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Actualités

  • Les nouveaux inquisiteurs de la publicité

    Notre société est de plus en plus corsetée par des censeurs qui veulent nous rééduquer, nous dicter que manger, penser, voir... pour lutter contre le réchauffement climatique, la surconsommation, l’obsolescence programmée, le patriarcat, le capitalisme, le sexisme, la discrimination des minorités, le racisme... L’initiative « Genève zéro pub, libérons nos rues de la publicité commerciale » est un bon exemple de cette dictature de bien-pensants. Mais, il faut savoir que la publicité sera toujours présente à Genève sur les bus, les véhicules, les vitrines... et qu’il n’y aura aucune libération de nos rues, puisque l’’affichage commercial (qui rapporte à la Ville 10 millions par an !) ne concerne que 20% des panneaux qui ne seront nullement ôtés du domaine public, mais mis à disposition pour l’expression « libre et citoyenne » (qui, pour la gauche, ne serait pas une pollution visuelle !). Certaines catégories d’affichage commercial seront toujours autorisées, notamment celles « à portée éducative ». Mais, qui définira ce qui est à portée éducative ? Une auto-école pourra faire de la publicité contrairement aux TPG qui ne pourront plus promouvoir les transports publics genevois. Netflix aussi sera toléré, mais pas le maraîcher local qui ne pourra plus vanter ses cardons ou autres produits de notre terroir.

    Un règlement arbitraire

    Si cette initiative était acceptée, on peut s’attendre à d’incessants recours en justice pour inégalité de traitement et concurrence déloyale, car la distinction entre publicité mercantile et culturelle n’est pas nette. La publicité pour un objet design à vendre à dimension artistique ou pour des manifestations culturelles ou événementielles qui ont une visée commerciale (comme les manifestations à Palexpo, le Marché de Noël, l’Escalade...) sera-t-elle autorisée ? Par quel tour de passe-passe pourra-t-on catégoriser ce qui est affichable ? Est-ce aux autorités à décider ce que je peux ou ne peux pas voir ? Faudra-t-il créer des comités de la censure publicitaire, qui devront évaluer le bien et le mal ?

    La publicité́ fait partie du commerce

    L’affichage est un moyen de se faire connaître et de promouvoir un bien, un produit, un service. Le contester en affirmant que le bouche-à-oreille suffit dénote une méconnaissance du monde commercial et économique. D’ailleurs, les mêmes qui veulent censurer l’affichage publicitaire sont ceux qui ne renonceraient en aucun cas à avoir leur portrait sur les panneaux d’affichage des campagnes politiques... Où est la cohérence ? Supprimer l’affichage commercial, c’est limiter la liberté économique et mettre en danger notre tissu économique. A Genève, 74% des entreprises qui font de l’affichage commercial sont locales. Or, si la pub est interdite, celle-ci se déplacera vers les plateformes digitales (GAFAM, Twitter, TikTok, Instagram, Pinterest...) nombreuses, onéreuses, compliquées à exploiter avec un impact dilué, et surtout, qui favorisent les grandes firmes internationales, puisque le principe de cette publicité est basé sur une sorte d’enchères : plus on paie, plus on est visible. Enfin, rappelons que ces géants du Web ne paient pas d’impôts à Genève, ne donnent aucun emploi et sont, d’un point de vue écologique, catastrophique pour l’environnement et la planète ! Ironie donc ! En voulant censurer la publicité, la gauche genevoise favorise une économie mondialisée qui menace nos petits commerçants et artisans et 130 emplois. Pour une économie dynamique, plus verte et de proximité, il faut voter NON à zéro pub !

     

    Michèle Roullet

    Conseillère municipale PLR en Ville de Genève et coprésidente du comité référendaire « NON à Zéro Pub »

    Cet article a été publié dans le journal Le Temps, à Genève, le 3 mars 2023

  • « Discrimination positive... », vous avez dit discrimination !

