rien à voir avec le sexe.

    Avec cette vision essentialiste, aucune échappatoire !  Chacun est ramené à sa condition biologique et ethnique. Au point que l’homme blanc est maintenant accusé d’être « toxique » (oubliant que cet être toxique a été souvent élevé par une femme !).  

    On se trouve dans la même aporie avec les mouvements de l’antiracisme qui se développent et qui veulent faire du blanc (surtout le quinqua blanc) un être mauvais et nuisible qu’on doit exclure pour se réunir seulement entre noirs ou pour les femmes seulement entre femmes ! Ce militantisme, qui postule qu’il faut déconstruire la binéarité des sexes dans laquelle se réfugieraient de vieux schémas bourgeois et un patriarcat oppressif, nous impose pourtant des schémas binaires dangereux qui n’est finalement qu’un racisme inversé ou le miroir d’une société patriarcale qu’on singe.

    Loin d’émanciper qui que ce soit, « ce vrai travail de déconstruction des stéréotypes sexistes » qui doit se faire pour qu’il n’y ait plus rien de construit, plus aucun jugement, plus aucune hiérarchie, plus de frontières entre le masculin et le féminin afin de faire advenir la vraie égalité, est un totalitarisme. Comme toute idéologie totalitaire, ce nouveau féminisme veut nous imposer une novlangue et des normes puritaines, moralisatrice et liberticides au point d’ériger des lois pour interdire aux hommes d’uriner debout ! Mais, cette obsession que génère l’amour du même pour le même est dangereuse. René Girard dans la Violence et le sacré en a montré les dérives violentes et mortifères qu’elle produit. 

    Ne nous laissons donc pas intimider !

     

  • Soutien aux entreprises, terni par un militantisme écolo ! 

    Mercredi, le conseil municipal a voté un crédit de 20 millions de francs, destiné à soutenir financièrement les entreprises sises en Ville de Genève et gravement touchées par les conséquences économiques de la crise du Covid. 
    Rapporteur du projet de délibération (PRD-284) qui demande cette ouverture de crédit, j’ai évoqué, en séance plénière, combien l’étude de cet objet par la commission des finances avait été un moment de grâce, si rare en politique, qu’il était pertinent de le relever. Conscients en effet que de nombreux entrepreneurs et commerçants arrivent au bout de leurs économies et de leurs emprunts, les membres de la commission des finances voulaient que ce crédit de 20 millions puisse être voté le plus rapidement possible. Pour cela, il fallait avoir la sagesse d’éviter les affrontements politiques stériles, qui n’auraient pour effet que de différer ce projet et, par-là, sa mise en application. 
    Tous les partis politiques ont réussi à mettre de côté leurs divergences ou à faire quelques concessions. Car, ce qui comptait, c’est que les gens puissent toucher de l’argent à fonds perdus sans délai afin d’éviter les faillites à la chaîne et toutes les répercussions qui s’en suivraient en termes économiques (augmentation du chômage, de l’aide sociale, diminution des recettes fiscales) et de santé publique (dépression, anxiété, perte de confiance…).
    Suite aux auditions du Département du développement économique du canton (DDE), de la Fédération des entreprises romandes (FER), de la Nouvelle organisation des entrepreneurs (NODE) et de la Fondation communale pour le développement des emplois et du tissu économique en Ville de Genève (Fondetec), les points qui s’étaient dégagés pour déterminer les critères pour l’octroi de ces aides étaient : 
    - fixer le moins possible de critères de manière à ne pas figer ce système ;
    - coordonner ces aides avec les aides cantonales afin d’éviter des inégalités de traitement, notamment par le biais du cumul de prestations ;
    - éviter tout effet de seuil si la notion de chiffre d’affaire était retenue. On se souvient que la Confédération, en retenant comme critère la nécessité de perdre 60% du chiffre d’affaire, a créé un seuil arbitraire avec un effet brutal. Une entreprise qui était à 59% de perte de chiffre d’affaire n’avait droit à aucune aide alors qu’elle aurait peut-être tout autant mérité d’être sauvée que celles qui avaient des pertes à 60% ou plus. 
    Ces conseils n’ont malheureusement pas tous été suivis. Les commissaires PLR de la commission des finances ont été impuissants à éliminer le critère de respecter la loi sur l’égalité (loi fédérale donc inutile d’introduire ici) et celui du seuil de 30% d’une baisse du chiffre d’affaires en 2020 liée à la pandémie. Néanmoins, le travail effectué en commission des finances aboutissait à des propositions équilibrées. Si bien que le PLR ne comptait nullement déposer de nouveaux amendements en séance plénière lors du vote de ce PRD. Quelle ne fut pas sa stupéfaction de découvrir à la dernière session du municipal que le magistrat des finances, M. Gomez, déposait une succession d’amendements pour introduire des critères, dont certains avaient été votés et refusés en commission des finances parmi lesquels :
    -  « Les institutions financières et de trading doivent s’être engagées dans une charte d’investissements responsables » ; 
    -  « Promouvoir une ou des mesures visant la baisse de l’empreinte carbone de son entreprise ».
    Que vient faire ce militantisme écolo dans ce projet qui vise à octroyer 20 millions de francs pour soutenir les entreprises frappées par la crise sanitaire ? A une socialiste à qui je répétais que l’empreinte carbone était, ici, hors propos, inutilement discriminatoire, et que je m’indignais que son parti change de position sur ce critère et l’approuve soudainement en plénière, celle-ci me répondit : « mais non, ce n’est pas discriminatoire, il suffira qu’un entrepreneur dise qu’il a un jour encouragé ses employés à venir travailler à vélo » ! Donc, traduisons : ce critère imprécis permet toutes les interprétations et abus. Avoir changé la machine à café de l’entreprise pour un modèle moins gourmand en énergie peut suffire à répondre à ce critère ! 
    Que les entrepreneurs qui ont absolument besoin d’aides ne s’inquiètent pas de cette condition sur l’empreinte carbone ! Ce sont des paroles creuses, des slogans politiques que les Verts ne peuvent s’empêcher d’introduire dans tous les débats et de mettre à toutes les sauces… (trop vertes à mon goût !).