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Le gouffre financier du mercredi d’école !

Genève semble enfin réaliser combien l’introduction du mercredi scolaire au primaire va plomber les finances du canton et des communes genevoises.

A combien s’élèvera la facture totale ? A dire vrai, l’impact financier n’a pas encore vraiment été évalué, tant cette réforme scolaire implique d’importantes restructurations.

Rappelons que la loi modifiant l’horaire scolaire au primaire (L 10744), approuvée par le peuple lors du vote du 11 mars 2012, introduit une semaine qui « comprend 5 jours du lundi au vendredi, dont une demi-journée de congé le mercredi après-midi, à l’exception du cycle élémentaire du degré primaire qui comprend une journée de congé le mercredi ». Sans autre modification de l’horaire des autres jours scolaires, cette réforme augmenterait l’horaire de l’écolier genevois du cycle moyen de 4 périodes hebdomadaires. Comme l’horaire des enseignants primaires ne peut pas augmenter, les élèves seraient pris en charge 4 heures par semaine par d’autres enseignants ou suppléants.

D’après les estimations du département de l’instruction publique (DIP), cette réforme de l’horaire scolaire, couplée avec un appui pour l’enseignement de la lecture et du français au cycle élémentaire, représente une augmentation de 150 postes d’enseignants.

Une rallonge budgétaire de 20 millions a été ainsi accordée au DIP.

Ici, toutefois, il faut évoquer une stratégie politique courante, qui consiste à minimiser le coût d’une réforme pour la faire accepter. Si bien que, avant même que cette loi ne soit mise en application, les autorités politiques réalisent soudainement que cette réforme sera un véritable gouffre financier.

Car, aux 20 millions prévus, s’ajouteront, pour les communes, les frais des restaurants scolaires, du parascolaire, des patrouilleuses scolaires, du nettoyage des bâtiments, des locations de salles… ainsi que, pour le canton et les communes, des pertes de revenus pour certaines catégories de travailleurs, pour des clubs sportifs et des écoles d’art… dont les subventions, pour ces dernières, devront certainement être revues à la hausse.

A ce sujet, j’avais déjà prédit ces éléments dans un billet rédigé en 2011.

Ce qui est stupéfiant au sujet de cette réforme, c’est son manque d’anticipation. Au point que le gouvernement genevois en soit réduit, aujourd’hui, à imaginer, « sans tabou », des mesures qu’il pourrait appliquer pour faire faire des économies au sein du DIP. Parmi ses propositions, a été évoquée l’idée d’exclure de l’école publique genevoise les écoliers qui résident en France.

Chercher à faire des économies sur le dos des enfants est une idée choquante !

Rappelons que les enfants de clandestins et sans-papiers sont acceptés (et c’est tant mieux !) à l’école publique genevoise, alors que les 1300 écoliers établis en France pourraient, eux, ne pas l’être ! Or, cette fermeture de l’école viserait majoritairement des enfants de Genevois qui travaillent à Genève, paient leurs impôts et ont dû, le plus souvent, face à la crise de l’immobilier, s’exiler hors du canton pour trouver un logement.

Assurément, la nouvelle conseillère d’Etat en charge du DIP, Mme Emery-Torracinta, doit oser “mettre sa patte” dans son département et modifier les réformes de son prédécesseur. Elle pourrait par exemple :

- dégraisser cette “usine à gaz” qu’est devenu le DIP en réduisant le nombre de haut-cadres qui ont proliféré ces dernières années ;

- repenser les concepts mous que sont la “hiérarchie de proximité” et les “projets d’établissement” pour diminuer drastiquement le nombre des directeurs des établissements scolaires primaires ;

- différer l’introduction du mercredi matin au primaire à la rentrée 2015 afin de trouver, avec tous les partenaires, les meilleures solutions pour la mise en place de cette réforme. En s’inspirant des horaires pratiqués dans d’autres cantons, Genève pourrait opter pour un horaire commun à tous les écoliers du primaire sur 4 ½ jours par semaine (avec le mercredi matin) qui serait de 08h00 – 11h30 et l’après-midi de 13h45-15h15 sans récréation (voire en allongeant pour les 7 et 8 P deux après-midi jusque vers 16h pour y ajouter les 2 heures d’enseignement d’anglais).

Cet horaire, qui harmoniserait l’horaire des écoliers et des enseignants, supprimerait la prise en charge de 4 heures par semaine par d’autres enseignants. Les 120 postes prévus pour cette réforme passeraient ainsi à environ 30 postes !

Belle économie en perspective et sans préjudice pour les élèves !

Après tout, le peuple genevois a voté pour l’école le mercredi matin, sans nécessairement plébisciter que l’horaire de l’écolier de 8 à 12 ans soit plus chargé que celui du collégien !

 

 

 

 

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