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Journaliste bête et méchant

Que des électeurs aient plébiscité l'école le mercredi matin, mobilisés par des questions d'intérêts personnels ou par la conviction qu'une augmentation de l'horaire scolaire au primaire puisse être bénéfique pour l'élève, cela est compréhensible !

Toutefois, d'autres arrière-pensées, qui n'ont rien à voir avec l'école ni même avec l'élève, ont également influencé ce vote.

 

Image.jpgCe sont les sentiments de dédain et de mépris pour les enseignants, largement véhiculés et même favorisés par une presse complaisante, dont la manchette de la Tribune de Genève du 12 mars (copiée ci-dessous) est une illustration exemplaire.

Combien de gens auront voté pour l'école le mercredi matin juste animés de ces sentiments mesquins ? Difficile à évaluer. Mais, j'en ai rencontrés !

Certes, dans une période de crise économique où beaucoup d'employés craignent de perdre leurs emplois, les fonctionnaires éveillent les jalousies, les agressivités et les rancœurs.

Néanmoins, il est regrettable que la presse devienne l'écho ou l'instigatrice de cet esprit d'un étage si bas, qui finira par polluer toute notre société. Car, le mépris est terriblement contagieux.

C'est pourquoi, je ne rendrai pas la pareille et ne dirai pas que les journalistes doivent se « mettre au pas ».

Premièrement, je n'aime pas parler en catégories professionnelles. Le journalisme est constitué d'hommes et de femmes, divers qui, sur une échelle de graduation, va du meilleur au pire. On doit même admirer le courage de certains qui mettent leur vie en danger pour servir non seulement leur profession, mais également nos démocraties dont la liberté de presse est un socle vital.

Deuxièmement « être mis au pas » est précisément ce qui tue la presse d'aujourd'hui. Trop de journalistes rentrent dans l'ordre édicté par les dirigeants et ne deviennent ainsi plus que les porte-paroles d'opinions formatées par le pouvoir. C'est peut-être un confort pour la presse, car en se calfeutrant dans des opinions, la presse ne coûte pas cher, évite bien des procès, et ça peut rapporter gros, surtout si elle met à la une des gros titres qui aiguisent les plus bas instincts des lecteurs.

Enfin, sur le sujet de ce mercredi d'école, j'ai été stupéfaite de voir à quel point la plupart des journalistes en charge de ce dossier (à l'exception du journaliste qui a publié un dossier fouillé dans LE COURRIER du 11 février 2012) n'ont pas procédé à la moindre enquête. Par enquête, je veux dire un journalisme d'investigation où le journaliste vérifie des données, cherche des sources, complexifie son sujet au lieu de se satisfaire de reproduire la vulgate.

Est-ce que l'école est un sujet mineur, qui intéresse peu les journalistes expérimentés, et qui est systématiquement donné aux journalistes stagiaires ou débutants ? C'est une hypothèse, mais même si elle se vérifie, n'incombe-t-il pas au rédacteur en chef d'assumer au final la teneur de son journal ?

En définitive, je regrette que le journalisme d'investigation soit de plus en plus abandonné (du moins dans notre presse locale). Car il constitue non seulement les lettres de noblesse de cette profession, mais plus encore un garde-fou contre les dérives des pouvoirs politiques et la condition pour que la liberté de la presse puisse survivre !

 

 

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