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  • Se promener nu dans l’espace public 

    Nous vivons dans un monde moderne, où chacun revendique le droit de suivre ses croyances, sa religion, sa philosophie, sans entrave ni limite. Mais, où mènera cette demande illimitée de libertés individuelles ?

    - Pour certains, cette exigence de liberté se loge dans le droit, pour les femmes, de porter la burqa ou le niqab dans l’espace public. L’émission « Infra Rouge » (RTS, le 18.12.2019) a permis d’entendre des plaidoiries décoiffantes sur la liberté qui permettrait de choisir l’enfermement, l’exclusion ou le repli sur soi. La liberté reviendrait alors à suivre l’exhortation paradoxale du « obéis, sois autonome » ! Difficile de démêler les fils de cet écheveau dialectique !

    Mais, les religions suivent des voies obscures,
    Epineuses, et qui ne sont pas des sinécures !

    - Pour d’autres, tels les membres de « l’Eveil des énergies naturelles » (EDEN), la liberté consiste à défendre le droit de déambuler nus dans les rues, les théâtres et plus encore sur les lieux de travail. En effet, parmi les dogmes de cette religion, qui s’enracine dans des croyances ancestrales de Sao Rico, la transcendance de l’âme ne peut s’exprimer que dans le renoncement, la simplicité et le dénuement (au sens littéral) de ses membres (bras, jambes, tête et corps tout entier). C’est pourquoi durant leurs célébrations, les fidèles chantent :

    « Qu’il est barbare de porter vêtement afin de cacher
    nos attributs divins que la chair doit honorer et dévoiler ! »

    Pour cette communauté, les habits ne sont que des artifices qui génèrent des inégalités, entravent les relations et obstruent l’esprit. L’EDEN autorise toutefois les femmes enceintes, les personnes âgées et ses membres, lors de temps froid et pluvieux, ainsi que pendant les jours de fêtes, de se vêtir.

    Cette “nouvelle” religion rencontre beaucoup de succès auprès des naturistes qui se convertissent en nombre impressionnant. Il est vrai que beaucoup de nudistes ne supportent plus d’être parqués dans des camps. Une plainte a d’ailleurs été déposée, au Tribunal de Karlsbourg, pour violation des Droits de l’Homme par des naturistes du camp d’Afghar, qui plaident le droit de se promener nus, partout, sans que cet acte naturel constitue le moindre délit.

    Alexis Favre organisera-t-il, dans un prochain « Infra Rouge », un débat sur cette revendication en vogue dans notre société ? On ne sait pas encore. En revanche, personne n’ignore que les “édenistes” éveillent des passions virulentes au sein de la population. Les forces de l’ordre craignent même des confrontations violentes et incontrôlables entre ceux qui considèrent que « la femme est comme une perle dans un coquillage qu’il ne faut pas montrer, car elle crée des jalousies » (dixit un certain prédicateur cliquez, Cf. 1 et 2) et ceux qui estiment que le corps, tant celui de l’homme que de la femme est un pur saphir à exhiber sans retenue, car la nudité calme les colères et éveille des relations sociales apaisées.

    Faudra-t-il des heurts qui mettent en péril nos démocraties pour qu’enfin on réalise, en Europe, qu’un individualisme exacerbé n’est pas supportable ? Si la liberté est un droit fondamental, elle n’est nullement le droit de faire tout et n’importe quoi. Adopter des pratiques aliénantes en se soumettant à un pouvoir religieux, patriarcal ou autre peut être un acte de foi, un asservissement volontaire, mais en aucun cas un acte de liberté ! Revendiquer une liberté, dans ces cas-là, est une aporie qui travestit la langue. Or, la langue est le fondement de la culture. Les mots ne peuvent pas dire tout et son contraire, sauf à vouloir manipuler les esprits, empêcher tout dialogue en stérilisant la “pensée”, faire imploser nos sociétés ou encore, au nom d’un multiculturalisme fourre-tout, saper ce qui cimente une population : son histoire, sa culture et sa civilisation avec ses fondements, ses codes, ses valeurs et ses contraintes…

  • Le PISA Nouveau est arrivé !

    Début décembre est arrivé le PISA Nouveau ! Assurément, la cuvée 2019 ne réjouit guère les Suisses, puisque les résultats de l’enquête donne un cru plutôt mauvais.

    Si les jeunes Suisses continuent à obtenir de bons résultats en mathématiques et dans le domaine des sciences, en revanche le niveau de la lecture (déjà peu satisfaisant en 2015) a encore baissé. Au point que la Suisse, avec cette dernière récolte, obtient un score au-dessous de la moyenne de l’OCDE (de 3 points) ! Comment interpréter ces résultats ?

    Laissons aux chercheurs en éducation, qui disposeront de données détaillées avec les scores cantonaux, tirer quelques réflexions !

