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REP - ZEP… les nouvelles politiques scolaires

L'article, "Au chevet de l'école" de la Tribune de Genève du mercredi 27 octobre 2010, m'invite à ouvrir une petite parenthèse sur les REP (réseaux d'enseignement prioritaire) inaugurés, il y a quatre ans, par Charles Beer, conseiller d'Etat en charge du DIP.

Introduire une discrimination positive (doter certaines écoles de moyens supplémentaires et d'un taux plus élevé d'encadrement des élèves) est une politique défendable. Les populations qui fréquentent l'école n'étant pas identiques, l'encadrement des élèves peut être modulé pour mieux répondre aux besoins des établissements scolaires. N'est-ce pas, après tout, le rôle du chef du département de l'instruction publique d'utiliser ses forces vives d'une manière optimale ?

Toutefois, pour que cette discrimination positive puisse donner des résultats (améliorer les performances des élèves) sans générer d'effets négatifs (stigmatiser des écoles et créer entre les écoles du canton des disparités trop importantes), cette politique doit être distillée avec prudence.

Or, à Genève, une fois de plus, cette réforme scolaire des REP (réseaux d'éducation prioritaire), qui n'est qu'une copie des ZEP (zones d'éducation prioritaire) créées en France en 1981, s'est faite dans la précipitation et sans subtilité.

Le critère, par exemple, de « catégorie socioprofessionnelle défavorisée » ou de « milieu socioculturel défavorisé », qui sert à placer une école sous ce régime de REP est maladroit, inutilement blessant et mou. A la place de ce jargon de sociologue de café de commerce, il aurait été plus sage pour déterminer le taux d'encadrement des élèves, de tenir compte de deux critères : le pourcentage d'élèves non francophones (ou allophones) et les résultats aux épreuves cantonales.

Par ailleurs, introduire un taux d'encadrement des élèves à géométrie variable ne nécessite nullement de clamer haut et fort, au nom d'une politique transparente, qu'il y a désormais deux catégories d'écoles : les REP et les autres. Si toute réforme scolaire est difficile à mener et à contrôler, évoquer ce concept de transparence, pour justifier une politique, est un peu court ! Aussi, en suivant cette politique tambour battant, le chef du DIP a oublié que mener des réformes scolaires ne revient pas à mener une campagne électorale. Ce n'est pas l'agitation que l'on fait autour d'une réforme qui lui donne une chance de réussite, mais bien plutôt la rigueur et le doigté avec lesquels elle est menée ainsi que la force de conviction qu'elle entraîne auprès du plus grand nombre.

Or, cette réforme imposée bruyamment a eu pour effet, à Genève, de fragiliser l'institution scolaire et surtout de stigmatiser les écoles en REP. A cet égard, une anecdote, qui s'est déroulée dans une école primaire genevoise, est éloquente. Une maîtresse, annonçant à ses élèves de 5ème ou 6ème primaire l'arrivée d'un nouvel élève venant d'une autre école, est interpelée par un élève qui lui demande de quelle école. Lorsque l'enseignante mentionne l'école des Tattes (la première école REP et la plus connue à Genève), des élèves se sont mis à ricaner en s'exclamant : « Ouah ! Une école de débiles pour débiles !!! ». C'est dire qu'un élève venant d'une telle école peut être affublé d'une étiquette lourde à porter !

Par ailleurs, la charge symbolique de cette appellation REP, qui renvoie aux ZEP de France, et donc, dans l'imaginaire de la population genevoise, aux violences et désordres des banlieues françaises, a inquiété bien des parents qui ont préféré opter pour les écoles privées. Genève avait trouvé un équilibre harmonieux et une saine émulation entre ses écoles publiques et privées. Cet équilibre, par le succès phénoménal des écoles privées (facteur déstabilisant pour elles-mêmes !) est aujourd'hui menacé.

Ce n'est pas avec des réformes incessantes et tonitruantes que l'on va accroître la confiance en l'école publique genevoise ! On peine aussi à comprendre pourquoi Genève a besoin d'imiter les politiques scolaires des pays voisins, et tout particulièrement celle de la France, d'autant plus lorsque ces politiques ont été des échecs. En effet, les études menées en France sur ces ZEP n'ont montré aucun effet significatif sur la réussite des élèves, mais révélé une dévalorisation de ces écoles. On a beau jeu à Genève d'appliquer les mêmes remèdes (introduire les REP et des éducateurs dans ces écoles) en croyant que les effets ne seront pas les mêmes, sous prétexte que, à Genève, les directeurs et directrices des écoles permettent de former des équipes d'enseignants soudées ! Quand on connaît les effets globalement nocifs qu'a généré la nomination récente des 93 directeurs des écoles primaires à Genève, on croit rêver ! Au réveil, on remarque surtout que le chef du DIP justifie une réforme avec d'autres réformes tout aussi problématiques. Intéressant !!! C'est vraiment le serpent qui se mord la queue !



 

 

 

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