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Parenthèses de Michèle Roullet - Page 12

  • Aborder le racisme anti-Noirs à Genève… oui, mais comment ?

    De vifs débats ont éclaté aux séances du Municipal de la Ville de Genève (le 9 et 14 octobre) lors du traitement de la motion (M-1446) « Pour une réponse aux besoins dans la prévention et la lutte contre le racisme anti-Noir.e.s en Ville de Genève ».

    Pour les signataires (à gauche de l’échiquier politique) de cette motion, le racisme anti-Noirs, étant un racisme spécifique, ne peut être abordé d’une manière générale. Il devrait être traité par une association spécialisée dans ce type de racisme d’où la demande : d’« attribuer une subvention à une ou des associations compétentes et spécialisées dans le racisme anti-Noir.e.s ».

    Les conseillers municipaux qui ont refusé cette motion ne dénient pas que le racisme anti-Noirs soit une problématique particulière, et que les personnes noires puissent être confrontées à une discrimination raciale systémique avec des préjugés hérités des tragédies qui ont émaillé l’histoire des Noirs : colonisation, traite négrière… (Cf.  la brochure « Recommandations de la commission fédérales contre le racisme » publiée par la commission fédérale contre le racisme a d’ailleurs publié - CFR)

    Non, ils ont rejeté cette motion parce qu’ils la trouvent dommageable. Pourquoi enfermer des êtres humains dans des catégories hermétiques et mettre ainsi les Noirs dans un groupe à part pour traiter du racisme anti-Noirs ?

    N’est-il pas paradoxal et contre-productif de vouloir lutter contre le racisme en créant de la ségrégation et, par ricochet, une forme larvée de racisme ? Si on commence à faire des catégories (et des hiérarchisation), où va-t-on s’arrêter ? Faudra-t-il créer des associations contre le racisme pour les femmes noires, pour les “Jaunes”, etc…

    Ensuite, les Noirs font-ils partie d’un bloc homogène ? N’est-ce pas une dérive dangereuse qui réduit des êtres humains à n’être qu’une abstraction ! N’y a-t-il pas à Genève des Noirs sans papiers, d’autres ayant le statut de hauts fonctionnaires d’organisations internationales, des Noirs des Etats-Unis, du Proche Orient, des Antilles, de l’Inde ou encore suisses ?

    C’est pourquoi, cette motion qui parle de racisme anti-Noirs est mauvaise. Au nom d’une belle et noble cause (lutter contre le racisme), elle veut séparer, dans les actions de prévention et de lutte contre le racisme, les Noirs, faire des Noirs une catégorie à part, ne pas les mêler aux autres.

    Lors des débats, des propos désobligeants ont également été tenus par des conseillers municipaux, qui se croient, eux, vaccinés contre toute forme de racisme, et qui se permettent de donner des leçons à ceux qui ne les suivent pas. Ainsi, pour avoir relevé ce paradoxe qui consiste à vouloir lutter contre le racisme en séparant les Noirs, créant, ipso facto, du racisme, j’ai eu droit à quelques attaques. Mon propos a été qualifié de « posture théorique », «  de rhétorique », qui ne serait que de la « bien-pensance blanche » ! Bref, nous savions qu’une pensée puisse être molle, mal formulée, mais être taxée de « bien-pensance blanche » est vraiment une insulte raciste anti-Blancs ! Les propos envers la police, accusée de faire du délit de facies, ont été aussi totalement déplacés. Si un inspecteur de la brigade des stupéfiants s’avise à interpeler un homme noir, ce n’est pas qu’il est raciste, mais parce qu’il a aperçu un étrange commerce. Car enfin, ce n’est pas la couleur qui fait le dealer ! Mais, occulter que le trafic de la cocaïne est, à Genève, entre les mains de réseaux africains, est une attitude inconsciente. Rappelons que les policiers sont des fonctionnaires qui ont prêté serment, et qui, pour la plupart, travaillent, en respectant nos lois, pour assurer la sécurité de la population genevoise.

    D’ailleurs, ce n’est pas en se montrant agressif, donneur de leçons et accusateur que l’on combattra efficacement le racisme d’autant plus que celui-ci s’enracine précisément dans la haine de soi !

    Cette motion, qui demande à la Ville de subventionner une association compétente et spécialisée dans le racisme anti-Noirs, ne méritait pas d’être retenue (elle a avec le soutien du PDC été acceptée). Dommage, d’autant plus qu’elle semble ne pas reconnaître la compétence d’associations (comme la Ligue internationale contre le racisme (LICRA), le Centre d’écoute contre le racisme (C-ERC), le Bureau d’intégration des étrangers (BIE)… qui font un excellent travail avec comme priorité : lutter contre toutes les formes de racisme et d’antisémitisme sans faire de discrimination !

