Le COVID-19 a chauffé les esprits
Le semi-confinement provoque des délires ! Les revendications pullulent, comme si le COVID-19 avait ouvert les vannes de la déraison. Parmi les idées les plus ubuesques, celles des antispécistes et des Verts genevois :
1. Les antispécistes demandent à la Confédération de remettre en question la consommation de viande, voire de renoncer progressivement à la pratique d’élevage pour « amorcer un virage dans la bonne direction ! » (« Elevage », Le Temps, 24.04.20). Cette “bonne direction” tuera notre paysannerie (déjà précarisée !) et nous privera de viande, sauf à l’importer du Brésil - 1er exportateur mondial de viande - où l’élevage intensif (cause première de la déforestation de l’Amazonie) domine la région à la réglementation sanitaire toute relative. Au contraire, en terme sanitaire, en Suisse, le bétail est bien traité. Des ordonnances strictes de la confédération y veillent. Nos éleveurs aiment leurs troupeaux et en sont fiers (les cas de maltraitance animale sont dénoncés !). L’élevage traditionnel suisse n’a rien à voir avec l’élevage intensif si décrié (à juste titre !). Par ailleurs, le bétail en Suisse, qui broute souvent dans les pâturages, entretient nos sols et produit un effet positif en terme d’émission de gaz à effet de serre ! Sans bétail, nos paysans disparaîtront et, avec eux, les savoirs ancestraux dont ils sont dépositaires. Les incohérences des antispécistes révèlent combien ils sont des naïfs utiles, complices des géants de l’industrie agroalimentaire, qui veulent contrôler l’alimentation de la planète, en approvisionnant les supermarchés de faux steaks à base de soja (culture également responsable des déforestations intensives en Amazonie et d’une pollution massive des sols), de levure génétiquement modifiée, de cellules prélevées sur un animal et mises en culture et autres ingrédients chimiques, qui nous mettent l’eau à la bouche !
2. « Les plans de mesures des Vert.e.s pour sortir de la crise du COVID-19 » sont un inventaire à la Prévert ! Il faut lire leur Communiquée de presse du 30 avril ! On y découvre « un plan qui prévoit trois thématiques fortes : résilience, urgence climatique et urgence sociale ». Au final, ce plan devrait amener la souveraineté alimentaire, des aides économiques accordées aux entreprises (pour celles qui s’engagent pour le climat !) et la mise en œuvre du revenu de base inconditionnel (RBI). Un beau programme, rempli de belles promesses ! Mais, comment Genève assurera-t-elle sa souveraineté alimentaire ? Avec un nouveau plan Wahlen ? En exigeant que les viticulteurs genevois arrachent leurs ceps de vigne pour planter des patates, et que le Service du SEVE plante, lui, des patates, du chou et du maïs dans les parcs genevois ? Comment aussi assurer le financement des subsides et aides que les Verts voudraient largement distribuer ? Et bien la solution du parti écolo, c’est d’introduire un Revenu de base inconditionnel (RBI). Pourtant, cette idée a été refusée par le peuple suisse à 76,9% lors de la votation populaire du 5 juin 2016 et par 65,3% des électeurs genevois ! Revenir avec ce RBI (dont on ne sait toujours pas comment le financer !), c’est faire fi de la volonté populaire ! Cela révèle beaucoup de l’esprit des Verts qui, pour sauver la planète, rêvent d’un Etat tout puissant, qui imposerait des règles en violant allégrement nos droits démocratiques ! Mais, avec ces plans de mesures, le miroir aux alouettes, tendu par les Verts, et qui a séduit une part importante de l’électorat, risque bien de se briser rapidement !
3. Quant à la gauche, ses demandes ne pas ubuesques, mais convenues ! Elles se résument à : plus d’impôts, plus de taxes, plus de subventions, des hausses salariales pour les bas revenus et la suppression des loyers (pendant quelques mois). Non seulement cette dernière demande viole le droit de la propriété privée, garanti par la Constitution, mais plus encore, elle appauvrirait l’Etat et ses caisses de prévoyances !
4. Enfin, les milieux de la droite ne sont pas en reste. Pour éponger la crise sanitaire, certains demandent une diminution des traitements des fonctionnaires. D’autres une réduction des rentes des retraités.
Bref, les esprits sont chauffés à bloc ! Ne faudrait-il pas retrouver un peu de bon sens et se rappeler que la crise actuelle n’est pas liée à une crise économique structurelle, mais sanitaire. Au sortir de cette crise, on peut certes réviser certaines de nos pratiques. La Suisse devra questionner sa forte dépendance vis-à-vis de l’Asie en matière de produits industriels, sanitaires, pharmaceutiques et son manque de personnel soignant, indigène. Freiner cette fuite vers plus de consommation, ce “shopping” compulsif, favorisé par un ultralibéralisme, sera un défi à relever.
Néanmoins, la première et indispensable démarche à faire, avant de lancer des réformes hasardeuses et des projets utopiques, est de sauver notre économie. Pour cela, notre système économique libéral, qui permet à la Suisse de figurer parmi les pays les plus prospères, est un succès. Quant au frein à l’endettement, adopté dès 2003 en Suisse, il aurait créé, fin 2019, 32 milliards qui représentent « le cumul des excédents théoriquement disponible de la Confédération » (« Les finances publiques retiennent leur souffle », Le Temps, 04.04.20). Ces excédents permettront à la Suisse de sortir de cette crise avec moins de dégâts que d’autres pays. Ce système économique, qui a fait ses preuves, doit être poursuivi ! Croire en tout cas qu’en produisant local, en consommant local, on obtiendra une souveraineté alimentaire est d’une naïveté confondante. La Suisse a une économie ouverte ; ce sont ses exportations qui l’enrichissent. Que cela n’empêche toutefois pas les consommateurs de soutenir la production locale avec ses produits d’une grande qualité ! Mais, qu’on le veuille ou non, nous sommes dans un monde globalisé, qui nous oblige à mener une réflexion globale !