Laïcité qu'en est-il ?
La loi, qui doit être prochainement votée au Grand Conseil à Genève sur la laïcité, est vivement attendue. En effet, avec les dérives comportementales de quelques fanatiques, la laïcité doit être rapidement redéfinie dans un cadre légal strict et non négociable afin que des responsables, organisateurs et politiciens ne soient pas amenés à accorder des prérogatives ahurissantes comme vient de le faire la direction d’une école secondaire (à Bâle) qui autorise deux élèves musulmans à ne plus serrer la main de leur enseignante.
Un projet de délibération sur la laïcité a été traité à la séance du 9 mars du Conseil municipal genevois suite au cas révélé dans les médias genevois d’une surveillante de musée qui était venue travailler en portant le foulard sans que le magistrat en charge de la Culture ne trouvât à redire. En effet, M. Kanaan argua qu’il préférait privilégier la tolérance tant que la loi cantonale sur la laïcité n’était pas votée.
Ce sujet aurait pu être traité sereinement au sein du Municipal. Toutefois, les provocations de Maria Pérez d’Ensemble à gauche (EàG) qui s’est voilée et de Tobias Schnebli (EàG) qui s’est enturbanné d’un keffieh ont fait dégénérer le débat. Voulant narguer Pierre Gauthier (aussi EàG), grand prêtre ou ayatollah d’une laïcité “pure” (qui prône un espace public éradiqué de toutes traces du religieux), les deux compères ont refusé de se découvrir comme le leur demandait le président du Municipal. Ce dernier a dû donc suspendre la séance jusqu’à ce le Bureau du Municipal vienne avec la décision de clore ce débat et de procéder directement au vote.
Depuis, certains prédisent que le mouvement « Ensemble à gauche » (EàG), après avoir été « À gauche toute », « L’alliance de gauche », « SolidaritéS » songe à changer, une fois encore, de nom pour s’appeler : le GàG (« Guerre à gauche »).
Néanmoins, il est regrettable que cette ambiance délétère ait interrompu ce débat sans qu’aucun conseiller municipal n’ait pu modérer les propos de Mme Salerno qui s’était exprimée longuement sur la question. Si la magistrate a eu raison de rappeler qu’il existe différentes visions de la laïcité : une « laïcité républicaine » de combat, “à la française” et « une laïcité de consensus » ou de conciliation, “à la genevoise”, héritée de James Fazy, elle a eu tort de s’emparer de l’histoire en l’expurgeant de son contexte. A l’époque de James Fazy, ne se côtoyaient, à Genève, que quatre familles religieuses (réformée, catholique nationale/romaine et juive) qui n’avaient d’autres exigences que d’obtenir le droit de cultes et l’accès à l’aide sociale pour tous les citoyens, indépendamment de leur confession. S’emparer de l’étendard d’une laïcité ouverte, “libérale” (sic ! elle a même utilisé ce terme !), pluraliste, comme le fait Mme Salerno pour défendre la “tolérance” envers les communautés religieuses est dangereux. Mme Salerno ne se rend peut-être pas bien compte, qu’en plaidant, au nom du “vivre ensemble”, pour l’adaptation des prestations aux usagers (quand une prestation est de type public ! précise-t-elle), elle accepte de plier la République genevoise à des demandes communautaristes qui mettent précisément en péril cette dernière.
Aujourd’hui, avec la montée de l’islamisme, le contrat de laïcité doit être réexaminé en évitant deux écueils : mettre à l’écart une communauté et se soumettre à des demandes communautaristes en accordant des privilèges particuliers.