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Genève - Page 13

  • Enfin de la dignité en politique !

    La semaine passée, j’ai suivi l’élection de nos deux nouvelles conseillères fédérales : Viola Amherd et Karin Keller-Sutter. Les hommages aux conseillers fédéraux sortant et les discours prononcés avec un savant dosage d’italien, d’allemand et de français ont été poignants. Enfin, Johann Schneider-Ammann, qui avait rappelé au monde entier que « rire est bon pour la santé », a apporté une touche d’autodérision bienvenue durant cette journée qui marquera l’histoire de la Suisse. Que notre pays est béni avec son système politique qui permet de trouver un équilibre entre les partis et les régions, en pratiquant l’art du consensus. Pour le PLR, qui n’avait jamais eu de femme au gouvernement depuis Elisabeth Kopp, soit depuis trente ans, l’élection de Karin Keller-Sutter, politicienne brillante et influente, est un triomphe qui met un peu de baume au cœur. Quel contraste avec la gestion calamiteuse de « l’affaire Maudet », véritable danse de Saint Guy avec pirouettes et grands écarts, qui a ridiculisé le parti ! En effet, la présidence du PLR genevois annonçait, un jour, en raison de la présomption d’innocence, qu’aucune démarche ne serait prise envers Pierre Maudet. Le lendemain, sans élément nouveau, elle agitait l’éventuelle demande de démission de Pierre Maudet. Affirmation démentie aussitôt auprès des journalistes qui se bousculaient au portillon du PLR !

    Personne ne conteste que Pierre Maudet ait commis une erreur en acceptant une invitation à Abu Dhabi et en donnant des explications maladroites. En revanche, les attaques disproportionnées, incessantes, ainsi que les coups bas, portés même par certains de sa famille politique, sont honteux. Ne parlons pas des adversaires politiques, Batou et Vanek en tête, dont on ne saurait attendre autre chose ! Dans cette curée, où les plus implacables envers Pierre Maudet sont parfois de jeunes PLR, qui lui doivent leur carrière, pas de petits coups ! Est-ce un nouveau complexe d’ Œdipe où se joue la mort du père pour lui ravir sa place…

    Comment expliquer autrement les fuites dans la presse d’informations confidentielles : contenu des séances du comité directeur PLR, voire contre-vérités, jetées en pâture à des journalistes ravis d’alimenter les dérives émotionnelles de notre époque, comme la prétendue découverte d’une association “secrète” où de l’argent aurait été versé. Cette décision de transfert du solde (après la part versée à la nouvelle entité PLR Ville de Genève) a été prise à l’unanimité des membres présents lors de la dernière assemblée générale des Radicaux Ville de Genève en 2011 et notifiée dans son procès-verbal. Faut-il préciser qu’à cette assemblée générale, participaient quelques délateurs zélés, qui, aujourd’hui, veulent la tête de Maudet, et que cette association était un secret de polichinelle au sein du PLR !

    Que d’accusations envers Pierre Maudet ! A suivre le feuilleton journalistique, Pierre Maudet aurait même opéré à la place du professeur Philippe Morel ! Heureusement l’opération s’est bien déroulée, sinon PM (Pierre ou Philippe, à vous de choisir, les deux étant des têtes qui dépassent et sur lesquelles, certains s’acharnent) aurait été poursuivi pour homicide involontaire…

    Bref, cet acharnement médiatique aura fini par énerver les Genevois ! Et, ce n’est pas l’intervention de la présidente du PLR Suisse, Petra Gössi, réclamant, au TJ de la RTS, la démission de Pierre Maudet, qui aura calmé le jeu ! Si cette intervention a donné une visibilité à Petra Gössi, jusque là inconnue des Romands, le PLR n’en sort pas grandi. Notre fédéralisme n’est-il plus une valeur du PLR ? Par ailleurs, de nombreux Genevois (et des Romands !), y compris des PLR, n’apprécient guère de recevoir des leçons de Berne. En revanche, si la présidente nationale du PLR veut s’occuper de Genève, qu’elle plaide à Berne pour que Genève cesse d’être bientôt le seul canton contributeur d’une péréquation financière fédérale, nommée abusivement : « péréquation équitable et solidaire » ! Là, elle gagnerait quelque sympathie…

