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  • Extinction Rébellion ou le Nouvel Ordre moral

    Samedi passé, des militants d’Extinction Rébellion ont bloqué l’accès au parking de Rive en s’enchaînant devant l’entrée. Né en Angleterre en 2018, Extinction Rébellion revendique la désobéissance civile pour sauver l’humanité de l’extinction. Ce mouvement, devenu international, se définit comme social et écologiste. Il planifie des actions, soi-disant non violentes, pour faire agir les gouvernements sur l’urgence climatique.

    En Suisse, il a organisé plusieurs opérations : rues, entrées et locaux de banques envahis à Lausanne, Bâle et Zürich…ainsi que l’action samedi, à Genève. Les déclarations des activistes sont imparablement les mêmes. Ils affirment agir non par plaisir, mais par nécessité, arguant que le problème climatique, qui provoquera l’effondrement de notre civilisation, est urgent et concerne tout le monde, d’où leur droit d’occuper l’espace public pour perturber le plus possible la vie des gens, afin de les forcer à discuter avec eux. Ces activistes sont conscients qu’ils agissent en dehors du cadre légal. Mais, ils considèrent que si l’Etat est dans la loi, ce dernier est néanmoins illégitime, car il ne protège pas la nature, et que leur cause morale se situe au-dessus des lois.

    En déplaçant un délit pénal du terrain légal sur celui de la morale, ces activistes, n’ouvrent-t-ils pas grand les portes à une violence sans retenue ? Chacun pourrait s’autoriser à commettre des délits (et pourquoi pas des meurtres et des massacres) pour une “noble” et “juste” cause morale, voire religieuse ! Les militants antispécistes, par exemple, commettent des actions violentes pour défendre la cause animale. Les plus fanatiques ont même agressé des aveugles, leur reprochant d’exploiter leurs chiens ! Quant aux chiens renifleurs de la police, ils sont aussi dans la ligne de mire de ces commandos qui veulent les libérer.

    Mais, alors que les antispécistes revendiquent leurs actions violentes, Extinction Rébellion prétend être dans la non violence. Pourtant, bloquer des usagers de l’espace public, n’est-ce pas une action violente ? Comment les marchands de légumes, les boulangers, les fleuristes… du Marché de Rive, qui produisent pour la plupart des produits bio du terroir genevois, et qui ont vu leur chiffre d’affaire plongé samedi passé, faute de clients qui n’avaient pas accès au marché, ont-ils vécu l’action des militants d’Extinction Rébellion ? Pourquoi, d’ailleurs, s’en prennent-ils aux producteurs locaux ? Ces derniers, n’ont-ils pas déjà des situations difficiles face à la concurrence des supermarchés ? Ne sont-ils pas aussi les meilleurs acteurs pour diminuer les gaz à effet de serre, puisque produire et consommer local seraient sains pour l’environnement ?

    L’action de samedi révèle combien ces activistes sont immatures et tellement enfermés dans des schémas dogmatiques, qu’ils sont incapables de questionner l’efficacité de leurs stratégies. Créer des bouchons dans les centres ville, diminue-t-il le CO2 ? D’ailleurs, ces actions débiles risquent fort d’entraîner un jour une tragédie. Un otage, bloqué et stressé dans son véhicule, qui pète les plombs, car il doit prendre un avion pour aller voir un parent mourant, emmener quelqu’un aux urgences, aller à un entretien d’embauche ou chercher un enfant, etc., pourrait foncer avec son véhicule sur ces activistes et les blesser grièvement. A cet égard, on peut espérer que le juge se montrera aussi complaisant que le juge qui a innocenté les militants du climat qui avaient envahi une banque à Lausanne, en estimant que leur action de désobéissance civile se justifiait au vu de l’urgence climatique. Certes, ces jeunes, qui jouaient du tennis dans le hall d’une banque, ne méritaient pas une lourde peine, car leur action à l’allure d’une farce de collégiens était tellement bon enfant que la peine pouvait n’être que symbolique. En revanche, les avoir disculpés fut un déni de notre Etat de droit ! Ce jugement sert d’ailleurs d’alibi pour les membres et sympathisants d’Extinction Rébellion, qui s’en réfèrent pour justifier leurs actions (Cf. ce qu’écrit Sylvain Thévoz, grand Ayatollah socialiste, sur FB au sujet de l’action au Marché de Rive).

    Maintenant, ces mouvements questionnent tout de même le concept de désobéissance civile. La désobéissance civile, est-elle parfois autorisée ? Certainement ! Mais, il est inapproprié de comparer (comme le font ces activistes) leurs désobéissances civiles aux refus de se plier à des lois iniques de régimes totalitaires. Ceux qui ont obéi aux lois nazies, qui planifiaient des crimes contre l’humanité, ont été condamnés à Nuremberg ! Désobéir aux lois d’un Etat autocratique est donc bien un devoir éthique ou moral. A cet égard, rappelons que ceux qui offraient l’hospitalité aux juifs, menacés de déportations et de mort, étaient exécutés avec leur famille s’ils étaient pris. Il faut donc savoir raison garder et ne pas s’autoriser des comparaisons hors contexte, qui sont même des insultes pour ces Justes qui ont commis des actes d’une humanité et d’un courage exceptionnels, qui n’ont pas à être comparés aux agissements d’Extinction Rébellion.

    Les activistes d’Extinction Rébellion sont plutôt les « enfants roi » de soixante-huitards qui les ont immergés dans le principe de plaisir, oubliant que celui qui n’a pas été confronté au principe de réalité devient capricieux, omnipotent et sans confiance. En effet, ce qui frappe dans les discours de ces jeunes activistes du climat, c’est leur vision apocalyptique (même si cette dernière s’appuie sur des données scientifiques). Cette philosophie de la catastrophe ne sera d’aucun secours. Elle est même contre-productive, puisque, lorsqu’on est paralysé par la peur, toujours mauvaise conseillère, on n’a plus la moindre imagination. D’ailleurs, si l’effondrement de notre planète est une fatalité, pourquoi se priver de plaisirs jouissifs et pourquoi ne pas consommer encore davantage pour trouver du réconfort ? On sait assez que l’addiction à la surconsommation est liée à l’angoisse.

    En revanche, cette crise de confiance chez les jeunes doit nous remettre en question. N’est-elle pas de notre responsabilité ? Certains parents, traitant leurs enfants comme leurs copains sans leur imposer de limite, n’ont pas permis à ces jeunes de se construire, d’accepter des règles, des limites et de développer une confiance en eux et en l’avenir.

    Donner une meilleure image de notre démocratie, rappeler aux futures générations que, en Suisse, un seul citoyen peut lancer un référendum, est une priorité. Enfin, pour lutter contre le réchauffement climatique, il faut que ce climat de haine, de rancœur, ces replis communautaristes, ces manifestations ineptes, ces accusations stériles cessent. Trouver ensemble de nouvelles manières de vivre, de consommer en misant sur nos imaginations, sur des solidarités et sur des innovations technologiques réduira plus sûrement nos émissions de gaz à effet de serre que des prises d’otage de la population !

    Reste que les urgences autour du climat sont des défis énormes qui ne pourront être relevés sans une confiance en l’avenir… (Affaire à suivre !)