20 millions vont disparaître !
20 millions vont disparaître ! Cette phrase est de Monsieur Beer ! Elle a été prononcée lors du débat du 20 octobre 2011, organisé par la Tribune de Genève, entre Charles Beer et Laurent Vité, président de la Société pédagogique genevoise (SPG). Le débat portait sur le projet du conseiller d'Etat en charge du DIP, M. Beer, qui vise à augmenter l'horaire scolaire primaire d'une matinée dès la 3P (5P HarmoS).
Mais, que vient faire ce propos alarmiste dans ce débat ?
Que signifient ces millions qui vont disparaître ? Qui va les prendre ou les voler ???
Pour comprendre les tourments de Monsieur Beer, il faut rappeler que, pour ses précédentes réformes au primaire (les REP - Réseaux d'enseignement prioritaires, la création d'une centaine de postes de direction d'établissement, l'engagement d'éducateurs dans les écoles), M. Beer n'a reçu aucun allongement budgétaire du parlement. Il a dû ainsi "bricoler" (prendre des moyens dans certaines écoles pour en distribuer ailleurs, grignoter sur le terrain tout ce qui pouvait être pris et parfois même ce qui n'aurait pas dû être pris !!!) pour parvenir à boucler ses réformes dans les limites budgétaires votées par le Grand Conseil. Pas sans mal ni sans douleur pour l'école genevoise, M. Beer est toutefois parvenu (en profitant aussi de la diminution des effectifs au primaire) à introduire ses réformes sans dépasser son budget.
Pour le dernier projet de M. Beer d'augmenter l'horaire de l'écolier primaire d'une matinée par semaine, la situation est tout autre. Cette réforme impliquerait de lourdes restructurations. En effet, comme l'horaire des enseignants ne peut pas augmenter, les élèves seraient pris en charge par d'autres enseignants durant 4 heures scolaires chaque semaine. Sur l'ensemble du canton, cela représente un nombre considérable de postes ! C'est pourquoi, pour ce projet, le parlement a accepté une rallonge budgétaire de 20 millions pour le DIP, pour qu'il puisse introduire cette réforme. De quoi réjouir Charles Beer !
Mais voilà, ce projet de réforme a donné lieu à un référendum signé par plus de 18'000 signataires. Il devra donc être soumis à la population par un vote en mars 2012.
Bien évidemment, si la population refuse d'introduire le mercredi matin d'école au primaire (rappelons que les écoliers genevois ont un horaire scolaire conséquent, aussi chargé que les autres écoliers romands et parmi les plus lourds d'Europe, et que ce projet de loi est mal ficelé), les 20 millions accordés par le parlement pourront être retirés du budget.
Ce n'est donc pas 20 millions qui vont disparaître, mais 20 millions qui seront économisés !
Enfin, puisque nous sommes dans des considérations toutes financières, restons-y et creusons un peu la veine. Cela en vaut la peine !
Car, faire croire que 20 millions suffiront à couvrir ce projet de réforme est une illusion. A ces 20 millions, s'ajouteront, pour les communes, les frais générés pour les restaurants scolaires, le parascolaire, les patrouilleurs ou patrouilleuses scolaires... du mercredi.
On peut aussi craindre que l'école le mercredi matin au primaire entraîne une perte importante de revenus pour les clubs de sport, les profs de musique, de théâtre, etc... et aggrave, par ricochet, la situation économique de citoyens et de Genève.
Non, vraiment, refusons ce projet de réforme aberrant.
Nos enfants s'en porteront mieux, nos finances aussi !