    Hier, dans le “grand débat” de Forum sur la RTS, j’ai été invitée à débattre de la « discrimination positive ». Ce thème est venu à la suite de la décision de la présidence du parti socialiste suisse d’exclure les hommes de la course au Conseil fédéral, pour ne l’ouvrir qu’à des candidates féminines. Englués dans une idéologie sociétale, les socialistes, au nom d’un concept flou de diversité, enferment chaque être dans des catégories selon des critères de genre, de couleur de peau, d’âge, d’orientation sexuelle...

    Aussi, pour remplacer le siège de Simonetta Sommaruga, ce ne sont ni la compétence ni l’expérience que priorisent les socialistes, mais le sexe ! Une telle ségrégation est non seulement irrespectueuse envers les femmes, mais également envers les hommes. Par ailleurs, cette restriction ne respecte pas le jeu politique, car la règle veut que, puisque c’est l’Assemblée fédérale qui élit les conseillers fédéraux, que le parti qui propose des candidats présente un ticket varié. Cette ségrégation présuppose aussi que femmes et hommes ne sont pas égaux en politique ou qu’ils ne font pas de la politique de la même manière. Cette vision n’est-elle pas un retour à l’anthropologie du XIXe siècle dans laquelle chaque être était censé devenir ce que la nature avait prévu pour lui ? Car enfin, quand on fait de la politique, on adhère à un parti pour son programme politique qu’on va défendre bec et ongles en argumentant, en faisant usage de la raison. Or, la raison n'est ni l’apanage des hommes ni des femmes. Elle est universelle! 

    Enfin, il ne faut pas être dupe. La gauche use sans arrêt d’expressions pour endormir l’esprit critique. Comme l’a fait une ludothèque à Genève qui parlait de «mixité choisie » pour exclure la participation des hommes ! Actuellement, l’expression « discrimination positive » circule abondamment, faisant croire qu’il existe une bonne et saine discrimination. Mais, la discrimination positive, ça n’existe pas ! Une discrimination reste une discrimination et il faut lutter contre toutes les formes de discrimination, qui sont toujours des incubateurs de haine et de clivage au sein d’une société. Par ailleurs, faut-il rappeler que dans notre Constitution fédérale à l’article 8 « Égalité », l’alinéa 2 précise que « nul ne doit subir de discrimination ».

    Pour ceux qui écouteront le débat sur Forum (cliquez ici), ils découvriront une rhétorique renversante de celle qui défend cette discrimination en arguant combien les femmes ont plus d’obstacles, qu’elles s’occupent des enfants, etc. pour poursuivre en déplorant qu’on évoque les enfants en parlant des politiciennes et jamais pour les politiciens ! Pour ma part, être parent, marié, divorcé, pacsé ou ce qu’on veut, relève de la sphère privée et n’a rien à faire en politique.

    Jusqu’où ira cette obsession à cataloguer la population et bien entendu les politiciens aussi avec des critères de plus en plus ciblés ? Des socialistes, n’ont-ils pas revendiqué une candidate femme, mais plus encore une mère de jeunes enfants ? Pour eux, une femme avec de belles compétences et une riche expérience, mais mère d’adolescents, ne ferait donc pas l’affaire. Croire qu’être mère, c’est partager une expérience commune avec toutes les mères est d’une méconnaissance de la vie affligeante. Une mère qui dispose d’employés de maison, de nurses, d’un partenaire, d’un mari, d’un large réseau familial... ne vivra pas la même expérience qu’une mère dépressive, migrante, abandonnée et sans moyen financier.

    Mais, que ne ferait pas la gauche pour défendre la diversité au nom du « vivre ensemble »?  Au municipal de la Ville de Genève, n’a-t-elle pas déposé la motion « Promotion de la diversité au sein de l’administration municipale et de la non-discrimination à l’embauche » (M-1600) qui demande que, lors d’ouvertures de postes, la Ville précise qu’elle encourage « les personnes racisées, les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans, intersexuées et non binaires, les femmes , les séniors et les personnes en situation de handicap ou ayant des limitations à postuler ». En Ville de Genève, la discrimination positive monte donc d’un cran... Mais, cela demande pour le candidat (ou la candidate!) de se mettre à nu et de décliner son orientation sexuelle... Orwell n’aurait pas songer à cela !