    Pour revenir à notre affaire, j’avoue que, si j’ai toujours reconnu à Pierre Maudet une énergie phénoménale, un courage et un engagement absolu pour la République, servi par un talent d’orateur hors du commun, je n’étais pas une inconditionnelle de ce politicien. Pour l’ancienne libérale que j’étais, Pierre Maudet m’apparaissait parfois trop sûr de lui, trop directif. Certes, son assurance était, en quelque sorte, le défaut de ses qualités.

    C’est pourquoi, je ne dirais pas que Pierre Maudet garde toute mon estime, mais plutôt qu’il a, suite à sa mise à mort programmée et au jeu de massacre subi, gagné mon estime ! De même que la solidité d’un marin se révèle dans la tempête, de même la qualité d’un homme se manifeste dans l’adversité et les épreuves. Et là, il faut reconnaître que ce brillant conseiller d’Etat se conduit, dans cette tourmente, d’une façon digne et admirable. Ne s’est-il pas exprimé, à la dernière assemblée des délégués du PLR, avec une clarté et un esprit de concision exceptionnel sur la nouvelle loi pour la laïcité, qui montre combien Pierre Maudet reste fidèle à la République. Son discours a déclenché les applaudissements nourris de toute l’assemblée.

    Tant que le Ministère public n’aura pas rendu les résultats de son enquête, Pierre Maudet aura mon soutien. Fidèle aux valeurs libérales humanistes, qui m’ont fait entrer en politique, j’exècre notre époque qui a substitué au slogan des années 68 « il est interdit d’interdire » celui de « il est interdit de faillir ». D’ailleurs, si on exigeait la démission de tous les politiciens qui ont commis des erreurs (dont certaines graves, Cf. mon précédent billet sur le sujet), les parlements deviendraient déserts.

    Déplorable temps qui favorise les persécutions et les condamnations avant tout jugement ! Qui, au nom de la transparence, permet de détruire quelqu’un ! À cet égard, je suis effarée de voir que partout s’insinue une suspicion omniprésente dans les moindres pans de vie avec invectives et surenchères de dénonciations (souvent anonymes), favorisées par les réseaux sociaux. Et la presse, souvent complaisante, s’y vautre !

    En tout cas, pour moi, celui qui perd son humanité n’a rien à faire en politique…

  • « Striptease comptable » de la responsable des finances

    Les Genevois ont découvert, ahuris, que leurs magistrats confondaient allégrement prérogatives politiques et avantages personnels.

    Ainsi, a-t-on appris par la Cour des comptes que nos magistrats, qui pourtant bénéficient d’une allocation annuelle de la vie chère de 6193.- (!) et d’un salaire annuel de 254'000 francs, faisaient passer leurs dépenses de confort sur le dos des contribuables. Des milliers de frais de taxis par là, quelques dizaines de milliers de frais de téléphone ailleurs, et, cerise sur le gâteau, des frais de bouche dans des bars à champagne.

    La Cour des comptes a révélé, par ailleurs, que les magistrats de la ville avaient freiné, pour ne pas dire entraver, son travail d’investigation. Pris, mais pas contrits, les cinq conseillers administratifs, lors d’une conférence de presse hallucinante, ont expliqué avec détachement qu’ils avaient des circonstances atténuantes : le travail est dur (ils peuvent travailler le week-end !) et implique bien des frais. Madame Salerno a même déclaré qu’il était tout à fait normal de dépenser plusieurs milliers de francs de taxi « quand on est une élue femme », car en tant que telle, elle-même et Madame Adler, devaient souvent rentrer se changer pour assurer une représentation ! Mais de qui se moque-t-elle ? Sans aucun doute des femmes, cadres ou simples employées, mères de famille ou non, qui doivent se battre tous les jours, jonglant d’un rôle à l’autre, sans pouvoir s’accorder cet avantage de confort, payé par leur employeur.

