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Deux euros pour soutenir Hani Ramadan !

En lisant le Courrier des lecteurs de la Tribune de Genève du mercredi 15 juin 2016, j’ai été surprise de lire un billet qui défendait âprement l’Imam du Centre islamique des Eaux-Vives : Hani Ramadan.

Le ton de la lettre est surprenant. La plume est élégante, certes, mais affûtée au vitriol. L’auteur, Yvonne Bercher, critique les réactions qui se sont manifestées suite à l’invitation par une enseignante du DIP de M. Ramadan pour parler de l’islamophobie.

Pour Mme Bercher, ces critiques ne sont que de « l’hystérie institutionnelle ». L’adjectif “institutionnel” est, pour le moins, insolite, surtout juxtaposé au mot hystérie qui désigne, en psychiatrie, une névrose (“hystérie”, en grec, signifie d’ailleurs matrice ou utérus !). Taxer une maladie, qui déclenche des crises émotionnelles, d’institutionnelle ?

Néanmoins, ces termes n’ont pas été choisis au hasard. En taxant les réactions de citoyens, qui osent s’exprimer (comme je l’ai fait dans mon précédent billet) « d’hystérie institutionnelle », l’auteur se prévaut d’un langage savant (médical), mais encore, en creux, elle dénie aux autres (qui ont relevé la sottise de l’enseignante) leur capacité de penser, d’user d’un esprit critique et indépendant, en bref leur volonté libre !

L’avantage d’Internet, c’est qu’il permet facilement de faire des recherches pour trouver quelques repères. Or, en tapant le nom d’Yvonne Bercher, j’ai compris pourquoi elle défendait avec tant de conviction Hani Ramadan.

La dame a indéniablement un joli parcours académique : études de droit achevées par un doctorat. Elle écrit, a beaucoup voyagé et s’est passionnée pour le monde arabe au point d’en apprendre la langue. Yvonne Bercher est aussi une grande admiratrice des Frères musulmans. En 2012, elle écrit un article intitulé : « Les Frères musulmans rayonnent dans la Cité de Calvin » où, elle ne parle pas des exactions commises par ce mouvement islamique, inspiré du salafisme, mais des persécutions qu’il subit:

« Persécutés souvent de manière spectaculaire, non seulement les Frères musulmans ne disparaissent pas, mais ils ressortent de ces épreuves avec une légitimité et une efficacité accrues ».

Elle rappelle aussi que le Centre islamique des Eaux-Vives, a été fondé par le Saïd Ramadan (père de Hani) pour diffuser la doctrine musulmane dans toute l'Europe (Genève, Munich, Londres, Zurich) et guider l'élite intellectuelle arabe, qui en occident, perdait sa spiritualité. 

Quant à Hani Ramadan, Yvonne Bercher dresse avec son « Portrait d’un croyant engagé » un véritable panégyrique. Il est décrit comme :

«…citoyen du monde […] porteur d’une tradition de courage […] sa légitimité, il la tire notamment du fait qu’entre son discours et son comportement de croyant sincère, il n’existe pas la plus petite faille […] ce croyant rayonnant […] avec tristesse, regarde notre société en crise, une société qui, estime-t-il, a perdu la dimension de la vérité ».

Yvonne Bercher montre une grande admiration pour Hani Ramadan, au point de reprendre quelques combats de l’Imam. Dans un magistral renversement de la pensée, ne prétend-elle pas que la laïcité serait finalement une oppression ! Voilà ce qu’on trouve dans son billet du Courrier des lecteurs :

« Paradoxalement, les tenants de la laïcité, au lieu de libérer les consciences, réinventent le blasphème et étouffent un indispensable débat ».

Bref, après avoir parcourru quelques éléments biographiques sur Yvonne Bercher, je comprends mieux pourquoi elle considère que Hani Ramadan n’est pas un Père Fouettard ! Pour elle, il doit davantage être un bienfaiteur… Pourtant, en conviant le Père Fouettard, ce personnage du folklore chrétien, Mme Bercher a fait un superbe lapsus ! Car, si Hani Ramadan n’a peut-être jamais, lui-même, donné de coups de martinet, la doctrine musulmane qu’il professe prescrit bien des châtiments, dont des coups de fouet, donnés sans modération (100 coups de fouet pour certaines “fautes”…) ou encore une mise à mort par lapidation !

Assurément, l’iman du Centre islamique des Eaux-Vives ne doit pas serrer la main d’Yvonne Bercher, car “il n’est pas permis à un homme qui croit en Allah de mettre sa main dans celle d’une femme qui ne lui appartient pas. Toutefois, il peut lui tirer son chapeau !

Si Madame Yvonne Bercher, qui ne porte pas le voile, est pour Hani Ramadan « comme une pièce de deux euros, visible par tous, elle passe d’une main à l’autre », l’Imam doit bien reconnaître qu’elle est, pour lui, une pépite d’or !

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