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Garde tes larmes pour plus tard

Ce n’est pas un précepte de morale que je vais vous infliger ! « Garde tes larmes pour plus tard » est le titre du dernier livre d’Alix de Saint-André. Et, quel livre ! Un pur délice, où l’auteur, dès la première page, se lance sur les traces de Françoise Giroud.

“Se lancer sur les traces de…” est bien la juste expression pour qualifier cette démarche littéraire, qui ne se confond pas avec une biographie.

Non, avec Alix de Saint-André, on est prévenu : « tout héritage est une conquête » !

Et, de son amitié avec Françoise Giroud, aussi imprévue et sur laquelle se greffe, dès le premier regard, l’étonnement, l’auteur nous entraîne dans une enquête passionnante.

Sorte de polar, ce livre nous convie à l’étonnement toujours recommencé où l’auteur, sans jamais réifié son sujet, rebondit sur de nouvelles pistes de recherche : une découverte renvoie à une autre question.

Dans les méandres de cette enquête, Alix de Saint-André nous emmène sur les bords du Bosphore durant l’empire Ottoman, dans un asile en France des années 1920 où, sur certains dossiers de patients, étaient ajoutées les lettres “PG”, qui symbolisent toute une époque…

Comme un jeu de piste, on part également sur les traces du curé d’un petit village de l’Allier durant la seconde guerre mondiale ; on se promène dans des cimetières où les pierres sont des tombes qui ne livrent guère leurs secrets ; on scrute d’anciennes photographies en noir et blanc, de vieux documents à authentifier ; on pénètre à l’IMEC (Institut Mémoires de l’Edition Contemporaine), ce haut lieu de pèlerinage situé dans une ancienne abbaye près de Caen, qui conserve les manuscrits de Beckett, Foucault, Duras… où Alix de Saint-André, en parfaite archéologue ès vies, cherche ses sources, en les passant au crible d’une analyse qui ne laisse rien au hasard ni à la naïveté et encore moins aux interprétations abusives.

Ceux qui aiment les panégyriques aussi lisses qu’ennuyeux ou qui sont à l’affût d’une biographie au vitriol, où un auteur rôde comme un chacal autour d’une proie pour en arracher des bribes “juteuses” de chairs humaines, mais mortes de préférence, pour que sa victime ne puisse se défendre, n’aimeront pas ce livre.

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Ici, aucun “scoop” fracassant, mais une plongée dans l’âme humaine, dans l’histoire avec un petit “h” et même l’Histoire avec sa grande hache, pour reprendre la belle formule de Georges Perec.

Une lecture bouleversante, joyeuse qui donne de l’audace pour questionner le monde avec une gourmandise enfantine. Bel hommage aussi à l’amitié, tremplin de vie !

Un livre pas banal, plein d’humour, d’une écriture élégante, et qui donne un tel appétit de vivre, qu’avec lui, assurément, on garde nos larmes pour plus tard !

 

 

 

 

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