Salerno, Beer & Co.
Dans la Tribune de Genève de ce week-end sont épinglées les méthodes pour le moins discutables de Madame Salerno, "ex mairesse" de Genève, qui aurait imposé à ses collaborateurs, non seulement une soumission, mais une participation à sa campagne électorale, qui irait jusqu'à exiger de ses employés (ou du moins de l'un d'eux, en charge de la communication de son département) de rédiger des papiers pour le journal du PS, d'alimenter, pour sa campagne personnelle, ses comptes Facebook et Twitter et, plus grave encore, de charger cet employé d'aller surfer sur le site de la Tribune de Genève, sous pseudonyme, pour "descendre" les adversaires politiques de la magistrate.
Ne connaissant pas le dossier, je ne me prononcerai pas sur la culpabilité ou non de Madame Salerno.
A la justice de faire son travail !
Mais, s'il s'avère, après enquête, que la magistrate a abusé de ses fonctions et commis un délit dans l'utilisation des deniers publics, la faute est suffisamment grave pour que cette élue ne puisse pas s'en tirer par une entourloupette (en clamant : « C'est pas moi, c'est elle » !) soit en rejetant la faute sur une de ses cadres.
Lorsqu'un grave dysfonctionnement est avéré dans un Service, n'est-ce pas la tête qui doit tomber ? Le scandale récent, créé par le trader d'UBS à Londres dont le directeur, dans la foulée, a dû démissionner, est un bon exemple de cette déontologie.
Si, au contraire, l'enquête blanchit totalement Mme Salerno, les médias seront alors dans un mauvais pétrin...
Toutefois, cette affaire m'amène à élargir le problème et à poser une question plus générale.
Peut-on établir une frontière entre la communication d'un Service et la manipulation de l'opinion publique ?
Où est, en effet, la limite entre informer et désinformer ou manipuler l'opinion par le biais de techniques de communication existantes, que peuvent aisément s'approprier ceux qui sont au pouvoir ?
A ce sujet, j'aimerais mentionner le cas du « Magazine d'information du Département de l'Instruction publique » intitulé : "Les Clefs de l'école". Cette revue semestrielle, créée en 2008, tirée à plusieurs centaines de milliers d'exemplaires, n'est pas adressée exclusivement au personnel du DIP ou aux parents des élèves fréquentant l'école publique, mais arrose littéralement la population genevoise, y compris celle qui n'a pas d'enfant !
Si, le Chef du DIP, en publiant cette revue, ne commet pas, à proprement parler, un abus, on peut se demander si l'argent des contribuables peut être utilisé uniquement pour valoriser sa politique scolaire sans laisser de place à la moindre critique ou objection.
A cet égard, il serait donc plus exact de nommer cette revue : "La Clef de l'école", tant le regard projeté sur l'école est cadenassé et ne passe que par la serrure de M. Beer.
Qu'il s'emploie à l'huiler !