    Cela étant, il est important d’adopter un regard nuancé sur ces résultats. Sans nier leur importance, puisque ces données comparatives entre pays peuvent nous permettre de questionner nos politiques scolaires, on peut tout de même s’interroger sur la pertinence du test PISA.

    En effet, ne doit-on pas toujours garder à l’esprit que les compétences humaines ne peuvent être évaluées de manière objective ou purement scientifiquement ? Assurément, il faut admettre que derrière toute observation (fût-elle menée dans des laboratoires de psychologie expérimentale ou avec des outils informatiques les plus performants), il existe toujours une relation entre le chercheur et l’observé, qui passe nécessairement par le langage et donc par des représentations mentales.

    Les philosophes au XIXème siècle, influencés par le scientisme ambiant, et qui rêvaient d’étudier scientifiquement l’enfant, avaient bien cerné cette difficulté. Les médecins et psychologues au  XXème siècle, occultant que toute mesure d'un phénomène dépend toujours de la définition donnée, préalablement, audit phénomène, prétendront - grâce à des procédés de mesure, des méthodes de tests, des expérimentations, des enquêtes, des calculs de coefficients, de corrélations, de probabilités, de statistiques, de données quantitatives, etc. - pouvoir étudier l'humain scientifiquement. Ces derniers renieront les philosophes, les traitant de littérateurs « coupables d’être des bavards » qui n'auraient produit aucune connaissance ni sur le développement de l'enfant ni sur les méthodes didactiques. Et avec assurance, ils se proclameront les créateurs d’une nouvelle science : la psychologie “labellisée” infaillible. Mais, trop de certitude tue la science.

    C’est pourquoi, les tests et évaluations sont actuellement reçus avec plus de prudence. Personne aujourd’hui ne conteste, par exemple, que le test d’intelligence (QI), qui date d’un siècle, apporte des données intéressantes certes, mais lacunaires (les aptitudes émotionnelles, créatives… sont occultées), car ce test est trop focalisé sur des facultés intellectuelles nécessaires à la scolarité et en lien avec le langage (compréhension des mots et des consignes).

    Les mêmes réserves peuvent être émises avec l’évaluation PISA qui use d’une méthodologie qui soulève bien des questions, notamment sur la manière d’interroger les jeunes (questions à choix multiples), qui privilégie une approche anglo-saxonne.

    Enfin, pour tester les performances en lecture, ne faut-il pas interroger la qualité du texte ? Le récit titille-t-il la curiosité des jeunes ? Les questions posées sont-elles pertinentes ? Ont-elles un sens pour ces jeunes lecteurs ?

    Une fois ces réserves soulevées, on peut néanmoins s’inquiéter de la baisse du niveau de lecture.

    Cette baisse de lecture est-elle l’indice d’une évolution de notre société envahie par l’informatique ?

    Les jeunes, scotchés sur leurs écrans, ont-ils perdu l’expérience de la lecture profonde ?

    Alors que je tentais de dire mon plaisir de lire à une jeune fille de 15 ans, qui déteste lire (lorsqu’elle doit lire un livre pour l’école, elle surfe sur internet pour trouver les courts résumés), cette jeune fille me répondit : « la lecture, c’est nulle, c’est pour les vieux ! » Cette répugnance envers la lecture, révèle-t-elle un nouveau rapport au monde, où le livre (qui nous plonge dans un temps “hors du temps”, un temps long de concentration) ne nous enchante plus ?

    Le rejet de la lecture touche-t-il toutes les couches de notre société ? On se souvient du mépris pour le livre du président Sarkozy qui ne comprenait pas qu’on puisse encore lire aujourd’hui « la Princesse de Clèves » !

    Cette baisse du niveau de lecture a-t-elle particulièrement affecté Genève ? Si oui, ne faudrait-il pas questionner (enfin !) les dernières réformes scolaires (introduction de directeurs et directrices d’établissement scolaire et de l’école le mercredi matin) qui ont gravement péjoré l’école genevoise (et amené une augmentation exponentielle de fonctionnaires au DIP, qui au lieu de soulager les enseignants, a transformé le DIP en usine à gaz). Quant aux élèves primaires genevois, rappelons qu'avec l'introduction du mercredi matin scolaire, ils ont un horaire plus chargé que celui des collégiens, et qu’ils sont peut-être saturés d’école. A cet égard, les analyses menées par le test PISA ne montrent aucune corrélation entre le nombre d’heures passées à l’école et les résultats au test. PISA témoignerait plutôt que les dotations horaires les plus chargées, donneraient de moins bons résultats.

    Pour conclure, les résultats des tests PISA soulèvent plus de questions qu’ils n’apportent de réponses. Néanmoins, ils donnent des pistes de réflexion à poursuivre…