Directeur d’école avec une bonne tête
La Tribune de Genève de ce samedi-dimanche 20-21 novembre 2010 consacre presque deux pages entières à l'agression commise à Rome par des étudiants dans le cadre d'un voyage d'études. En prime, elle nous offre deux photos...
deux photos du directeur du Collège et Ecole de commerce André-Chavanne : l'une en première page et la seconde d'une dimension honorable (un gros plan de 23cm/15cm) en page 3. L'image, devient-elle à ce point le vecteur principal de l'information ou bien la journaliste en charge du dossier, en panne d'inspiration, voulait-elle cacher ce blanc qu'elle ne saurait voir ? Nous ne le saurons pas. Et, tant pis ! Car, il est vrai que le bonhomme a une bonne tête ! En outre, ses propos retenus et mesurés sur cette triste affaire montrent qu'il doit être un excellent directeur.
En lisant ce papier, on apprend que l'école André-Chavanne accueille 2000 (deux mille) élèves. On peut faire l'hypothèse que le nombre d'enseignants doit également être élevé, entre 200 et 300. On comprend qu'une telle structure nécessite un directeur et même des directeurs adjoints, d'autant plus qu'au secondaire, les enseignants ont des horaires différents les uns des autres.
Tout autre est le cas de l'école primaire où les bâtiments sont souvent de petite dimension. Aussi, les 93 directeurs (ou directrices) du primaire n'ont assurément pas une charge de travail aussi lourde que ceux du secondaire. A cet égard, dès 16 classes à encadrer, un directeur, au primaire, peut être engagé à plein temps (une école avec 16 classes doit représenter environ 320 élèves et une vingtaine d'enseignants). Lorsque l'on sait qu'un directeur du primaire, en classe salariale 24 (plus élevée que celle d'un Professeur Chargé de cours à l'Université de Genève !) peut avoir un traitement annuel de FRS 208'204.- ou même de FRS 236'076.- (Traitement Super maximum, indiqué dans l'échelle des traitements 2010) auquel se rajouterait le 13e salaire, on comprend comment l'argent est gaspillé au sein du DIP. Il est en effet indécent d'avoir des directeurs avec une charge de travail si légère et parfois d'autant plus légère qu'une propension à déléguer le travail aux enseignants se manifeste dans beaucoup d'écoles. En clair, on comprend comment certains directeurs ou directrices du primaire peuvent arriver à l'école, le matin, bien après le corps enseignant (c'est le cas aussi des directeurs à temps partiel) et quitter l'école, en premier, vers 16h.
Il est aisé de réaliser que la nomination de ces directeurs au primaire représente un véritable gaspillage financier qui s'est fait au détriment de la mise en place des mesures d'accompagnement des élèves en difficulté.
Il est par conséquent urgent de repenser cette fonction de directeur ou directrice à l'école primaire. Qu'il y ait un directeur ou une directrice dans chaque établissement scolaire, pourquoi pas, si une personne de référence semble être devenue, aujourd'hui, si indispensable.
Mais Genève ne peut pas se permettre de dilapider son argent public. Aussi, ces directeurs devraient, comme partout ailleurs, assumer également une charge d'enseignement. Dans presque toute la Suisse et même en France (qui sert si souvent de modèle à Genève pour sa politique scolaire !), les directeurs d'école sont en charge d'une classe ou assurent une part d'enseignement avec des décharges d'heures, calculées en fonction de la taille de l'établissement scolaire.
L'exception à cette règle, je l'ai trouvée dans le canton de Vaud. Canton rural qui rassemble un vaste arrière-pays, Vaud a souvent des écoles immenses. L'école du Prélaz, par exemple, (au N-W de Lausanne) fréquentée par des élèves de 4 à 11 ans, est un établissement avec 1450 élèves et presque 200 enseignants. Elle possède 75 classes dont 26 d'école enfantine, réparties dans 9 bâtiments (données tirées dans l'Echo Magazine, n° 22 du 3 juin 2010). La taille de l'établissement peut donc expliquer qu'un directeur soit déchargé de tout enseignement. Seulement voilà, Genève ne connaît pas d'école primaire avec une telle configuration. Dispenser d'enseignement les directeurs peut être, par conséquent, considéré comme un vrai gaspillage financier.
Mais, on sait combien les socialistes aiment dépenser l'argent, surtout lorsqu'il s'agit de l'argent public...