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politique - Page 13

  • Hodgers manque sa cible !

    Vendredi 21 décembre 2018, aux INFOS de la RTS (Le 19.30), Antonio Hodgers, président par intérim du gouvernement genevois, a commis une faute grave en s’arrogeant le droit de jouer au juge, au nom de la morale et de l’éthique. Sans la moindre réserve, M. Hodgers s’est érigé en censeur et a haussé le ton. Pour ma part, j’attends que le Ministère public rende ses conclusions pour porter un jugement sur Pierre Maudet.

    Cela étant, d’une manière générale, je trouve qu’une faute doit toujours être jugée à l’aune de l’intention. Est-ce que celui qui a commis une erreur ou un délit l’a fait dans une intention délibérée de nuire ? Question que d’ailleurs la justice prend en compte en distinguant la condition objective ou subjective d’une infraction.

    A cet égard, le discours moralisateur et perfide d’Antonio Hodgers est intolérable. Prenant en effet la parole de son plein gré, M. Hodgers non seulement ne laisse aucun droit de réponse à Pierre Maudet, mais encore oublie (ou au contraire y songe d’une manière obsédante…) la fonction de président de l’Exécutif genevois qu’il occupe.

    Avec son prêche, Antonio Hodgers trahit non seulement nos institutions, mais plus encore notre Constitution. En effet, tant que le Ministère public n’a pas rendu ses conclusions, tout citoyen (qui plus est le président de l’Exécutif genevois !) doit respecter l’institution juridique et ne pas condamner quelqu’un à la place de la justice.

    Quant à la Constitution, le principe de collégialité est un principe qui y est inscrit. Il veut que « les membres d’un gouvernement soient égaux en droits, et qu’ils exercent leurs fonctions gouvernementales en tant que collège » (art. 177 Cst). L’idée du principe de collégialité est de permettre qu’un gouvernement puisse se faire de manière consensuelle avec des compromis, puisque les membres de l’Exécutif ne doivent plus être au service de partis politiques, mais au service de l’Etat.

    Pourquoi donc Antonio Hodgers sort-il d’une réserve qu’on serait en droit d’attendre de celui qui est, temporairement, la plus haute personnalité officielle de notre République et Canton de Genève ? Se sent-il investi d’une nouvelle mission ? Que veut-il provoquer avec son sermon ?

    Parlant en son nom propre et non pas au nom du Conseil d’Etat, Antonio Hodgers ne va certes pas amener, avec ses propos tonitruants, de la sérénité au sein du gouvernement. En rompant son devoir de collégialité, Antonio Hodgers faillit à sa fonction. En revanche, Antonio Hodgers, qui voulait avec son pseudo prêche atteindre Pierre Maudet, manque sa cible ! Son attaque, tel un boomerang, lui reviendra en pleine figure !

    Assurément, si la population peut pardonner ou comprendre que l’on puisse faillir dans la vie, y compris dans un parcours politique, elle est en revanche beaucoup moins indulgente avec ceux qui trahissent.

    D’autant plus que, n’ayant pas réussi à faire preuve de retenue, Antonio Hodgers qui hurle avec les loups et lynche Pierre Maudet comme le fait, avec jubilation et ferveur, l’extrême gauche de l’échiquier politique (Cf. les insinuations d’un Batou ou d’un Vanek) se montre indigne d’assumer la fonction politique qu’il occupe. A-t-il ainsi oublié avoir été sanctionné par le Grand Conseil, qui refusa de l’élire à sa présidence pour ses agissements durant le G8 ?

    Certaines mauvaises langues dans la République de Genève disent qu’Antonio Hodgers agirait par cupidité et envie de conserver la place de président de l’Exécutif genevois qu’il occupe actuellement par intérim. Ayant pris goût à cette place, il ne souhaiterait pas que Maudet puisse reprendre l’uniforme de président, d’où les boulets incendiaires qu’il lance contre ce conseiller d’Etat.

    Mais, nul doute, qu’en voulant jeter son discrédit sur Pierre Maudet, Antonio Hodgers aura sapé la confiance de beaucoup de Genevois qui jugeront qu’Antonio Hodgers, en se conduisant d’une manière si immature, n’est plus très crédible.

    Bref, c’est pas très beau tout ça ! Surtout avant Noël !

  • Enfin de la dignité en politique !

