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Genève - Page 11

  • On aimerait bien oublier Pierre Ruetschi !

    Bien des lecteurs de la Tribune de Genève apprécient que Pierre Ruetschi ne soit plus le rédacteur en chef de ce journal. Ses billets excessifs ont fini par en irriter plus d’un ! Pourtant, chaque semaine, il continue d’écrire un article, souvent en première ou deuxième page de « La Julie » !

    Sa dernière « Chronique » (du 29.03.2019) « Maudet contre-attaque en attendant le pactole » illustre son style tendancieux et fielleux, qui n’apporte au lecteur aucune information nouvelle. N’ose-t-il pas écrire, dans ce billet, que les motivations de Pierre Maudet seraient bassement matérielles, et que « durer n’est pas pour lui (Pierre Maudet) une question d’honneur, mais surtout d’argent » ? Quant aux calculs alambiqués du journaliste qui spécule sur la durée de vie de Pierre Maudet et la somme que sa rente pourrait lui rapporter, ils sont de mauvais goût et sans intérêt !

    Pierre Ruetschi n’est-il pas conscient qu’une question, une interprétation ou même le choix d’un sujet révèle surtout l’univers mental de l’émetteur ? En rabâchant les mêmes histoires et en s’acharnant sur son sujet de prédilection, ne donne-t-il pas l’impression d’être un journaliste qui a des TOC (troubles obsessionnels compulsifs) ?

    Enfin à suivre ce chroniqueur, qui plaide pour une immunité journalistique, on pourrait croire qu’un rédacteur n’a aucun compte à rendre. Pourtant, si un journaliste du « Tages-Anzeiger » a rédigé un article dans lequel il s’épanche sur Pierre Maudet avec des sous-entendus qui relèvent de la diffamation, n’est-il pas juste qu’un droit de réponse soit accordé à celui qui est calomnié ? Le refuser est une erreur de la part de l’éditeur qui force alors le lésé à utiliser la voie juridique pour se défendre.

    Respecter les devoirs du code déontologique du journalisme (vérifier et contrôler l’authenticité des informations) est d’autant plus crucial dans cette profession qu’elle est actuellement mise à mal par la perte de confiance dans les médias.

    Or, n’oublions jamais qu’une “bonne” presse (qui concilie liberté, éthique et devoir d’informer sans manipuler avec en canevas : la quête inachevée de la vérité) est l’alliée indispensable de nos démocraties. A cet égard, des journalistes, pour défendre notre droit à l’information, sont des héros contemporains qui, dans certains endroits de la planète, risquent leur vie.

    Assurément, la plume de Pierre Ruetschi n’est pas de cette trempe ! Aussi, peut-on se demander pourquoi et jusqu’où l’éditeur peut cautionner cette déferlante anti-Maudet ?

     

                                                                                       

     

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  • Faire connaître le « cancel », quartier juif médiéval de Genève

    Genève possède des pans d’histoire extraordinaires, insuffisamment valorisés. Il est vrai que, dans la Rome protestante, on croit souvent que l’histoire de Genève commence avec la Réforme. La motion (M-1250) de M. Thévoz : « Pour que Genève honore la mémoire de l’un des plus vieux ghettos d’Europe », étudiée au sein de la Commission des arts et de la culture (CARTS) de la Ville de Genève, est un aiguillon bienvenu pour (re)visiter notre histoire.

    Néanmoins, faire un travail de mémoire est chose périlleuse !

    Or, prétendre que le quartier juif médiéval de Genève, nommé « cancel », fut « l’un des plus vieux ghettos d’Europe » voire « le plus vieux ghetto du monde », est une erreur historiographique, qui malheureusement circule sans retenue.

    Comme l’a rappelé, à la CARTS, M. Franco Morenzoni, médiéviste, Professeur à l’Université de Genève, on ne dispose que de peu d’éléments sur le quartier juif de Genève. La présence des juifs est attestée par des sources, dès la fin du XIIIe siècle. Cette petite communauté juive semble devenir plus importante à la fin du XIVe siècle, lorsque les juifs sont chassés du royaume de France. C’est en mai 1428 que date la première mention d’un « cancel », situé à la Place du Grand-Mézel, et qui sera une mesure coercitive pour les juifs, obligés d’intégrer cette juiverie. Néanmoins, la question de savoir si la juiverie de Genève fut un quartier fermé est épineuse. Si les statuts de 1430 indiquent bien une volonté de créer un quartier juif fermé, on ne sait pas si ces mesures ont été appliquées. En revanche, on sait que le « cancel » a duré jusqu’en 1490, année où les juifs sont expulsés de Genève pour ne pouvoir y revenir que trois siècles plus tard !

    Quant au terme « ghetto », si chargé (qui renvoie aux ghettos de Venise et de Varsovie), ce mot, qui n’existait pas au Moyen Âge, ne reflète pas la réalité médiévale. Cet anachronisme doit être banni du contexte genevois, car il nuit au travail de mémoire. Aussi, cette motion, acceptée par la majorité des commissaires de la CARTS, a été amendée. Amendement qui stipule d’honorer l’histoire de ce cancel d’une manière factuelle (sans le nommer « ghetto ») et dans le contexte européen du XVe siècle.