     

  • Censurer Molière !

    Sur les infos du 13 octobre (vu ce soir en “replay”), la RTS propose « Le Grand format » consacré à un débat qui anime le monde du théâtre ou plus précisément la nouvelle génération des comédiens (certains en formation). Ces derniers seraient nombreux à ne plus vouloir jouer certains rôles, car des répliques seraient racistes et sexistes. Pour ces comédiens, il y a des textes qui véhiculent des propos qui ne sont plus acceptables d’où la nécessité de réinventer les identités que l’on veut représenter au théâtre !


    Les grands auteurs classiques seraient particulièrement dans la ligne de mire de ces apprentis censeurs. Pour combattre les identités figées avec la question de genre qui serait non seulement occultée, mais alimentée par des schémas stéréotypés, ces jeunes se demandent s’il faut encore jouer ce répertoire.
    Veulent-ils d’ailleurs écarter seulement le répertoire classique ou traquer toutes les répliques, y compris dans le théâtre contemporain, où il y aurait de l’amoralité, du sexisme, du patriarcat,  du racisme, trop de légèreté écologique, trop de capitalisme, trop de rapport de pouvoir au lieu de bienveillance avec un fonctionnement horizontal... En tout cas, je crains que la radicalité d’un Antoine Artaud ne trouve grâce devant ces Trissotins, qui ont la prétention de changer le monde.


    Si beaucoup de jeunes versent actuellement dans cette moralisation rampante qui affecte l’écriture, l’espace public, la langue écrite, la langue orale, on aurait pu rêver que le monde du théâtre échappe à cette “talibanisation” de la pensée. En effet, la grande force du théâtre, c’est précisément de sortir de tout jugement et de jouer des rôles qui cassent les codes et préjugés. Ainsi, une “pute” peut être le personnage le plus digne de respect, de générosité et d’une humanité bouleversante, alors qu’une reine, une bourgeoise, une femme bien sous tous rapports s’avérera cruelle, infréquentable, hypocrite. On joue donc d’inversion sur scène. Surtout, on brouille les repères. On casse la pensée binaire pour introduire le trouble de la vie avec ses énigmes. Aussi, pour qu’un comédien puisse habiter son personnage, fût-il criminel, il doit l’aimer et ne pas le juger. En effet, la grande richesse du théâtre, c’est qu’il n’exclut pas !


    Or, que disent ces jeunes : « que certains textes tiennent des propos qui ne sont plus acceptables dans notre société d’aujourd’hui », et qu’on ne peut plus les jouer ou qu’il faudrait les rendre “propre” en les corrigeant... N’est-ce pas la proposition d’un jeune qui, pour éradiquer les clichés sexistes et racistes, dit :
    « On peut couper une réplique dans Molière ou dans un truc, c’est pas la fin du monde, quoi ! » Je lui répondrai avec Molière : « Mon Dieu que votre esprit est d’un étage Bas ! »
    On ne va pas au théâtre pour entendre un catéchisme. D’ailleurs, dans « Les femmes savantes » qui sortira avec la meilleure note de conduite : Henriette ou Armande ? Celle qui joue à la savante, à la précieuse ou celle qui rêve mariage, car :

    « Les suites de ce mot, quand je les envisage,
    Me font voir un mari, des enfants, un ménage ;
    Et, je ne vois rien là, si j’en puis raisonner,
    Qui blesse la pensée et fasse frissonner »


    Cette nouvelle génération des comédiens me fait craindre le pire non seulement pour l’avenir de notre société, mais aussi pour celui du théâtre qui, alourdi par une morale et des discours bien-pensants, deviendra ennuyeux. Le public va tellement se raréfier, que les autorités devront certainement faire des coupes drastiques dans les subventions pour le théâtre. Ah, c'est qu'on ne coupe pas Molière impunément !