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Ecole et... l'air du temps

Le résultat du vote pour l'école le mercredi est sans ambiguïté. Les électeurs, à 65 %, disent « oui » à l'augmentation de l'horaire scolaire pour les écoliers de 8 à 12 ans. Ce plébiscite est d'autant plus affligeant que toutes les recherches en éducation montrent que les horaires très ou trop chargés péjorent les performances scolaires. Or, Genève, à cet égard, a déjà un horaire scolaire au primaire parmi les plus chargés de Suisse et donc les plus lourds d'Europe.

Comment interpréter ce vote, si ce n'est que l'école fait toujours corps avec les idées de son temps.

 

A notre époque technicienne, obsédée de rendement, les politiques scolaires s'inspirent de l'économie et plus précisément du « management » des entreprises dans lequel l'enfant n'est pas épargné.

Soumise à des indicateurs de performance, l'école est pressée, compressée et l'élève invité à consommer toujours plus d'école. Cette vision de l'école est triste, mais bien dans l'air du temps...

Par ailleurs, il est vrai que, dans ce vote sur l'horaire scolaire, il s'agissait moins de penser au bénéfice de l'enfant, qu'à simplifier la vie des familles, des entreprises (en freinant pour le patronat le temps partiel du travail) et à lutter contre les enfants qui traîneraient dans la rue (tâche qui devrait être prise en charge par les services sociaux). Enfin, si ce vote favorise les carrières des femmes, il aura au moins un aspect positif.

On peut imaginer que le Conseiller d'Etat en charge du DIP va savourer sa victoire. Néanmoins, les contrevérités, qu'il a tout au long de cette campagne diffusées pour faire passer sa loi, lui ont fait perdre tout crédit auprès du corps enseignant et sans doute aussi au sein d'une partie de la population. Discréditer si gravement l'école genevoise pour une personne qui devrait la diriger est une faute grave et impardonnable. Mais il est vrai que penser l'éducation est difficile, manipuler l'opinion publique l'est un peu moins !

Enfin, les enseignants du primaire ont mal su défendre les élèves et n'ont pas réussi à faire comprendre combien cette augmentation de l'horaire scolaire va dégrader (encore un peu plus) l'encadrement des élèves. Secoués par les accusations incessantes (d'être paresseux, de défendre leurs privilèges...), pas soutenus par les enseignants du secondaire, les enseignants du primaire n'ont pas réussi à s'engager suffisamment dans cet enjeu majeur de l'école genevoise. Il faut reconnaître que la manipulation des chiffres par le pouvoir qui a su user d'un ton culpabilisant (faire croire que l'écolier genevois est le cancre de la Suisse !) a naturellement favorisé une attitude défaitiste chez les enseignants du primaire. C'est d'ailleurs, au-delà de ce vote, l'aspect le plus inquiétant pour l'avenir de notre école.

Car, enseigner, ce n'est pas simplement transmettre le plus longtemps possible et le maximum de connaissances, mais c'est être capable d'exciter l'intelligence des enfants et d'enflammer leur désir d'apprendre. L'enthousiasme est le grand levier de l'éducation et de l'instruction. On semble l'avoir oublié dans ce vote où une certaine éthique a fait défaut.

Que l'on puisse dans les négociations futures sur l'école mettre l'élève au centre de nos débats !

 

 

 

 

 

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