    Loin de saisir la gravité de la situation, Madame Salerno estime de surcroît qu’il ne serait pas adéquat de se soumettre à « un striptease comptable » (sic !) sans cautionner une société de défiance. Au-delà du caractère machiste d’une telle métaphore et de son inadéquation vu le contexte, la responsable des finances de la Ville de Genève oublie que les élus du peuple sont dans l’obligation de lui rendre des comptes. Et, si la magistrate se targue d’être la moins dépensière des cinq magistrats, cela ne l’exonère en rien. En effet, c’est moins le montant qui pose problème, que son allocation. Alors oui, de la même manière qu’un contribuable ou un employé doit rendre des comptes à l’administration fiscale ou à son employeur, la population, qui a été lésée, doit pouvoir retrouver confiance dans ses institutions politiques et exiger un “striptease intégral” de ces conseillers municipaux, pour reprendre la délicate métaphore de la magistrate.

    Pour retrouver un peu de sérénité en Ville de Genève, il est indispensable d’instaurer un contrôle financier sérieux et d’exiger que la commission des finances du conseil municipal en Ville de Genève puisse avoir le détail des dépenses de la responsable des finances en Ville de Genève et des autres magistrats sans se satisfaire d’une tentative de sortie de crise par une unique (et simple) proposition de règlement.

     

  • L’Aquarius accoste au Municipal !

    Après une pétition signée par 25'000 citoyens, l’appel de personnalités (une ancienne conseillère fédérale, une ancienne procureure de la Confédération, un ancien président du CICR, un prix Nobel, un évêque…) et l’interpellation déposée au Conseil fédéral, le 26 septembre, par trois conseillers nationaux (la socialiste : Ada Marra, le PDC : Guillaume Barazzone, et le PLR : Kurt Fluri) qui demande au Conseil fédéral que le Département des affaires étrangères (DFAE) enregistre l’Aquarius dans le registre des navires suisses, l’Aquarius a débarqué ce mercredi, bousculant l’ordre du jour du conseil municipal en Ville de Genève.

    Pas étonnant qu’avec son gigantesque tirant d’eau, l’Aquarius ait créé des vagues au sein de ce plénum au point que les élus UDC, MCG et une majorité des PLR ont quitté l’enceinte du conseil municipal. Pour certains, l’issue du vote n’offrait plus le moindre intérêt, puisque le PDC soutenait M. Barazzone. Pour d’autres, la demande d’un débat accéléré de la gauche les a irrités, car ils se sont sentis privés de leur droit de s’exprimer. Néanmoins, à cet égard, aucune irrégularité au niveau du règlement du conseil municipal de la Ville de Genève n’a été commise. Toute délibération peut se faire en débat accéléré s’il est voté par la majorité.

    Ce n’est certes pas la première ni la dernière fois que le conseil municipal de la Ville de Genève  s’empare de sujets sur lesquels il n’a aucune compétence. On peut même dire que ce parlement en a fait sa spécialité. C’est ainsi que les élus de la Ville ont pu discuter des droits de l’homme en Turquie, de l’intervention de l’armée israélienne à la frontière de la bande de Gaza, de Théo, Bastien et Eleonora en attente d’un procès en France, « pour aide à l’entrée d’étrangers en situation illégale sur territoire national… », et bien d’autres sujets encore…

    Néanmoins, lorsque des vies humaines sont en jeu, peut-être faut-il savoir être un peu moins légaliste. Avec la demande d’accorder le pavillon suisse à l’Aquarius, qui émane de citoyens de bords politiques divers, ne nous trouvons-nous pas face à une cause humanitaire, qui dépasse les postures politiques habituelles, et qui peut bien bouleverser l’ordre du jour d’un parlement de manière à envoyer un geste symbolique à la Confédération ?

