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Négationnisme culturel

L’expression « négationnisme culturel » a été, lors de la séance plénière du Conseil municipal genevois du 16 avril 2013, correctement employée en dépit des cris d’orfraie du conseiller municipal d’Ensemble à gauche, Monsieur Pierre Gauthier, et de ses indignations relancées dans son blog.

Dans sa signification première, le terme “négationnisme” désigne la négation de la Shoah. Par extension, ce terme est employé pour désigner la négation ou la dissimulation (par des discours implicites) de la réalité de faits historiques.

Or, avec l’adjonction de l’adjectif “culturel”, l’expression « négationnisme culturel » signale une attitude qui veut cacher et effacer les traces culturelles ou patrimoniales.

 

L’amendement, déposé par M. Gauthier, qui demande d’ajouter, aux travaux de rénovation et réhabilitation de la chapelle du cimetière de la Châtelaine, un dispositif (rideau, panneau, store…) qui permettrait d’occulter les vitraux qui comportent des éléments d’obédience chrétienne, n’est pas, contrairement à ce qu’il prétend, un « amendement anodin » !

En grand “prêtre de la laïcité”, Monsieur Gauthier a défendu son amendement en adoptant un ton neutre et imperturbable de celui qui croit incarner la Raison et la Liberté !

Bien évidemment, cette apparente sagesse ne résiste pas une minute à l’analyse, tant cette demande est ridicule !

En effet, Pierre Gauthier semble ignorer que les vitraux sont transparents. Par conséquent, on peut admirer un vitrail aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur d’un édifice. Aussi, vouloir installer un dispositif pour occulter ces vitraux (d’une valeur patrimoniale et artistique indéniable), pour « respecter la liberté de conscience de tous » (dixit M. Gauthier !), est totalement incongru.

 

chapelle Châtelaine.jpgRappelons que, pour garantir la laïcité, des croix amovibles seront installées dans cette chapelle de la Châtelaine. En outre, celui qui vomit l’architecture religieuse du lieu (voir la photo) et l’iconographie chrétienne des vitraux n’est nullement obligé d’organiser une cérémonie avant l’inhumation d’un défunt dans cette chapelle. Le centre funéraire de Saint-Georges avec ses “chapelles” sans référence religieuse peut parfaitement faire l’affaire.

La laïcité agressive de M. Gauthier est donc parfaitement déplacée. En plaidant la nécessité de pouvoir cacher toute trace chrétienne dans les lieux publics, ce conseiller municipal sème des germes de haine et d’intolérance, qui n’ont rien à voir avec la vraie laïcité !

Jusqu’où va nous entraîner ce terrorisme révisionniste ? Au nom d’une laïcité de fermeture, faudra-t-il replâtrer les façades extérieures des bâtiments de manière à effacer tout symbole religieux ?

Devra-t-on poursuivre le “nettoyage” de notre ville en plaçant des panneaux coulissants aux entrées des églises, temples, et chapelles afin de masquer la forme voûtée des porches et ouvertures, qui symbolise le ciel ou le divin ?

Faudra-t-il débaptiser les rues genevoises aux résonances religieuses (av. de Sainte-Clotilde, Bd Saint-Georges, rue de Saint-Joseph, rue Saint-Laurent… ) et ranger, à l’abri des regards, les drapeaux genevois et suisse ?

Ne nous laissons pas entraîner dans ce “nouvel” esprit intégriste “laïc”, qui, divise, sépare, fragmente, au nom de la “neutralité” et de la “liberté” que certains extrémistes prétendent être assurés de détenir. 

Avec la loi de 1907, la République de Genève a su sceller une laïcité de consensus, qui a imposé la paix religieuse et sociale. Que ce souffle de tolérance perdure sur notre Cité !

Or, l’amendement, qui exige la possibilité de cacher des traces chrétiennes, est dangereux.

Car, occulter ou faire table rase de son patrimoine culturel, c’est rendre une population étrangère à sa propre histoire. C’est semer la haine de soi (et de l’Autre !) et favoriser un climat de terreur.

C’est pourquoi, je persiste et signe les propos que j’ai utilisés en séance du Municipal, et que M. Gauthier déforme. Parler de « négationnisme culturel » et de « terrorisme révisionniste » participe, certes, d’une rhétorique combative. Toutefois, le propos n’est pas une insulte personnelle « pour accuser un adversaire politique de terroriste » (comme l’écrit M. Gauthier) !

Mais, se victimiser, ne permet-il pas à M. Gauthier de rester dans son “sommeil dogmatique”, et de déverser sa haine du religieux, dissimulée derrière la liberté ?

Enfermé dans son “bon droit”, il peut alors taxer, dans son blog, ceux qui s’opposent vigoureusement à son amendement d’avoir un « comportement hystérique […] de prétendus défenseurs de la religion chrétienne qui n’ont jamais cessé d’être : les adversaires les plus résolus de la liberté » et poursuivre en parlant de « la bigoterie et de la superstition qui sont le réconfort des simples d’esprits ».

Je vous fais grâce de la suite qui est de la même veine !

Ici, tout de même, je m’étonne de voir que cette logorrhée marxiste dégoulinante puisse encore circuler en 2013 !

Fort heureusement, les conseillers municipaux se sont montrés avisés en refusant à une très nette majorité l’amendement en question.

Car, la véritable laïcité s’oppose à tous les intégrismes (religieux, politiques, idéologiques…), et ne peut se confondre avec une laïcité de fermeture et d’ignorance.

A cet égard, la conférence débat organisée hier, à Uni Dufour, par le « Groupe citoyen, Culture religieuse et humaniste à l’école laïque » a été riche et a permis de redéfinir la vraie laïcité ou la “laïcité d’intelligence” comme la nomme Régis Debray.

Ces rencontres ont rappelé que, pour éviter l’instrumentalisation des religions et des croyances, il faut promouvoir une laïcité de reconnaissance.

C’est dans cette optique que la République genevoise (à travers le DIP) a reconnu la nécessité de donner aux élèves un enseignement des “faits” religieux (enseignement inscrit au programme dès le primaire) afin de promouvoir le dialogue, la tolérance et la paix sociale en gardant à l’esprit que la pluralité est toujours féconde.

 

 

 

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