Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Mauvais comptes à l'école genevoise

Le chef du DIP poursuit son obsession de vouloir augmenter la dotation horaire de l'élève à l'école primaire publique genevoise.

Le sondage, mené l'an passé auprès des enseignants et des parents, et qui a révélé une forte opposition à ce projet, ne semble pas avoir ébranlé M. Beer qui persiste dans sa politique à coups de faux arguments. Ses arguments repris même dans la presse, sans vérification, finissent par passer pour des faits avérés. Il est temps de les reprendre les uns après les autres.

 

 

Première fausse affirmation :

M. Beer prétend que l'élève primaire genevois a une dotation horaire inférieure aux autres élèves de Suisse. La comparaison est souvent faite avec le Valais qui obtiendrait de meilleurs résultats à PISA grâce à son horaire scolaire, dit-on, plus chargé.

Pour en avoir le cœur net, j'ai mené une investigation sur l'horaire scolaire des écoliers valaisans au primaire. Petite enquête fort instructive ! Car, en étudiant cet horaire dans le détail, en prenant en compte tous les paramètres (la durée plus courte des matinées, les divers horaires entre les degrés, le nombre de congés sur l'année scolaire) et en déduisant, bien évidemment, les deux heures scolaires hebdomadaires d'enseignement religieux (donné pour 50% par un prêtre) que Genève, avec sa Constitution, ne peut en aucun cas introduire à l'école, je réalise que l'écolier genevois a, en fait, davantage d'heures scolaires sur l'ensemble de sa scolarité primaire que l'élève valaisan.
Et oui !!!

Deuxième "fausse affirmation" ou plutôt omission :
Lorsqu'on aborde l'horaire scolaire de l'écolier genevois, on omet systématiquement de rappeler que le passage à quatre jours d'école (en 1997), au primaire, n'a, en fait, pas impliqué de diminution dans la dotation horaire de l'écolier genevois. En effet, les heures "perdues" du samedi matin ont été rattrapées sur les quatre autres jours de la semaine, en raccourcissant la pause de midi de 50 minutes.

Troisième fausse affirmation :
Affirmer que partout en Europe, à l'exception de la France, les élèves du primaire se rendent à l'école 4,5 jours par semaine est une exagération. Toujours en prenant l'exemple valaisan, je constate que les écoliers de ce canton ne vont pas à l'école le mercredi matin avant la troisième primaire.

Quatrième fausse affirmation :
M. Beer, de façon impérative, veut augmenter l'horaire des écoliers genevois en invoquant leurs mauvais résultats au test comparatif de PISA. De cette manière, il induit une relation de causalité entre le nombre d'heures scolaires et les résultats obtenus à PISA. Pourtant, aucune des analyses menées par les psychologues, les sociologues et les chercheurs en sciences de l'éducation ne permet d'arriver à une telle conclusion. Les analyses menées jusqu'à présent sembleraient même pencher pour une causalité contraire à celle qui est avancée par M. Beer, à savoir que le nombre d'heures passées à l'école aurait un faible impact sur les résultats au test PISA et indiquerait plutôt que les dotations horaires les plus chargées à l'école primaire donneraient de moins bons résultats. A cet égard, les écoliers finlandais, si souvent cités, et qui obtiennent la palme au test PISA, sont les élèves qui ont l'horaire scolaire le plus restreint des pays participants à ce test comparatif. J'ai même entendu un ancien directeur du Service de la Recherche en éducation à Genève dire que les élèves finnois ont 30% en moins d'école par rapport à l'écolier genevois !

Cinquième fausse affirmation :
M. Beer prétend que cette augmentation de l'horaire scolaire au primaire est imposée par HarmoS : « Nous devons faire face à l'augmentation de la dotation horaire prévue par l'harmonisation scolaire » (in Tribune de Genève du vendredi 25 mars 2011). Ce propos est erroné, puisque HarmoS s'occupe surtout d'harmoniser les matières et disciplines scolaires entre cantons, ainsi que de l'âge d'entrée à l'école. Une marge de liberté, dans la mise en application des programmes, est d'ailleurs laissée à chaque canton. A ce sujet, il est intéressant de relever que, alors que le chef du département de l'instruction publique de Genève veut augmenter l'horaire de l'élève au primaire de 4 périodes de 45 minutes, le chef du département de l'instruction publique du Valais va, lui, diminuer l'horaire des écoliers primaires du Valais de deux périodes, également de 45 minutes chacune, par semaine. Cette diminution, qui n'est pas du tout liée à HarmoS, s'inscrit dans une politique de revalorisation du statut de l'enseignant.

Pour conclure :
Avec cette rhétorique de l'urgence et de la nécessité que déploie M. Beer, l'augmentation de l'horaire de l'écolier genevois au primaire devient un dogme incontestable, d'où l'utilisation constante de la forme impérative : « on doit augmenter l'horaire de l'élève... », qui laisse penser que cette réforme scolaire lui est imposée !

Cette présentation tendancieuse, qui trompe le citoyen, est totalement inadmissible, d'autant plus que cette augmentation de l'horaire scolaire (qui n'affecterait que l'élève et pas les enseignants) entraînerait des effets pervers si nombreux et importants qu'il est indispensable qu'un dialogue fondé sur des éléments exacts puisse s'instaurer. C'est la base même de la démocratie.

Quant aux effets mentionnés ci-dessus, je les développerai dans un prochain papier.

Affaire à suivre donc...

 

 

 

 

 

Les commentaires sont fermés.