    L’histoire n’a pas à apporter un récit policé aux écheveaux du passé, mais bien plutôt de nous surprendre et de provoquer la pensée. Marquer une ville avec ses repères historiques est donc important. C’est pourquoi, j’ai déposé la motion (M-1372) : « Un parcours urbain pour notre passé ». Celle-ci demande aux autorités de créer avec d’éventuels partenariats public-privé des supports (panneaux, poteaux ou autres) où des textes en français et en anglais, accompagnés d’images, permettraient grâce à une technique numérique de découvrir des lieux emblématiques de notre Cité, de mieux connaître notre passé et d’approfondir certains faits historiques parmi lesquels le « cancel » aurait évidemment une place.

    Ce « parcours urbain pour notre passé », en valorisant notre histoire, nous permettra de nous frotter à des récits insolites, de nous étonner et peut-être de nous ouvrir à l’Autre.

     

    Ce billet a été publié, le 20 février 2019, sous le titre « Un lieu mémorable mais pas un ghetto », dans le Face-à-Face de la Tribune de Genève, intitulé : « Quartier juif à l’honneur ». En préambule, le journaliste écrit : « Le Conseil municipal de la Ville de Genève s’est penché longuement sur le passé d’un coin de la Vieille-Ville où la communauté juive résidait au Moyen Âge. Une motion demande au Conseil administratif d’honorer ce passé par un signe tangible. Deux conseillers municipaux expliquent leur vote. L’une soutien la motion dans sa dernière version amendée (sans le mot ghetto), l’autre s’est abstenu. »

                                                   

     

     

  • Retour des « Promotions » en Ville de Genève  

    Depuis vingt ans, suite à la lubie d’un magistrat socialiste, le terme « Promotions » a été remplacé, en Ville de Genève, par celui de « Fête des écoles ». Hier, le conseil municipal genevois a voté le retour du mot « Promotions ».

    Créé sous Calvin, le terme de « Promotions » fait partie de notre patrimoine culturel immatériel depuis donc le XVIe siècle. A cet égard, la Ville de Genève était l’une des rares communes du canton à avoir modifié cette terminologie historique et savoureuse pour la remplacer par l’expression, plutôt niaise, de « Fête des écoles ».

    Bon, à Genève, c’est vrai, il y a une gauche qui ambitionne de révolutionner notre société, et qui, pour arriver à ses fins, s’en prend au langage qu’elle veut corseter. A cet égard, rappelons que les employés de la Ville de Genève doivent user d’un langage épicène ainsi que de l’écriture inclusive. Et, pour ne rien laisser au hasard, des cours de formation sont donnés au personnel de la Ville !

    Pour revenir aux « Promotions », c’est en 1999 que M. Tornare, magistrat socialiste et maire de Genève, trouvant que l’appellation « Promotions » est discriminatoire, et qu’elle pourrait traumatiser les élèves qui ne passaient pas leur année, décide de censurer cette expression. Pourtant, avouons que cette inquiétude de perturber des écoliers ne devait se loger que dans la tête du magistrat et de ses acolytes.

    Faites l’expérience et demandez à un écolier s’il est promu cette année ? « Pro quoi… » risque bien de répondre l’enfant qui ne doit guère connaître ce mot et encore moins, par conséquent, établir une relation entre le terme « les Promotions » et le fait de passer son année scolaire (dont l’école genevoise a, par ailleurs, presque supprimé les doublements).

    Bref, il y a vingt ans, M. Tornare censure donc ce terme qui ne lui plaisait pas pour le remplacer par celui de « Fête des écoles » qui n’a jamais circulé, il faut l’avouer, qu’autour des Bastions et dans certaines bouches de la gauche.

    En effet, la population genevoise continue largement d’utiliser le terme « Promotions ». Quant aux enfants, ils parlent le plus souvent des « Promos » !

    A cet égard, il est sans doute juste de penser que cette résistance de la langue est réconfortante. Elle montre que les mots ne sont pas de petits soldats à mettre au garde à vous de nos idéologies !

    Jusqu’où d’ailleurs peut aller se nicher la tyrannie de ceux qui défendent une idéologie ? Il paraît que certains Vegans veulent maintenant purifier la langue et expurger toutes les expressions où les noms d’animaux sont employés comme dans : « donner sa langue au chat », « prendre la taureau par les cornes », « être myope comme une taupe », etc. sous prétexte de nous forcer à respecter les animaux et de ne pas abuser d’eux !

    Heureusement, si la langue évolue, elle a, en revanche, une vie propre à laquelle on ne peut rien. Assurément, lorsqu’on veut manipuler les mots et les tordre à nos convenances, ces derniers résistent, se rebiffent et ne se laissent pas instrumentaliser, car la langue, n’appartenant à personne, nous échappe inexorablement ! Et, c’est tant mieux !

    Le retour du terme « Promotions » montre combien il est difficile de plier la langue, de la forcer, de la mettre sous tutelle, de la violer pour servir une cause idéologique.

    Toutes les tyrannies commencent par un redressement du langage. On persécute les mots avant d’exécuter les insoumis, les dissidents, les poètes et les “anormaux” ! Mais, c’est aussi par le langage, où se niche l’humour (pensons aux blagues qui circulaient sous cape derrière le Rideau de Fer), que l’on crée un antidote contre la tyrannie.

    Le retour des « Promotions » en Ville de Genève, c’est le retour du refoulé  et une joie pour beaucoup de Genevois attachés à leur patrimoine, et qui se réjouissent que les mots puissent se jouer de nous et de nos illusions réformatrices…