    Donc, lutter contre le racisme… oui, mais pas n’importe comment !

     

     

     

  • Parité au sein des parlements, à quel prix !

    Le projet de loi d’un député socialiste neuchâtelois pour imposer une parité parfaite entre hommes et femmes au sein du Grand Conseil a été balayé (en mai 2019) par le parlement neuchâtelois.

    Cette tentative avortée n’a cependant pas découragé des élus genevois d’Ensemble à Gauche (EàG), qui ont déposé, le 27 septembre 2019, devant le Grand Conseil genevois, le même projet de loi (Cf. l’article d’Eric Budry « Tentons la parité durant quinze ans au parlement », in, TdG du 01.10.19).

    Pour obtenir une parité absolue, chaque parti inscrirait ses candidats sur deux listes électorales distinctes, en séparant les hommes des femmes. Deux scrutins séparés seraient ensuite organisés, en même temps, obligeant les électeurs à choisir leurs candidats sur deux listes, pour avoir ainsi 50 hommes et 50 femmes au parlement.

     

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  • « Genève, zéro pub », encore une initiative toxique de la gauche !

    Censurer la publicité commerciale dans les rues, la nouvelle velléité de la gauche genevoise ! Et, pour parvenir à ses fins, celle-ci a déposé l’initiative « Genève zéro pub » ! La population devra se prononcer sur cette initiative, puisque l’invalidation partielle de cette dernière par le Conseil d’Etat a été annulée par la justice genevoise.

    Au sujet de cette initiative, il faut savoir que, outre son caractère soviétique, la suppression de la publicité en Ville de Genève aurait des répercussions gravissimes non seulement d’un point de vue économique, mais également d’un point de vue humain et social.

    En effet, rien que pour la commune de Genève, les pertes financières directes seraient de l’ordre de 4,5 millions par an ! Cette évaluation est chiffrée par le conseil administratif de la Ville de Genève (qui s’oppose à cette initiative) à l’aide de divers paramètres : la redevance annuelle versée par l’entreprise qui possède la concession d’affichage (3,4 millions) ; le crédit d’affichage octroyé à la Ville (400'000.-) ; les prestations réalisées gratuitement pour les affiches culturelles, associatives et politiques ainsi que l’entretien des supports d’affichage, assuré par la société publicitaire (environ 700'000.-).

    A noter que - pour le conseiller municipal socialiste, Emmanuel Deonna - 4,5 millions pour Genève, « ce n’est rien » (in Le Courrier du 19.06.2019) si on met en balance « les dégâts sociaux, environnementaux, financiers, sur le paysage » de la pub ! On reste abasourdi par de tels propos même si les socialistes nous ont depuis longtemps habitués à leur vision ubuesque, hors de toute préoccupation économique factuelle ! A dire vrai, la vision de Monsieur Deonna est un peu courte ! Car, à ces 4,5 millions, il faut ajouter les dégâts collatéraux qui auraient, à leur tour, de graves incidences sur l’économie genevoise. Selon une étude du Prof. Giuseppe Pini (Laboratoire de l’Economie Appliquée de l’Université de Genève), l’activité publicitaire génère un chiffre d’affaire direct et indirect de 155 millions pour le seul secteur d’affichage aux collectivités romandes. 

    Par ailleurs, il faut savoir qu’être privé de l’affichage publicitaire, c’est - pour les commerçants, les artisans et les PME - perdre la possibilité de promouvoir leur activité et de cibler une clientèle de proximité ! Ceux qui veulent purifier l’espace public pourront toujours leur suggérer de se rabattre sur d’autres supports publicitaires (les GAFAM[i], les journaux…). Seulement voilà, ces supports sont plus onéreux (frais supplémentaires qui pourraient être reportés sur les consommateurs !) et leurs revenus ne profitent pas à l’économie locale ! Les GAFAM sont créateurs d’emplois et de recettes… en Californie !

    Mais, pourquoi se préoccuper de l’économie genevoise lorsqu’on a, comme la gauche, de si “nobles” ambitions, et qu’on veut, en interdisant la publicité dans l’espace public «privilégier la qualité du paysage urbain ; libérer l’espace public ; supprimer une pollution visuelle et mettre à disposition des habitant-e-s des panneaux vierges destinés à l’expression libre, citoyenne et artistique » (alinéa 4 de l’initiative « Genève, zéro pub ») !

