Educations sexuelles
28 minutes pour vous déniaiser… Non, ce n’est pas un “Speed dating”, mais une émission radiophonique, “Les Pieds sur terre”, de France culture (présentée par Sonia Kronlund, et diffusée le 20 juin dernier), à écouter absolument, par podcast, en cliquant sur : « Educations sexuelles : la sexualité enseignée aux lycéens ».
Ce “cours”, nommé selon la terminologie des lycées et collèges en France, une « Animation à la vie sexuelle et affective », réserve bien des surprises…
Tout comme en Suisse, cette éducation à la sexualité fait partie des programmes scolaires. A cet égard, Genève a sans doute été pionnière puisque l’éducation sexuelle a sa place à l’école depuis 1965 (trois ans avant 68 !).
Pourtant, plaidant pour que l’éducation sexuelle soit exclusivement l’affaire des familles et qu’elle soit supprimée du cursus scolaire, des citoyens ont déposé en Suisse une initiative populaire : « Protection contre la sexualisation à l’école maternelle et à l’école primaire ».
Rappelons que le terme “sexuel” doit être entendu dans une conception large. A Genève, ces cours, qui ont pour objectif de promouvoir la santé, sont confiés à des professionnels du Service de la santé et de la jeunesse (SSJ). Ils sont adaptés à l’âge des enfants. Dans les classes élémentaires (“enfantines”), ils sensibilisent les élèves au respect de soi et des autres. Par un abord positif, l’élève apprend à développer l’estime de soi. La notion de pudeur est introduite afin que le jeune enfant sache fixer des limites, des repères et apprenne à ne pas répondre à n’importe quelle demande qui pourrait lui être adressée.
Dans l’émission « Les Pieds sur terre », l’animateur s’adresse à des jeunes de 13 et 14 ans du Lycée des Lilas en Seine-Saint-Denis (quartier sensible de France !). Vous serez peut-être choqué de découvrir les représentations de certains jeunes sur les femmes, les hommes et la sexualité. Ces propos, annoncent-ils qu’un glissement de nos sociétés s’opère insidieusement, qui mettrait nos valeurs de liberté et de démocratie en danger ?
L’école n’a-t-elle pas un rôle majeur à jouer dans le domaine de l’éducation sexuelle pour préserver la cohésion sociale ? Censurer cet apport des programmes scolaires véhiculerait d’ailleurs un message nocif, car la violence du non-dit ou de la censure peut être ravageuse…
Au XIXe siècle, dans une préoccupation de santé publique, les pouvoirs publics n’ont pas hésité à utiliser le canal scolaire pour transmettre les nouvelles règles d’hygiène qui découlaient des découvertes de Louis Pasteur.
Aujourd’hui, pour lutter contre des replis identitaires, contre un sexisme résurgent qui emprisonne les femmes et les hommes, il est essentiel de susciter, à l’école, une réflexion sur le respect de soi et des autres, en confiant ces questions à des personnes aussi compétentes que l’est l’animateur de cette émission « Les Pieds sur terre ».
Avec virtuosité, l’animateur sait mener la séance en laissant les élèves s’exprimer tout en leur fixant des repères et en leur faisant prendre conscience que nos représentations déterminent notre sexualité et notre vie affective. Presque sous forme d’accouchement socratique, il ébranle les stéréotypes dont sont gavés certains jeunes, nourris de téléréalité, de violences et de dogmes identitaires.
Provoquer la pensée par le débat, un beau programme qui a sa place à l’école !