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Tondre la classe moyenne !

Le projet d’une nouvelle tarification des crèches de Mme Alder est inquiétant car, une fois de plus, ce sera la classe moyenne qui en fera prioritairement les frais.

Si la diminution des tarifs pour les familles au revenu inférieur à 30'000.- par an peut se discuter, elle ne saurait se faire sur le dos de la classe moyenne qui ne bénéficie déjà d’aucun subside et paie des primes d’assurance-maladie, un loyer et des impôts déjà suffisamment élevés! 

Faire subir une augmentation jusqu’à 36% aux revenus supérieurs à 160'000 francs est donc inacceptable, qualifierait-on ainsi un couple dont chacun gagnerait 6500 francs par mois de richissime ?

Actuellement, l’écart des tarifs pour la même prestation de garde en crèche se situe de 245 à 1636 francs par mois. Avec ce projet, le prix plancher baisserait tandis que le plafonnement grimperait à 2'200 francs !

De telles inégalités dans le tarif de pension des crèches érodent sérieusement la cohésion sociale, car la classe moyenne commence à en avoir marre d’être doublement pénalisée : en finançant largement, à travers leur forte imposition fiscale, les institutions de la petite enfance et en payant, pour leurs propres enfants, un prix de pension plus élevé de 1000% par rapport aux familles à petits revenus.

Aider les familles nécessiteuses est certes une priorité dans un état démocratique. Toutefois, le leitmotiv de la gauche qui prône la gratuité de tous les services (garde des enfants, soins dentaires, transports en commun, formation post obligatoire…) est d’une naïveté affligeante car cette politique de l’autruche se paie au final très cher en créant un endettement de l’Etat, qui fragilise toute l’économie d’un pays et le mène à sa ruine avec toutes les misères qui s’en suivent (fuite des entreprises et des capitaux, chômage, pauvreté, troubles sociaux…).  

Mme Alder doit revoir son projet et songer sérieusement aux économies qu’elle peut réaliser dans son département en diminuant les coûts de fonctionnement.

Il n’est, par exemple, pas acceptable de donner la priorité dans les crèches aux familles monoparentales au chômage pour une garde à 100% de leurs enfants au prétexte qu’elles doivent pouvoir faire des démarches de recherche d’emploi. Dans cette situation, une place en crèche à 50% serait amplement suffisante. Cela donnerait suffisamment de disponibilité à une personne en recherche d’emploi pour entreprendre ses démarches tout en lui permettant de s’occuper davantage de son enfant et peut-être de se sentir valorisée par les liens tissés avec son enfant. Evidemment une soupape de sécurité (en cas d’un entretien d’embauche ou d’un emploi décroché) devrait être apportée à cette prise en charge partielle dans une crèche avec les accueillantes familiales (“mamans” de jour) ou les services de garde d’urgence, qui existent à Genève (Chaperon rouge, Mary Poppins…).

Une autre piste en matière de crèches serait de développer davantage le partenariat public/privé. Il y a quelques années beaucoup d’entreprises organisaient des petites crèches pour leurs employés. La rigueur d’une réglementation toujours plus tatillonne a fini par les décourager à continuer à offrir ces structures. Il faut donc remettre l’ouvrage sur le métier et réétudier les encouragements qui pourraient être donnés aux entreprises (par exemple sous forme d’avantages fiscaux) pour les inciter à créer des crèches.

Genève doit également diversifier les modes de garde des petits. Les accueillantes familiales coûtent moins cher à la collectivité et sont aussi un mode de garde intéressant, qui offre des horaires plus souples. Des prestations mixtes en matière de garde d’enfant, bénéfiques et économiques, permettraient aussi à un enfant de connaître un accueil collectif à mi-temps dans une crèche et un autre mi-temps dans un accueil à domicile, plus calme, avec une accueillante familiale.

Enfin et surtout, avant de vouloir tondre la classe moyenne, Mme Alder doit cibler les priorités dans son département et, comme tout responsable politique, participer au frein à l’endettement.

A cet égard, créer (comme l’a fait Mme Alder l’an passé) une “allocation de rentrée scolaire” pour utiliser les 558'000 francs non dépensés en allocations sociales familiales (car prises en charge aujourd’hui par le canton) est « d’une insoutenable légèreté », d’autant plus qu’à Genève, les écoliers reçoivent tout leur matériel scolaire : des cahiers à la gomme et même la machine à calculer… Mais sur le sujet, je me suis déjà exprimée dans un précédent billet.

Pour conclure, le projet de Mme Alder d’une nouvelle tarification des crèches risque bien de porter atteinte à la mixité sociale et de mettre en péril le financement des crèches, car en faisant payer trop aux familles de la classe moyenne, et même aux familles aux très hauts revenus, le risque est de voir ces familles déserter les crèches  de la Ville pour privilégier soit un autre mode de garde soit des crèches privées, certes plus onéreuses, mais qui offrent d’autres atouts…

Et alors, qui payera la note ?

 

 

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