    D’après les chiffres donnés, l’Aquerius, ce navire humanitaire, a sauvé de la noyade, 30'000 personnes dont 6500 enfants. Avec Genève, berceau de la Croix-Rouge et des conventions de Genève sur les réfugiés, et qui abrite moult organisations humanitaires, la Suisse pourrait se montrer fidèle à sa tradition humanitaire et accorder le pavillon suisse à l’Aquarius. Oui, cela serait souhaitable !

    Mais, est-ce réalisable ?

    D’une part se pose un problème juridique. En effet, pour battre pavillon suisse, un navire doit être Suisse, donc avoir son siège en Suisse. Or, nul doute que l’association SOS Méditerranée, qui exploite l’Aquarius, n’est pas suisse, n’a pas son siège en Suisse et n’a aucune relation particulière avec notre pays. Donner à l’Aquarius le pavillon suisse reviendrait donc à transgresser la loi. Evidemment, la Confédération pourrait décider une dérogation pour octroyer le pavillon suisse à l’Aquarius. Néanmoins, une telle décision fragiliserait la Suisse et pourrait avoir des effets délétères. Par définition, toute loi est obligatoire. Elle a un caractère impératif et ne peut être modifiée en fonction d’aléas, de circonstances ou de causes, fussent-elles de nobles causes.

    La stabilité politique de notre pays est d’ailleurs notre valeur la plus précieuse. Ne la bradons pas !

    Racine ne nous dit pas autre chose avec Titus qui, devenant empereur, ne peut bafouer les lois et doit abandonner Bérénice, car :

    Rome observe aujourd'hui ma conduite nouvelle.
    Quelle honte pour moi, quel présage pour elle,
    Si dès le premier pas, renversant tous ses droits,
    Je fondais mon bonheur sur le débris des lois !

    On pourrait me rétorquer qu’il ne s’agit pas, ici, de littérature, mais de sauver de la noyade et d’une mort programmée des milliers de réfugiés qui se trouvent dans des situations tragiques. C’est vrai !

    D’autre part, accorder le pavillon suisse à l’Aquarius risque de mettre la Suisse en grande difficulté avec l’Europe et plus encore avec l’Allemagne. Rappelons que l’Aquarius est un navire allemand, exploité par l’Association SOS Méditerranée qui a son siège en Allemagne !

    Pourquoi l’Allemagne n’accorde-t-elle pas le pavillon allemand à ce navire ? L’Allemagne est assurément consciente que l’Aquarius est source de conflits en Europe. Plusieurs pays refusent qu’il accoste sur leurs côtes, obligeant ce navire à errer pendant des semaines en attente d’une autorisation d’entrer dans un port. Accorder un pavillon à l’Aquarius, c’est essuyer des tempêtes avec d’autres pays.

    C’est pourquoi, avant que la Suisse ne prenne une décision qui pourrait devenir un piège, laissons l’Europe avancer dans ce dossier de la migration et trouver des solutions plus justes et moins meurtrières comme d’ouvrir une voie légale à la migration.

    Mettre en danger les bons offices que la Suisse sait mener dans le cadre de la politique extérieure comme médiatrice dans la communauté internationale, pour secourir l’Aquarius, pourrait être une tragédie. Experte dans le soutien qu’elle peut apporter dans des négociations de paix (négociations de plus en plus urgentes dans ce monde où les guerres, les crises et les tensions géopolitiques n’ont jamais été si vives), la Suisse peut sauver des millions de vies humaines. Qu’elle ne l’oublie pas dans la décision qu’elle prendra au sujet de cette demande d’un pavillon suisse pour l’Aquarius.

    Aussi, laisserais-je à nos sept sages trancher ce choix cornélien de l’Aquarius. Pour ma part, j’ai préféré, comme conseillère municipale, voter une abstention sur le sujet.