François Cherix, le Templier redresseur de torts
Adoptant le ton d’un indigné qui ne parvient pas à accepter le vote du 9 février, François Cherix, dans Le Temps d’aujourd’hui (19 février 2014) pond un papier dans lequel l’auteur, qui se présente comme « spécialiste en communication politique », s’épargne toute analyse pour faire la leçon à ce peuple suisse, qui ne sait pas ce qu’il fait « tant les citoyens assimilent désormais une votation à un sondage, où ils peuvent donner un signal aux élus sans se soucier des conséquences » !
A suivre, l’expert en communication politique, les 50,3 % des électeurs, qui ont accepté l’initiative « contre l’immigration de masse », seraient immatures et irresponsables.
Puis, François Cherix poursuit ses diatribes avec une utilisation massive du pronom "on", pour donner l'illusion qu’il expose un savoir collectif et objectif, qui le placerait au-dessus de la mêlée.
Ecoutons-le : « pour rester dans le mouvement […], on accepte les codes incendiaires. On renonce aux idées aux profits d’images simplettes. On valide des diagnostics erronés. On parle des “élites”, de la “base”, de la “classe politique” et du “pays réel”, sans mesurer combien ces constructions mentales sont filles du populisme. Bref, on aggrave la spirale inflationniste… »
Enfin, toujours d’après l’auteur de cet article intitulé : « La faillite du modèle suisse », ce mauvais tournant pris par la Suisse le 9 février 2014 serait lié à « une démocratie structurellement populiste […à] un cadre pervers… ».
Heureusement ou malheureusement, dans son papier, François Cherix ne nous donne ni “images simplettes” à nous mettre sous la dent ni “constructions mentales”. Il se contente, en redresseur de torts, de nous abreuver d’imprécations. Car, pour lui, la Suisse serait un pays inexistant, qui ne se définirait qu’à contrario, en dénigrant les autres pays ou en se croyant unique et exemplaire.
La chute de l’article fait frémir, car l’auteur prédit que :
« La Suisse se marginalisera, pour s’enfoncer peu à peu dans les difficultés économiques et la paranoïa ».
Ceux qui croyaient que, avec un Montebourg qui se délecte à traiter la Suisse de “verrue de l’Europe”, que notre pays était mis à mal apprécieront l’oracle de François Cherix. Car, une verrue, avec une bonne pommade, ça se soigne, alors qu’une paranoïa, c’est plus difficile…
Bref, il me semble que le « spécialiste en communication politique » doit s’améliorer. Son article n’est pas un pamphlet, car il adopte plutôt une rhétorique militante et donneuse de leçons. Toutefois, si François Cherix veut faire passer un message, il lui faudrait éviter de s’égarer dans des attaques simplistes et excessives.
Chacun peut approuver ou désapprouver le vote du 9 février. Mais, rédiger tout un article sur ce vote sans dire un mot sur l’immigration en Suisse et en se cantonnant dans des visions apocalyptiques, c’est un drôle de parti pris.
Quant aux illusions sur la Suisse dont se nourriraient les jeunes de notre pays de l’école à l’Université, et que dénonce François Cherix, je les préfère aux désillusions que le spécialiste en communication politique et membre du Parti socialiste suisse se plaît à répandre. Car, l’enfant, pour se construire, doit croire en l’avenir et peut-être aussi aimer sa Patrie.
Souvenons-nous ce qu’un père, un jour, à Genève, a dit à son fils : « Jean-Jacques, aime ton pays » !