Le poids des notes !
La dernière étude du Prof. Margrit Stamm confirme que les jeunes qui obtiennent des notes moyennes à l’école, voire médiocres, peuvent devenir les meilleurs apprentis et gagner des médailles dans les championnats professionnels internationaux !
Nos jeunes professionnels suisses, qui appartiennent à l’élite mondiale, ont reçu un hommage de Johann Schneider-Ammann, ardent défenseur de la formation duale.
En effet, à l'occasion de la journée SwissSkills 2017, qui se tenait mercredi à Berne et où notre conseiller fédéral en charge du Département fédéral de l'économie, de la formation et de la recherche a remis son prix, au meilleur d’entre eux, Mario Eggerschwiller, Johann Schneider-Ammann a expliqué que : « les délégations lauréates de l'équipe SwissSkills nous rappellent régulièrement que nos jeunes professionnels comptent parmi les meilleurs au monde ».
Pourtant, le poids des notes à l’école est encore écrasant pour obtenir une place d’apprentissage et c’est malheureux !
Rappelons qu’en 2011, Arle avait lancé à Genève une initiative populaire cantonale : « Pour une note de comportement à l’école obligatoire », qui devait figurer dans le bulletin scolaire afin de faire respecter les règles à l’école et de sanctionner les élèves qui nuisent au climat scolaire. A cet égard, ce qui me gênait le plus (Cf. mon billet) et me heurte toujours autant dans cette initiative (qui heureusement n’a pas abouti), c’est que la note de discipline était vantée au nom de son efficacité et de la transparence. Inscrite dans le bulletin scolaire, elle était, pour les initiants, un outil simple, lisible par les parents et par le monde professionnel !
Or, c’est là où le bât blesse. Cet échange “automatique” des données scolaires qui suivraient l’écolier de la maternelle à la fin de la scolarité obligatoire et même au-delà puisque le bulletin scolaire devient de plus en plus le sésame pour entrer dans une formation professionnelle, se révèle humainement dévastateur, dans la mesure où cet échange a, pour effet, de discréditer des jeunes qui, pour avoir été des cancres et des largués à l’école, peinent à trouver une place d’apprentissage.
Cette vision sous-tendue par un impératif de transparence, qui imprègne tous les pans de notre société, y compris l’école qui fait toujours corps avec les idées de son temps, sclérose nos sociétés.
Il est temps de penser la complexité de l’humain et d’admettre qu’un mauvais élève peut devenir un brillant apprenti ou savant (ce n’est pas Einstein qui me contredirait !).
A l’intérieur de l’institution scolaire, je plaide déjà pour qu’un enseignant n’aille pas consulter les précédents bulletins scolaires des élèves qu’il va accueillir afin de ne pas conditionner et figer son regard. Ma position se radicalise encore lorsque ces évaluations, tirées hors du cadre scolaire, sont exploitées pour recruter les apprentis. Se priver de talents et d’insertions sociales a un coût trop élevé !
C’est ce que comprennent l’Union patronale suisse, l’USAM, UBS et Ringier, qui dans un partenariat avec la fondation SwissSkills et le Secrétariat d’Etat à la formation et la recherche, défendent la diversité dans la formation des jeunes et saisissent qu’un jeune peut exceller dans une approche pratique même s’il a été un cancre à l’école.
Que la Suisse continue à donner leur chance à ses jeunes, y compris les largués du système scolaire, et que le patronat assouplisse son mode de recrutement des apprentis, actuellement trop influencé par les notes scolaires !