    La semaine passée, j’ai suivi l’élection de nos deux nouvelles conseillères fédérales : Viola Amherd et Karin Keller-Sutter. Les hommages aux conseillers fédéraux sortant et les discours prononcés avec un savant dosage d’italien, d’allemand et de français ont été poignants. Enfin, Johann Schneider-Ammann, qui avait rappelé au monde entier que « rire est bon pour la santé », a apporté une touche d’autodérision bienvenue durant cette journée qui marquera l’histoire de la Suisse. Que notre pays est béni avec son système politique qui permet de trouver un équilibre entre les partis et les régions, en pratiquant l’art du consensus. Pour le PLR, qui n’avait jamais eu de femme au gouvernement depuis Elisabeth Kopp, soit depuis trente ans, l’élection de Karin Keller-Sutter, politicienne brillante et influente, est un triomphe qui met un peu de baume au cœur. Quel contraste avec la gestion calamiteuse de « l’affaire Maudet », véritable danse de Saint Guy avec pirouettes et grands écarts, qui a ridiculisé le parti ! En effet, la présidence du PLR genevois annonçait, un jour, en raison de la présomption d’innocence, qu’aucune démarche ne serait prise envers Pierre Maudet. Le lendemain, sans élément nouveau, elle agitait l’éventuelle demande de démission de Pierre Maudet. Affirmation démentie aussitôt auprès des journalistes qui se bousculaient au portillon du PLR !

    Personne ne conteste que Pierre Maudet ait commis une erreur en acceptant une invitation à Abu Dhabi et en donnant des explications maladroites. En revanche, les attaques disproportionnées, incessantes, ainsi que les coups bas, portés même par certains de sa famille politique, sont honteux. Ne parlons pas des adversaires politiques, Batou et Vanek en tête, dont on ne saurait attendre autre chose ! Dans cette curée, où les plus implacables envers Pierre Maudet sont parfois de jeunes PLR, qui lui doivent leur carrière, pas de petits coups ! Est-ce un nouveau complexe d’ Œdipe où se joue la mort du père pour lui ravir sa place…

    Comment expliquer autrement les fuites dans la presse d’informations confidentielles : contenu des séances du comité directeur PLR, voire contre-vérités, jetées en pâture à des journalistes ravis d’alimenter les dérives émotionnelles de notre époque, comme la prétendue découverte d’une association “secrète” où de l’argent aurait été versé. Cette décision de transfert du solde (après la part versée à la nouvelle entité PLR Ville de Genève) a été prise à l’unanimité des membres présents lors de la dernière assemblée générale des Radicaux Ville de Genève en 2011 et notifiée dans son procès-verbal. Faut-il préciser qu’à cette assemblée générale, participaient quelques délateurs zélés, qui, aujourd’hui, veulent la tête de Maudet, et que cette association était un secret de polichinelle au sein du PLR !

    Que d’accusations envers Pierre Maudet ! A suivre le feuilleton journalistique, Pierre Maudet aurait même opéré à la place du professeur Philippe Morel ! Heureusement l’opération s’est bien déroulée, sinon PM (Pierre ou Philippe, à vous de choisir, les deux étant des têtes qui dépassent et sur lesquelles, certains s’acharnent) aurait été poursuivi pour homicide involontaire…

    Bref, cet acharnement médiatique aura fini par énerver les Genevois ! Et, ce n’est pas l’intervention de la présidente du PLR Suisse, Petra Gössi, réclamant, au TJ de la RTS, la démission de Pierre Maudet, qui aura calmé le jeu ! Si cette intervention a donné une visibilité à Petra Gössi, jusque là inconnue des Romands, le PLR n’en sort pas grandi. Notre fédéralisme n’est-il plus une valeur du PLR ? Par ailleurs, de nombreux Genevois (et des Romands !), y compris des PLR, n’apprécient guère de recevoir des leçons de Berne. En revanche, si la présidente nationale du PLR veut s’occuper de Genève, qu’elle plaide à Berne pour que Genève cesse d’être bientôt le seul canton contributeur d’une péréquation financière fédérale, nommée abusivement : « péréquation équitable et solidaire » ! Là, elle gagnerait quelque sympathie…

    Pour revenir à notre affaire, j’avoue que, si j’ai toujours reconnu à Pierre Maudet une énergie phénoménale, un courage et un engagement absolu pour la République, servi par un talent d’orateur hors du commun, je n’étais pas une inconditionnelle de ce politicien. Pour l’ancienne libérale que j’étais, Pierre Maudet m’apparaissait parfois trop sûr de lui, trop directif. Certes, son assurance était, en quelque sorte, le défaut de ses qualités.

