Améliorer la formation des enseignants du primaire
La motion du PLR (Parti Libéral Radical), demandant de réduire d’une année la formation des instituteurs genevois a été acceptée par le Grand Conseil. Le Conseil d’Etat devra donc mettre en place, comme partout ailleurs en Suisse, un cursus de 3 ans donnant accès au titre d’enseignant primaire.
Pour Genève, c’est une bonne résolution. Non seulement cette formation, qui n’en finit pas, coûte cher à la collectivité, mais plus encore, elle démotive les futurs instituteurs. Combien d’étudiants, qui suivent à la FAPSE (Faculté de Psychologie et des Sciences de l’éducation) ce cursus d’études, se sont plaints de l’aspect répétitif de cette formation, quand ils ne critiquaient pas la mauvaise qualité et la vacuité de certains cours.
Par ailleurs, ce vote du Grand Conseil genevois rétablit un peu d’équité entre les étudiants genevois et ceux des autres cantons, qui se forment au métier d’instituteur. Pourquoi, les étudiants genevois doivent-ils obtenir 240 crédits pour l’obtention d’un titre professionnel que les autres étudiants en Suisse obtiennent en 180 crédits ?
Une injustice d’autant plus inacceptable, que les collégiens, à Genève, ont déjà une année d’études supplémentaire pour obtenir leur maturité. A cette durée des études secondaires, s’ajoute ce cursus de formation pour devenir instituteurs de quatre ans (qui sera heureusement dans un avenir proche réduit à 3 ans !), allongé souvent encore d’une année.
Car, il faut également tenir compte que, pour entrer dans ces études à Genève, l’étudiant doit déposer un dossier dans lequel il doit faire montre d’une expérience dans le monde éducatif ou dans la prise en charge d’enfants dans le domaine sportif ou de loisir. Cette exigence amène souvent des jeunes à faire, après leur maturité, une année de stages ou de remplacements dans les écoles genevoises.
En définitive, l’instituteur genevois débouche au plus tôt dans sa profession vers 23 ou 24 ans, alors que dans les autres cantons, ils peuvent commencer à enseigner déjà à 21 ans. Cette disparité en Suisse est d’autant moins tolérable que les diplômes d'enseignement sont reconnus sur l'ensemble du territoire suisse. Certains genevois, voyant le gain de temps (et peut-être de qualité) n’hésitaient d’ailleurs pas à aller se former dans la HEP (Haute Ecole de Pédagogie) du canton de Vaud, par exemple.
Il faut le dire et le répéter. Ce qui fait la qualité des études, ce n’est pas leur durée. Allonger inutilement des études, retarder l’entrée dans le monde actif, c’est infantiliser la jeunesse. Or, dans cette profession, où l’enseignant peut jouer un rôle d’identification important auprès de ses élèves, il faut former des instituteurs avec une tête bien faite, qui sauront penser avec rigueur, en ciblant au plus près les objectifs à atteindre, sans se diluer dans des chimères inutiles .
Or, ce qui manque singulièrement dans la formation des enseignants du primaire et peut-être plus largement à notre époque, c’est l’esprit de synthèse. On confond pensée et quantité ! On imagine qu’une “pensée complexe” (expression d’Edgard Morin !) doit s’étendre, déborder de tous côtés, s’expliquer au point d’ennuyer tout le monde (émetteurs et récepteurs !), dire tout et son contraire, alors qu’une pensée est, par définition, complexe sinon elle n’est qu’une opinion, et qu’elle doit avoir de la tenue. Une pensée donc ne se juge pas à l’aune de son étendue, mais de sa pertinence.
Elle ne nécessite pas de longs développements. Boileau, poète, écrivain du XVIIe siècle rappelait déjà que : « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement ».
Pour les études, c’est la même chose, il faut apprendre au futur instituteur à aller à l’essentiel pour couvrir le programme scolaire, sans s’égarer. A cet égard, lorsque je consulte le nouveau Plan d’étude romand (PER), j’éprouve quelques craintes…
Comment, en effet, un plan d’étude, censé exposer en raccourci les notions essentielles et obligatoires que les élèves doivent apprendre durant leur scolarité, a-t-il pu enfler au point de remplir actuellement 3 classeurs fédéraux ?
Est-il assez gros ? Nenni point du tout !
Où va s’arrêter cet esprit trop sérieux qui tue le sérieux ?