Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

WikiLeaks et Ecole

Avec la publication de milliers de documents confidentiels du Département d'Etat américain sur le site WikiLeaks, l'idéologie de la transparence n'envahit plus seulement le monde bancaire, juridique, médiatique, mais fait également une intrusion dans le monde diplomatique. A cela, rien de vraiment surprenant, car cet impératif de transparence s'est propagé partout dans notre société. L'un des premiers secteurs touchés par cette idéologie fut même l'école.

 

 

L'école est un lieu formidable pour capter les changements d'une société. N'étant pas marquée par une pensée originale, l'école, où s'énoncent les vérités convenues, est donc une caisse de résonance, qui amplifie l'état d'esprit d'une époque.

Or, cette revendication de transparence traverse l'école depuis plus de 20 ans !

Présentée comme une entreprise qui doit rendre des comptes sur l'utilisation de ses ressources, sur ses performances, sur ses procédures, sur ses "réalités didactiques", l'école s'est emparée, d'un nouveau langage. Les barons de l'école ne parlent ainsi plus de leçons, ni d'élèves et encore moins de grammaire, mais de la nécessité de : « développer quelque chose de productif vis-à-vis de la dynamique de l'équipe pédagogique » ; « élaborer ensemble des projets » ; « arriver à mettre en place des procédures pour faire avancer une équipe » ; « être constructif » ; « lancer un processus puis faire un bilan »...

Pétrie de notions économiques, l'école a aussi produit une morale de transactions où le concept de transparence impose ses règles pour « créer du lien » ; « développer la citoyenneté pour que l'école soit efficace et performante », etc.

Mais, là où le bât blesse, c'est que tout ce vocabulaire reste totalement flou.

Néanmoins l'obsession de la performance et de la transparence imprègne bien le climat scolaire, et ceci, dès les classes enfantines. A cet égard, il sera bientôt difficile pour un(e) enseignant(e) de lire des histoires à ses élèves de première enfantine, tant la préoccupation d'accumuler des travaux dans un "portfolio" pour photographier les performances de l'élève est devenue envahissante.

Cette sacralisation du "rendre-compte" qui transforme l'élève en produit et l'enseignant en technicien est également un vecteur de pression et de contrôle sur les enseignants.

Une hiérarchie toute docile (bien payée pour qu'elle se taise) mène ainsi des évaluations (souvent sans y croire !) en suivant des procédures à l'aide d'indicateurs de performance, élaborés par des "experts", qui devraient permettre de mesurer la compétence des enseignants.

Bref, derrière cette idéologie de transparence, on sacrifie l'humain et on impose la loi du silence...

Qui peut en effet oser, dans ce système de "management", contester les chiffres et les résultats prétendument objectifs ? Rien de surprenant donc que dans les écoles, ce n'est plus la contestation qu'exprime le corps enseignant, mais un silence qui cache bien souvent de la souffrance et de la déprime.

Que la nouvelle année nous permette à tous de mieux défendre l'humain !

A mes lecteurs, je souhaite que 2011 leur apporte santé et bonheur.

 

 

 

 

 

 

Les commentaires sont fermés.