    C’est pourquoi, je ne dirais pas que Pierre Maudet garde toute mon estime, mais plutôt qu’il a, suite à sa mise à mort programmée et au jeu de massacre subi, gagné mon estime ! De même que la solidité d’un marin se révèle dans la tempête, de même la qualité d’un homme se manifeste dans l’adversité et les épreuves. Et là, il faut reconnaître que ce brillant conseiller d’Etat se conduit, dans cette tourmente, d’une façon digne et admirable. Ne s’est-il pas exprimé, à la dernière assemblée des délégués du PLR, avec une clarté et un esprit de concision exceptionnel sur la nouvelle loi pour la laïcité, qui montre combien Pierre Maudet reste fidèle à la République. Son discours a déclenché les applaudissements nourris de toute l’assemblée.

    Tant que le Ministère public n’aura pas rendu les résultats de son enquête, Pierre Maudet aura mon soutien. Fidèle aux valeurs libérales humanistes, qui m’ont fait entrer en politique, j’exècre notre époque qui a substitué au slogan des années 68 « il est interdit d’interdire » celui de « il est interdit de faillir ». D’ailleurs, si on exigeait la démission de tous les politiciens qui ont commis des erreurs (dont certaines graves, Cf. mon précédent billet sur le sujet), les parlements deviendraient déserts.

    Déplorable temps qui favorise les persécutions et les condamnations avant tout jugement ! Qui, au nom de la transparence, permet de détruire quelqu’un ! À cet égard, je suis effarée de voir que partout s’insinue une suspicion omniprésente dans les moindres pans de vie avec invectives et surenchères de dénonciations (souvent anonymes), favorisées par les réseaux sociaux. Et la presse, souvent complaisante, s’y vautre !

    En tout cas, pour moi, celui qui perd son humanité n’a rien à faire en politique…

  • « Striptease comptable » de la responsable des finances

    Les Genevois ont découvert, ahuris, que leurs magistrats confondaient allégrement prérogatives politiques et avantages personnels.

    Ainsi, a-t-on appris par la Cour des comptes que nos magistrats, qui pourtant bénéficient d’une allocation annuelle de la vie chère de 6193.- (!) et d’un salaire annuel de 254'000 francs, faisaient passer leurs dépenses de confort sur le dos des contribuables. Des milliers de frais de taxis par là, quelques dizaines de milliers de frais de téléphone ailleurs, et, cerise sur le gâteau, des frais de bouche dans des bars à champagne.

    La Cour des comptes a révélé, par ailleurs, que les magistrats de la ville avaient freiné, pour ne pas dire entraver, son travail d’investigation. Pris, mais pas contrits, les cinq conseillers administratifs, lors d’une conférence de presse hallucinante, ont expliqué avec détachement qu’ils avaient des circonstances atténuantes : le travail est dur (ils peuvent travailler le week-end !) et implique bien des frais. Madame Salerno a même déclaré qu’il était tout à fait normal de dépenser plusieurs milliers de francs de taxi « quand on est une élue femme », car en tant que telle, elle-même et Madame Adler, devaient souvent rentrer se changer pour assurer une représentation ! Mais de qui se moque-t-elle ? Sans aucun doute des femmes, cadres ou simples employées, mères de famille ou non, qui doivent se battre tous les jours, jonglant d’un rôle à l’autre, sans pouvoir s’accorder cet avantage de confort, payé par leur employeur.

    Loin de saisir la gravité de la situation, Madame Salerno estime de surcroît qu’il ne serait pas adéquat de se soumettre à « un striptease comptable » (sic !) sans cautionner une société de défiance. Au-delà du caractère machiste d’une telle métaphore et de son inadéquation vu le contexte, la responsable des finances de la Ville de Genève oublie que les élus du peuple sont dans l’obligation de lui rendre des comptes. Et, si la magistrate se targue d’être la moins dépensière des cinq magistrats, cela ne l’exonère en rien. En effet, c’est moins le montant qui pose problème, que son allocation. Alors oui, de la même manière qu’un contribuable ou un employé doit rendre des comptes à l’administration fiscale ou à son employeur, la population, qui a été lésée, doit pouvoir retrouver confiance dans ses institutions politiques et exiger un “striptease intégral” de ces conseillers municipaux, pour reprendre la délicate métaphore de la magistrate.

    Pour retrouver un peu de sérénité en Ville de Genève, il est indispensable d’instaurer un contrôle financier sérieux et d’exiger que la commission des finances du conseil municipal en Ville de Genève puisse avoir le détail des dépenses de la responsable des finances en Ville de Genève et des autres magistrats sans se satisfaire d’une tentative de sortie de crise par une unique (et simple) proposition de règlement.