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La “tour” des Grottes ou le détournement démocratique de Pagani

Le 19 septembre 2012, la Tribune de Genève publiait dans la rubrique “Genève & région” : « Les Grottes font tomber la tour de Rémy Pagani ».

Bientôt quinze jours que je veux écrire un billet sur ce sujet ! Mais la vie envoie parfois ses embruns qui nous laissent juste la possibilité de pourvoir aux manœuvres de survie.

C’est donc avec un léger décalage dans l’actualité que je prends ma plume sur un sujet qui, lui, n’est toutefois pas dépassé !

Pour rappel : Rémy Pagani, en charge des constructions et de l’aménagement en Ville de Genève, veut construire un immeuble dans le quartier des Grottes. Seulement voilà, face aux oppositions des habitants, le maire a déjà diminué ses ambitions initiales d’ériger un immeuble de dix étages.

Pétri d’un esprit de conciliation, notre maire, Rémy Pagani, rabote donc sa “tour” pour ne proposer plus qu’un immeuble de 8 étages aux habitants du quartier, réunis en assemblée le 17 septembre. Mais, là encore, pour les habitants, c’est trop ! 

Et, ils le font savoir ! Lors du vote organisé par le maire, les habitants plébiscitent un immeuble de 5 niveaux (rez-de-chaussée + 4 étages) et obtiennent même la promesse de Monsieur Pagani qu’il défendra leur choix auprès des autorités de la Ville de Genève.

Cette histoire est non seulement emblématique d’une dérive vers laquelle glisse Genève, mais elle se révèle surtout, politiquement, dévastatrice dans la mesure où elle a pour effet de discréditer nos instances démocratiques.

Car, même si notre maire défend, au nom de la convivialité, de l’intégration et de la cohésion sociale, l’idée d’une « démocratie participative » en voulant associer les habitants au développement de leur quartier, il faut rappeler que les habitants d’un quartier, d’une rue, d’un immeuble n’ont pas autorité pour décider des choix politiques. Par la voie d’un référendum, tout citoyen peut néanmoins s’opposer aux décisions des élus.

A dire vrai, cette limitation du pouvoir associatif est heureuse ! S’il fallait obtenir l’aval des proches habitants pour construire des écoles, des immeubles, des logements… les architectes, les ingénieurs et les travailleurs du bâtiment se retrouveraient, c’est certain, au chômage.

Ce serait la paralysie générale et une récession économique sans précédent. Chacun approuverait bien sûr la nécessité et l’urgence de bâtir, mais pas devant chez lui, ni dans sa rue ni même dans son quartier.

Qu’un magistrat aille au-devant des habitants pour les écouter, pour entendre leurs revendications relève bien de ses fonctions et constitue un travail préliminaire, nécessaire à tout projet. Toutefois cette phase de consultation ne peut se confondre avec l’abdication d’un magistrat.

Comment un élu, qui plus est, maire de Genève, en charge des constructions et de l’aménagement en Ville de Genève, peut-il se soumettre aux desiderata d’une poignée d’habitants d’un quartier au détriment de la législation ?

On sait bien que les Grottes sont chères à Rémy Pagani, puisque c’est dans ce quartier qu’il a fourbi ses armes et gagné ses premières batailles. Néanmoins, Rémy Pagani ne peut, aujourd’hui, continuer à jouer le rôle d’un militant de quartier !

Maire de Genève, il a des responsabilités envers toute la population genevoise et le devoir de penser “grand”. A cet égard, parler de « tour » pour un immeuble de 10 voire 8 étages est un abus de langage. Même au cœur de la vieille ville de Genève (par exemple à la rue de la Taconnerie), on trouve des immeubles de 8 étages dont personne n’aurait l’idée saugrenue de les appeler des “tours” !

La démarche donc de M. Pagani, de faire voter les habitants d’un quartier en leur faisant croire qu’ils ont un pouvoir décisionnel, est indécente.

Ce populisme, qui attise les conflits, est d’ailleurs particulièrement funeste pour Genève qui a un besoin urgent de retrouver confiance en l’avenir en respectant ses lois, sa législation et en empoignant avec courage et détermination sa crise aiguë du logement.

 

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