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Du cachot aux honneurs

La vie est un roman ! Ce n'est pas Régis Debray, élu hier à l'Académie Goncourt, qui démentira cette assertion. Sa vie est assurément une suite rocambolesque de rebondissements.

 

 

 

Du jeune homme qui combat dans les mouvements de la guérilla bolivienne (arrêté en 1967, condamné à trente ans d'emprisonnement, Debray purgera finalement quatre ans de prison) à sa réinstallation en France où il sera chargé de missions politiques (sous Mitterrand) et enfin à ses œuvres littéraires, philosophiques, culturelles, quel parcours !

Il faut dire que Régis Debray possède cet art suprême de n'être jamais où on l'attend.

Son écriture ciselée, où chaque mot résonne pour exalter la pensée, secouer l'implicite, est admirable.

Dans son dernier "Manifeste", Régis Debray fait, en étant politiquement incorrect, l'Éloge des frontières.

A contre courant des idées reçues, qui voudraient bannir les frontières pour rendre « la planète lisse, débarrassée de l'autre, sans affrontement », Régis Debray écrit : « chaque culture a son style de clôture, deux mots qui riment parce qu'ils sont synonymes ».

Debray nous rappelle que la valeur de la frontière réside précisément dans son rôle de réguler l'échange entre le dedans et le dehors. En filant la métaphore de la peau, utilisée par Debray, on comprend que la frontière n'est pas mortifère, mais qu'elle permet au contraire de respirer et d'exister.

S'inspirer de la réflexion de Debray pour penser l'école d'aujourd'hui serait urgent. Car, l'école, faisant toujours corps avec les idées de son temps, a, elle aussi, voulu supprimer toute idée de clôture. Voulant être ouverte sur la vie, l'école s'est ainsi laissée séduire par les courants qui traversent notre société. De nouvelles théories sont fondées par les linguistes ou par les mathématiciens, et aussitôt les programmes scolaires de français et de mathématiques sont chamboulés. Des sociologues émettent une doctrine sur le citoyen ou la démocratie, et voilà l'école secouée par un vent réformateur. Des revendications identitaires se font entendre au sein de la société, et l'école est prête à sacrifier ses règles de fonctionnement.

Les réformes incessantes de ces dernières années, qui secouent l'institution scolaire, ont gravement péjoré l'école. A l'inverse, il ne s'agit pas de scléroser l'institution scolaire et de refuser toute évolution. Mais, est-il nécessaire et judicieux, surtout à l'école primaire, par exemple, où l'élève vient apprendre des savoirs de base, de réformer inlassablement les programmes et les règles de l'institution ?

L'école, plus que toutes les autres institutions, a besoin d'invariants et de repères sur lesquels la population peut s'appuyer.  Au lieu d'introduire des réformes d'une manière excessive, avec précipitation et sans penser aux effets qu'elles vont générer, les décideurs de la politique scolaire devraient lire Régis Debray et les philosophes du siècle passé, dont Alain qui prônait une école à l'abri des turbulences du monde, où l'élève aurait toute la quiétude pour apprendre et étudier...

 

 

 

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