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L’ivresse du pouvoir ou les fourberies de Pagani

Une tempête politique s’abat sur la Ville de Genève, suite à l’arrêt du 21 septembre 2017 de la Chambre constitutionnelle de la Cour de Justice, qui annule l’opération électorale du 24 septembre, relative aux référendums portant sur les coupes budgétaires.

Reconnaissant qu’il y a eu de graves irrégularités dans le matériel de vote, que la brochure “explicative” a été conçue pour tromper les électeurs, le Tribunal a abrogé ce scrutin. Ces violations de la Loi sur l’exercice des droits politiques (LEDP) à Genève sont particulièrement graves et choquantes, car elles ont été commises par Monsieur Pagani, maire de Genève.

Emporté par son impulsivité militante, Rémy Pagani a oublié les devoirs qui incombent à sa fonction de maire : une certaine retenue et une exemplarité dans le respect des lois. Pourtant, n’est-ce pas ce même magistrat qui clamait en séance plénière du Municipal en juin dernier : « J’ai un profond respect pour la démocratie ; à plusieurs reprises ces dernières années, ces derniers mois, les autorités ont fait preuve d’une certaine propension au mépris en ce qui concerne la parole du corps électoral » ?

Ce non respect de la loi est gravissime d’autant plus qu’il n’est pas dû à une négligence ou à une bévue, mais qu’il a été commis, délibérément, pour influencer les électeurs et les amener à voter en faveur des référendums. La faute est inadmissible, car cette manière illégale de procéder entrave la liberté de vote et met en péril notre démocratie.

Après tant d’années au pouvoir, M. Pagani, qui a l’habitude de balayer avec suffisance toute opinion qui s’écarte de l’orthodoxie marxiste, pense que personne n’est plus malin que lui, et qu’il peut faire tout ce qu’il juge bon, sans tenir compte des lois. D’ailleurs, ce n’est pas la première fois que ce bouillonnant politicien agit avec désinvolture et à la limite de la légalité. Lors de la récolte de signatures pour les référendums lancés par son parti Ensemble à gauche (EàG), et qui constituaient les objets communaux de l’opération électorale de ce dimanche, Rémy Pagani s’est montré particulièrement actif. Son engagement n’enfreint pas la loi. En effet, ce n’est pas parce qu’on est magistrat ou maire que l’on perd son statut de citoyen. Il n’y a donc pas d’incompatibilité entre exercer la fonction de maire et aller battre le pavé pour récolter des signatures. En revanche, aller récolter des signatures dans la fête « La Ville est à vous », comme l’a fait monsieur Pagani, transgresse le règlement édicté par la Ville elle-même, qui interdit toute installation de stands politiques ou publicitaires durant cette manifestation. Interrogé par une conseillère municipale sur ce sujet, Rémy Pagani a répondu qu’il n’a pas dressé de stand puisqu’il y est allé avec un chariot mobile. Cette pantalonnade est grotesque !

Pour revenir à la brochure de vote, l’infraction est d’une gravité incommensurable. M. Pagani s’est octroyé le droit de rédiger les commentaires du comité référendaire ainsi que ceux de la minorité du conseil municipal et du conseil administratif. Des passages, mot pour mot, identiques montrent que c’est bien la même plume qui a écrit ces lignes. En outre, le maire n’a apparemment pas jugé nécessaire de faire valider la version définitive auprès de ses collègues, alors même que la Loi sur l’exercice des droits politiques prévoit que le commentaire des autorités doit être rédigé par l’exécutif.

Par ailleurs, l’ « Introduction du comité référendaire » de presque deux pages, du jamais vu dans une brochure électorale, ne respecte pas l’équilibre des parties. Plus grave encore, en évoquant un “programme de démantèlement social et culturel, imposé par une droite irresponsable”, cette introduction, au ton injurieux, grosse de slogans gauchistes, contrevient aux règles de rédaction d’une brochure censée être brève, neutre, explicative et d’une teneur descriptive pour permettre aux électeurs de se forger une opinion sur les sujets soumis au vote.

Enfin, oser écrire que des gratuités (accès au musée, emprunt des livres dans les bibliothèques, accès à des manifestations et concert dans les parcs) seront supprimées est une tromperie ! Ces contrevérités, écrites noirs sur blanc, peuvent d’ailleurs restées incrustées dans les mémoires et fausser les opinions d’une manière durable. De tels agissements mettent en danger notre démocratie. C’est pourquoi, il est juste que monsieur Pagani soit relevé de sa fonction de maire. Mieux encore, les habitants de Genève osent espérer que, dans un sursaut de citoyenneté, M. Pagani y renonce de lui-même.

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