Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Des femmes extraordinaires !

Alors que les médias abondent d’informations alarmantes pour l’avenir du monde, je voudrais saluer la démarche du journal Le Temps qui a publié cette semaine (du lundi 24 au vendredi 28 mars 2014) une série de portraits de femmes afghanes.

Ces portraits, du journaliste Etienne Dubuis, révèlent combien de courage et d’abnégation font preuve ces femmes qui n’hésitent pas à exercer des professions à risque ou à s’engager politiquement dans leur pays, où le taux d’analphabétisme est de 90% dans les zones rurales (rapport 2009 de l’ONU) avec 43 % des femmes mariées avant 18 ans (parfois durant la petite enfance) et où l’espérance de vie est de moins de 44 ans.

Dans cette région du monde où la parole des femmes n’est pas un droit, des fanatiques, au nom de diktats divins, n’hésitent pas à assassiner ces femmes (et hommes !) qui se battent pour libérer leur pays de carcans moyenâgeux.

Parmi, ces 5 portraits, je citerai les deux derniers (encore en ma possession).

Le première Habiba Sarobi, qui a déjà exercé les fonctions de ministre et de gouverneur de la province de Bamyan, est aujourd’hui candidate à la vice-présidence de l’Afghanistan ! Lors de l’arrivée des Talibans dans son pays, elle a dû s’enfuir au Pakistan, sans renoncer pourtant à retourner clandestinement régulièrement dans son pays « pour y mettre des réseaux d’écoles clandestines » (in Le Temps, 28 mars 2014, p. 36), car la scolarisation des filles avait été interdite.

La deuxième se nomme Hasina Safi. Elle dirige le Réseau des femmes afghanes, qui lutte pour l’émancipation féminine dans son pays. Elle sait que chaque jour, elle risque d’être la cible d’un fanatique. Et, comme elle ne bénéficie d’aucune protection, elle confie au journaliste : « Quand je sors d’ici pour rentrer chez moi, je ne suis jamais sûre de rejoindre mon domicile vivante » (in Le Temps, 27 mars 2014, p. 24). Ces menaces pourtant ne semblent pas désarmer cette femme courageuse, convaincue que le travail de son organisation couplé à l’éducation et à l’évolution sociale de son pays, créera un nouvel Afghanistan.

Ce qui caractérise ces deux femmes, c’est qu’elles mènent toutes deux leur combat en y associant les hommes. Hasina Safi n’hésite d’ailleurs pas à afficher dans son bureau sur un tableau, son principe inaliénable écrit en grosses lettres : « Les hommes de qualité n’ont pas peur de l’égalité ».

Ces portraits m’ont remis en mémoire l’extraordinaire documentaire (coproduit pas Manon Loizeau et Sibylle d’Orgeval) « Yémen, le cri des femmes », diffusé sur France 5 en novembre dernier. Dans ce film, on apprenait que, en 2011, sur la “place du Changement” et dans “la rue de la liberté” qui s’étendit sur plus de 4 kilomètres, des milliers de personnes (de nombreuses femmes, mais également des familles entières avec enfants, hommes, personnes âgées, étudiants, professeurs, artisans…) se sont installées dans des tentes et ont campé plus d’un an pour demander un changement de gouvernement.

L’égérie de ce mouvement pacifique est peut-être bien Tawakkul Karman, jeune et belle femme d’une trentaine d’années, fondatrice de l’association des femmes, journaliste, qui a reçu le prix Nobel de la paix en 2011 (l’un des plus jeunes prix Nobel de l’histoire !), et que le peuple yéménite, qui rêve de la voir un jour diriger le pays, surnomme « La nouvelle reine de Saba ».

Ces mouvements pacifiques ont destitué le président et accéléré l’organisation d’un dialogue national ou d’une sorte de “parlement” provisoire pour rédiger une nouvelle Constitution (où serait inscrit l’égalité entre hommes et femmes), organisé dans un Palace à 6 kilomètres de Sanaa, avec des barrages militaires pour éviter tout attentat, auquel participaient de nombreuses femmes.

Ce film « Yémen, le cri des femmes », montrait une scène ahurissante ! On voyait un chef local enturbanné, “seigneur” de guerre et islamiste radical, qui participait à ce débat, et qui s’est mis à vitupérer contre ces changements de société. Il clamait que les femmes n’ont pas à travailler à l’extérieur, et que leur seul droit était de rester à la maison pour servir leur mari.

 Tout chef local qu’il était, cet homme s’est fait tellement huer (par les hommes et femmes de l’assemblée), qu’il a été invité à quitter les lieux. Et, c’est la tête basse, sous les sifflets de l’assemblée qu’il s’en est allé…

Bref, ces témoignages nous rappellent que si « La femme est l’avenir de l’homme », l’homme est aussi l’avenir de la femme.

Car, comme le dit si bien Hasina Safi à qui je donnerai le dernier mot de ce billet :

« Hommes et femmes sont les roues du même véhicule ».

Les commentaires sont fermés.