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« Kiss & Fly »

Tout le monde sait que notre canton connaît des travaux qui perturbent la “mobilité” des Genevois…

Un chantier que je viens de découvrir se trouve à l’aéroport de Cointrin. Il entraîne la fermeture du parking de la zone « Départ ». Ainsi, celui qui conduit quelqu’un à l’aéroport doit emprunter une déviation nommée « Kiss & Fly », qui autorise un bref arrêt, le temps de déposer ses passagers.

Je n’ai pu m’empêcher d’ironiser sur l’appellation du lieu et de questionner l’agent en faction à cet endroit sur la signification du mot “kiss”. Imperturbablement, celui-ci me répondit que cela voulait dire : « bisou » pour signaler que l’on ne pouvait pas stationner là, mais juste déposer ses passagers, leur faire un bisou et les laisser partir.

On ne sait pas encore si des petits rigolos vont essayer de détourner ce “code de conduite” à l’aéroport et tenter de porter atteinte à la fluidité de la circulation en établissant le record du plus long baiser langoureux genevois !

Mais l’amour se moque d’être verbalisé !

Trêve de plaisanterie, j’ai trouvé tout de même un peu fort de café que Genève s’émancipe de la langue française et emprunte uniquement une formule anglaise.

Que l’anglais soit une langue utile, surtout dans la Genève internationale, je n’en doute pas. A cet égard, je ne suis pas heurtée que certains cours puissent être donnés à l’Université de Genève en anglais. Mais, accepter que des messages sur la voie publique ne soient donnés qu’en anglais, c’est une autre affaire. Jusqu’où va aller la répudiation de notre culture ?

Car, écrire « Kiss & Fly », c’est donner tout un message, comme dirait Roland Barthes, à travers le trou de serrure du langage !

C’est l’univers de Disneyland qui s’invite aux portes de notre ville, un univers puéril où chaque message est ponctué de cœurs et bisous…mais des bisous, faut-il le rappeler, dépouillés de tout érotisme ou bien “lyophilisés”.      

Car, dans certains pays, on ne badine pas avec les bisous. On se souvient d’un garçonnet emprisonné aux Etats-Unis pour avoir embrassé sur la bouche une fillette de sa crèche. Quant à l’Angleterre, de plus en plus de crèches interdiraient aux gardiennes de faire un bisou aux enfants ou de leur faire un câlin en vue de les protéger contre les accusations de pédophilie (Cf. « Les bisous et câlins interdits dans les crèches d'Angleterre »)

Pour conclure, refuser l’utilisation exclusive des mots « Kiss & Fly » sur la voie publique à Genève n’est pas seulement une question de défense de notre langue, mais concerne plutôt notre liberté !

La liberté de refuser cette infantilisation des citoyens, qui envahit toutes les sphères. Au nom d’une idéologie de la proximité (qui va de pair avec celle de la transparence !), certains publicistes et annonceurs éradiquent même en français la forme du vouvoiement. Ils nous adressent ainsi des messages où le “tu” et le “toi”, servent à endormir notre esprit critique.

Dans un univers de business, ces familiarités peuvent aider à vendre, mais à quel prix…

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