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Le PISA Nouveau est arrivé !

Début décembre est arrivé le PISA Nouveau ! Assurément, la cuvée 2019 ne réjouit guère les Suisses, puisque les résultats de l’enquête donne un cru plutôt mauvais.

Si les jeunes Suisses continuent à obtenir de bons résultats en mathématiques et dans le domaine des sciences, en revanche le niveau de la lecture (déjà peu satisfaisant en 2015) a encore baissé. Au point que la Suisse, avec cette dernière récolte, obtient un score au-dessous de la moyenne de l’OCDE (de 3 points) ! Comment interpréter ces résultats ?

Laissons aux chercheurs en éducation, qui disposeront de données détaillées avec les scores cantonaux, tirer quelques réflexions !

Cela étant, il est important d’adopter un regard nuancé sur ces résultats. Sans nier leur importance, puisque ces données comparatives entre pays peuvent nous permettre de questionner nos politiques scolaires, on peut tout de même s’interroger sur la pertinence du test PISA.

En effet, ne doit-on pas toujours garder à l’esprit que les compétences humaines ne peuvent être évaluées de manière objective ou purement scientifiquement ? Assurément, il faut admettre que derrière toute observation (fût-elle menée dans des laboratoires de psychologie expérimentale ou avec des outils informatiques les plus performants), il existe toujours une relation entre le chercheur et l’observé, qui passe nécessairement par le langage et donc par des représentations mentales.

Les philosophes au XIXème siècle, influencés par le scientisme ambiant, et qui rêvaient d’étudier scientifiquement l’enfant, avaient bien cerné cette difficulté. Les médecins et psychologues au  XXème siècle, occultant que toute mesure d'un phénomène dépend toujours de la définition donnée, préalablement, audit phénomène, prétendront - grâce à des procédés de mesure, des méthodes de tests, des expérimentations, des enquêtes, des calculs de coefficients, de corrélations, de probabilités, de statistiques, de données quantitatives, etc. - pouvoir étudier l'humain scientifiquement. Ces derniers renieront les philosophes, les traitant de littérateurs « coupables d’être des bavards » qui n'auraient produit aucune connaissance ni sur le développement de l'enfant ni sur les méthodes didactiques. Et avec assurance, ils se proclameront les créateurs d’une nouvelle science : la psychologie “labellisée” infaillible. Mais, trop de certitude tue la science.

C’est pourquoi, les tests et évaluations sont actuellement reçus avec plus de prudence. Personne aujourd’hui ne conteste, par exemple, que le test d’intelligence (QI), qui date d’un siècle, apporte des données intéressantes certes, mais lacunaires (les aptitudes émotionnelles, créatives… sont occultées), car ce test est trop focalisé sur des facultés intellectuelles nécessaires à la scolarité et en lien avec le langage (compréhension des mots et des consignes).

Les mêmes réserves peuvent être émises avec l’évaluation PISA qui use d’une méthodologie qui soulève bien des questions, notamment sur la manière d’interroger les jeunes (questions à choix multiples), qui privilégie une approche anglo-saxonne.

Enfin, pour tester les performances en lecture, ne faut-il pas interroger la qualité du texte ? Le récit titille-t-il la curiosité des jeunes ? Les questions posées sont-elles pertinentes ? Ont-elles un sens pour ces jeunes lecteurs ?

Une fois ces réserves soulevées, on peut néanmoins s’inquiéter de la baisse du niveau de lecture.

Cette baisse de lecture est-elle l’indice d’une évolution de notre société envahie par l’informatique ?

Les jeunes, scotchés sur leurs écrans, ont-ils perdu l’expérience de la lecture profonde ?

Alors que je tentais de dire mon plaisir de lire à une jeune fille de 15 ans, qui déteste lire (lorsqu’elle doit lire un livre pour l’école, elle surfe sur internet pour trouver les courts résumés), cette jeune fille me répondit : « la lecture, c’est nulle, c’est pour les vieux ! » Cette répugnance envers la lecture, révèle-t-elle un nouveau rapport au monde, où le livre (qui nous plonge dans un temps “hors du temps”, un temps long de concentration) ne nous enchante plus ?

Le rejet de la lecture touche-t-il toutes les couches de notre société ? On se souvient du mépris pour le livre du président Sarkozy qui ne comprenait pas qu’on puisse encore lire aujourd’hui « la Princesse de Clèves » !

Cette baisse du niveau de lecture a-t-elle particulièrement affecté Genève ? Si oui, ne faudrait-il pas questionner (enfin !) les dernières réformes scolaires (introduction de directeurs et directrices d’établissement scolaire et de l’école le mercredi matin) qui ont gravement péjoré l’école genevoise (et amené une augmentation exponentielle de fonctionnaires au DIP, qui au lieu de soulager les enseignants, a transformé le DIP en usine à gaz). Quant aux élèves primaires genevois, rappelons qu'avec l'introduction du mercredi matin scolaire, ils ont un horaire plus chargé que celui des collégiens, et qu’ils sont peut-être saturés d’école. A cet égard, les analyses menées par le test PISA ne montrent aucune corrélation entre le nombre d’heures passées à l’école et les résultats au test. PISA témoignerait plutôt que les dotations horaires les plus chargées, donneraient de moins bons résultats.

Pour conclure, les résultats des tests PISA soulèvent plus de questions qu’ils n’apportent de réponses. Néanmoins, ils donnent des pistes de réflexion à poursuivre…

 

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