    Pourquoi s’inquiéter des faillites d’entreprises genevoises y compris de sociétés d’affichage (si cette initiative devait passer), qui entraîneront des pertes d’emplois, des diminutions de rentrées fiscales, des délocalisations d’entreprises et, au final, une fragilisation de l’économie genevoise ?

    Enfin, avec l’interdiction de la publicité sur l’espace public, les milieux culturels et sportifs pourraient trembler, car ils subiraient une diminution drastique de subventions privées ! En effet, comme les acteurs commerciaux, qui soutiennent financièrement les milieux artistiques et sportifs, ne seraient plus autorisés à apparaître sur l’affichage de ces événements, l’initiative « Genève Zéro pub » mettrait en péril la pérennité du sponsoring, source vitale pourtant pour la culture et le sport !

    Ironiquement ou paradoxalement, ceux-là mêmes qui conspuent la consommation, dont la publicité serait l’ignoble agent qui stimule nos désirs de (sur)consommation, défendent les mêmes valeurs d’immédiateté et de liberté sur lesquelles “surfe” la publicité qui sait que la meilleure manière de rendre captif un consommateur, c’est de lui faire croire qu’il est libre !

    Assurément, les adeptes de « Genève Zéro Pub », sont non seulement indifférents envers des professionnels qui ont appris un métier lié à la publicité (graphiste, publiciste, rédacteur artistique et de création, imprimeur, agent de communication, colleur d’affiche…), mais encore les accusent de produire « une pollution visuelle ». Un traitement d’autant plus inique que la population, invitée à s’exprimer sur les panneaux vierges, n’est, elle, nullement accusée de polluer l’espace public ! Au contraire, cette expression, qui répondrait «  à un besoin d’expression citoyenne et artistique, stimulant des interactions sociales spontanées et contribuant au renforcement de la cohésion sociale », est encensée pour son action libératrice de l’espace public !!!

    Oser prétendre que les publicistes polluent l’espace public est une insulte qui montre que cette gauche insouciante, gâtée et enfermée dans ses convictions idéologiques, n’a que mépris pour les travailleurs qu’elle a depuis longtemps cessé de défendre.

    On comprend que Boris Calame, graphiste, ancien député Vert, ait dû avaler ses crayons d’indignation avec cette initiative (pourtant lancée par son bord politique), et qu’il a déposé un recours envers cette initiative qui bafoue « la liberté économique de promouvoir ses services et ses produits locaux notamment [et qui] sous couvert de s’attaquer aux grandes multinationales, désavantagera les petits commerçants » (in TdG du 25.06.19).

    Si cette initiative passait, nul doute que « ces panneaux vierges destinés à l’expression libre, citoyenne et artistique » seront rapidement couverts de graffitis immondes, de slogans injurieux, orduriers et sexistes… Divers groupes s’affronteront pour s’approprier ces espaces d’expression. Les militants du mouvement LGBTQR+ les couvriront de “clitos”, les antifascistes y apposeront leurs slogans et caricatures, les antispécistes, à l’aide d’images chocs et glauques, voudront nous faire vomir la viande… Faudra-t-il alors, en cas de heurts de groupes rivaux, placer ces lieux d’affichage sauvage sous le contrôle de la police ?

    Néanmoins, quoi qu’il arrive, il sera interdit de parler de pollution visuelle de l’espace public, puisque ce sera de l’expression citoyenne spontanée !

    Décidément, cette initiative malsaine est à mettre à la poubelle ! D’ailleurs, Communication suisse n’a pas manqué de signaler les effets néfastes de cette initiative.

    On peut aussi craindre, si « Genève, zéro pub » est acceptée, que la gauche genevoise, toujours en quête de subventions nouvelles, dépose une résolution pour demander au conseil administratif de la Ville de Genève, une ligne budgétaire supplémentaire afin d’offrir aux plus démunis une allocation artistique sous forme d’une “mallette” contenant des crayons, des pinceaux, des tubes de peinture et des tabliers… pour que « l’expression libre, citoyenne et artistique » (mais, à la charge des contribuables !) puisse être à la portée de « toutes et tous » comme disent les camarades de l’Alternative !

     

    [i] GAFAM est l’acronyme des géants du WEB – Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft – qui sont les cinq grandes firmes américaines qui dominent le marché du numérique. Très influentes sur l’Internet américain et européen, ces multinationales sont l’objet de critiques ou de poursuites sur le plan fiscal, sur des abus de position dominante et sur le non-respect de la vie privée des internautes. Elles ont les moyens d’échapper quasiment totalement à l’impôt sur les bénéfices…